Aboubacar Sakho, journaliste : « Diallo Souleymane a fait la prison à plusieurs reprises pour ses opinions »

Journaliste d’investigation et fondateur du Groupe de presse Lynx-Lance, le doyen Souleymane Diallo est l’un des précurseurs de la lutte pour la liberté de la presse en Guinée. Il a créé son Journal Le Lynx au début des années 90 ; et, avec ce Journal satirique, il a demeuré un important contre-pouvoir en Guinée. Ses nombreuses révélations sur les cas de malversations financières et des contrats gré à gré lui ont souvent valu des ennuis. Sa constance et sa détermination à trouver et à dire la vérité l’ont plusieurs fois conduit en prison, sans jamais ébranler sa détermination et sa conviction.

Et, c’est pour toutes ces qualités professionnelles que les professionnels de médias en Guinée, sur initiative de Sanou Kerfala Cissé, ont décidé de célébrer Souleymane Diallo après-demain, samedi 29 octobre 2022, à Conakry. Une célébration à titre anthume pour lui exprimer leur reconnaissance pour le service hautement louable qu’il a rendu au pays depuis au moins trois décennies.

Pour le journaliste Aboubacar Sakho, le doyen Souleymane Diallo a toujours fait don de soi pour que rayonne la liberté de la presse et d’opinion en Guinée.

Aboubacar Sakho

« Vous savez que j’ai été directeur de publication du Journal L’Observateur. Donc, je connais Diallo Souleymane depuis le début quand il venait de créer Le Lynx. Vous savez que c’est quelqu’un qui a évolué du côté de la Côte d’Ivoire dans la presse ; et, quand il est arrivé en Guinée, il a aussi travaillé longtemps au quotidien national Horoya. Et, ceux qui le connaissent bien l’appellent d’ailleurs Diallo Souleymane Horoya… Donc, c’est de là-bas que Diallo Souleymane a eu l’idée de créer le Journal satirique Le Lynx. Et, à l’époque, la presse n’était pas libre en Guinée. Donc, il allait imprimer son Journal en Côte d’Ivoire et il le ramenait en Guinée chaque semaine pour le vendre. Je me souviens même, une fois, l’avion a envoyé un de ses numéros jusqu’au Congo Brazzaville, le Journal avait même perdu la date de parution, c’est après que le service de la compagnie l’a ramené ici. Donc, j’ai connu l’homme ; et, avec d’autres confrères, il s’est battu pour obtenir la libéralisation totale de la presse guinéenne. D’abord la presse écrite, puisque c’est après lui que nous avons assisté à la création de nombreux journaux comme L’Indépendant et Le Républicain. Donc, il s’est battu dans ce sens et il a payé très cher, parce  qu’il a fait la prison à plusieurs reprises pour ses opinions. C’est un journaliste d’investigation qui n’avait pas mal de dossiers et il faisait chaque semaine des révélations sur des malversations financières ou sur des projets de gré à gré. Et, pour ça, il est allé plusieurs fois en prison jusqu’à ce que nous avons obtenu la libéralisation de la presse… Donc, après la presse écrite, le combat a été mené pour qu’il y ait les radios et les télévisions privées en Guinée », a indiqué Aboubacar Sakho.

A en croire Aboubacar Sakho, célébrer Souleymane Diallo de son vivant est une rupture avec le passé. Et, désormais, chaque année, un « Prix Diallo Souleymane » pour la liberté de la presse sera décerné aux icônes de la sphère médiatique guinéenne.

« Vous savez, chez nous, on a l’habitude de célébrer les gens après leurs décès… Mais nous, nous avons décidé de sortir de ça pour faire des célébrations anthumes. Donc, au vivant de l’homme, on organise une cérémonie pour lui dire que la nation est reconnaissante du service rendu. Donc, nous allons mettre en place un jury composé de professionnels pour qu’on dresse le portrait robot de personnalités à célébrer… Donc, chaque année, quelqu’un va recevoir le Prix Diallo Souleymane pour la liberté d’expression. Et cela va nous permettre de célébrer les icônes de la presse », a dit Aboubacar Sakho.

Djenabou Diallo pour Guineematin.com

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