Viols au stade le 28 septembre : les réponses de Toumba Diakité aux questions du procureur

Commandant Aboubacar Sidiki Diakité, dit Toumba

Comme annoncé précédemment, le Commandant Aboubacar Sidiki Diakité, alias Toumba, continue à faire sa déposition devant le tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à la Cour d’appel de Conakry. Droit dans ses bottes, l’ancien l’aide de camp du président Dadis Camara a plaidé non coupable des faits mis à sa charge. Face à une cascade de questions posées par le procureur Algassimou Diallo, l’accusé Toumba Diakité a rejeté en bloc tous les griefs articulés contre lui.

Voici le décryptage que l’équipe de Guineematin.com a fait entre l’intervention du procureur et les réponses données par l’accusé.

Procureur Algassimou Diallo :  Vous avez dit, quand vous avez pris les leaders politiques pour les faire sortir du stade, vous n’avez pas vu les femmes qu’on violait ou qu’on tentait de violer ?

Commandant Toumba Diakité : Moi, j’ai vu une femme qu’on trainait. Elle était à moitié nue. Mais, on n’était pas en train de la violer.

Procureur Algassimou Diallo : Est-ce que vous n’avez pas vu ces scènes de viols ?

Commandant Toumba Diakité : Je n’ai pas vu.

Procureur Algassimou Diallo : Sauf à la page 66 du PV d’interrogatoire, il est indiqué ceci : Le commandant de la garde présidentielle au moment des faits, le lieutenant Aboubacar Toumba Diakité, et le ministre d’état chargé de la lutte contre le trafic de drogue et le grand banditisme, le colonel Moussa Tiegboro Camara, ont été vus sur les scènes de viols par de nombreux témoins interrogés par Human Righ Watch. Cependant, d’après les témoins et les victimes, ni l’un ni l’autre, ni aucun élément de la garde présidentielle n’a pris la mesure concrète pour mettre un terme aux violences sexuelles… C’est vous qui avez dit que vous aviez vu une femme qu’on traînait, qui était à moitié nue.  Mais, vous avez été formelle, que vous n’avez vu aucune scène de viols. Il y a pourtant des témoins qui disent vous avoir vu, et vous et monsieur Tiegboro pendant qu’on était en train de se livrer à ces scènes de violences.  Ni vous, ni Tiegboro et aucune garde présidentielle n’avait empêché ces scènes de viols.

Commandant Toumba Diakité : Ce que je suis en train de vous dire comme ça,  c’est vous qui êtes l’empereur de la poursuite pour mettre main sur les coupables. On vous a expliqué la situation. Vous avez su ceux qui ont reçu l’ordre de sortir et celui par coïncidence qui s’est comporté comme sauveur. Ceux qui ont reçu l’ordre d’aller au stade, c’est eux qui sont responsables et celui qui a donné l’ordre. Je n’ai aucune connaissance de cause d’abord sur ce qui s’est passé ce jour. Ça c’est la vérité.  Sincèrement. Parce qu’on ne peut pas me faire parler, me faire des exercices comme si ma présence, il y a une connaissance de cause. C’est ce que je veux que le ministère public comprenne. Maintenant, ceux qui ont témoigné, je suis en train de leur faire comprendre la vérité.  Parce que dans tous les cas, nous allons tous mourir. Mais il ne faut pas qu’il accuse quelqu’un de ce qu’il n’a pas fait.

Procureur Algassimou Diallo : Après le 28 septembre, le 29 et les jours suivants, avez-vous entendu parler, qu’il y avait des manifestants qui étaient retenus dans le camps contre leur volonté auxquels vous faisiez subir toutes sortes de sévices ?

Commandant Toumba Diakité : Vous n’avez pas entendu des cris de détresse d’une femme qu’on mal traitait. Celui qui pouvaient arrêter les gens, grands Ko (Pivi, ndlr) faisait partie.  Moi, je ne suis même pas associé à ça.

Procureur Algassimou Diallo : La période dont vous parlez où monsieur Pivi faisait rentrer des gens, il les détenait, est-ce que c’était après le 28 septembre. Ou bien c’est le 28 septembre ?

Commandant Toumba Diakité : Pivi avait une patrouille mixte. Différentes unités composées pour faire la patrouille. Donc, c’est lui qui sortait.  Souvent lui, il arrêtait les hommes et les envoyait là-bas. Tiegboro aussi arrêtait les gens. Mais moi, non ! Il n’y a pas où garder quelqu’un chez moi.

Procureur Algassimou Diallo : Après le 28 septembre, vous avez entendu parler de camions militaires qui étaient remplis de corps stationnés au camp Samory.  Vous en avez entendu parlé ?

Commandant Toumba Diakité : c’est dans la déclaration de général Toto que j’ai vu ça. Moi j’étais recherché. Le film était monté. Voilà Toumba, tu veux, tu ne veux pas, tu es sacrifié. C’était ça.

Procureur Algassimou Diallo : On avait également parlé de charnier. Des fausses communes.  Des personnes qu’on serait allé enterrer dans les confins de Gbessia. Vous n’avez pas entendu parler de ça aussi ?

Commandant Toumba Diakité : Honnêtement non.

Procureur Algassimou Diallo : Après le 28 septembre, vous êtes restés combien de temps au camp avant que vous ne quittiez le pays ?

Commandant Toumba Diakité : J’étais au camp. Je suis resté jusqu’au 3 décembre…

Procureur Algassimou Diallo :  Après 13 ans, 2009-2013, vous êtes formels que tous les faits contenus dans l’ordonnance qui vous a renvoyé devant la juridiction de jugement, ces faits là, vous ne les avez pas commis.

Commandant Toumba Diakité : Je ne les ai pas commis.  C’est pour cela je remercie le Ciel de m’avoir gardé jusqu’à date pour donner ma version des faits face au tribunal, face aux victimes, face au peuple de Guinée. Tout ce qui a été dit, ça a été monté contre moi. Je ne l’ai pas fait. Ce n’est pas moi. Je veux qu’ils croient en ça. Tous ceux qui m’ont accusé, je leur ai pardonné.

Depuis la Cour d’appel Saïdou Hady Diallo, Abdallah Baldé, Mohamed Doré, Amadou Lama pour Guineematin.com

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