Célébration de Diallo Souleymane du Lynx : les précisions du journaliste Amadou Diallo

Amadou Diallo, ancien de la BBC

Plus que quelques heures nous séparent de la cérémonie d’hommage à Diallo Souleymane, journaliste, Fondateur et Administrateur Général du Groupe de presse Lynx/Lance. Initié par Sanou Kerfalla Cissé (PDG du groupe de presse Afric Vision) et ancien employé du satirique « Le Lynx » et de l’hebdomadaire d’informations générales « La Lance », cet évènement est aujourd’hui porté par plusieurs autres journalistes dont Amadou Diallo (ancien de la BBC). La cérémonie est prévue demain, samedi 29 octobre 2022, au Chapiteau By Issa (Palais du peuple) entre 16 heures et 19 heures.

Dans une interview accordée à l’l’émission Mirador de la radio FIM FM, Amadou Diallo a apporté des précisions sur cet hommage.

Guineematin.com vous propose, ci-dessous, le décryptage de cette interview :

FIM FM : Amadou Diallo, votre dernier reportage sur la BBC, c’était sur les événements du 28 septembre 2009 et ces événements vous ont poussé à vous exiler. Aujourd’hui, quel souvenir avez-vous de cette situation ?

Amadou Diallo : c’est une situation assez difficile. Je ne suis pas vraiment ici aujourd’hui pour parler de ça, mais il est vrai que le 28 septembre 2009, j’étais au stade, j’ai couvert cet événement qui était périlleux, difficile. Mais, par la grâce de Dieu, je m’en suis bien sorti. Effectivement après, ça m’a valu de partir travailler à Dakar, parce que j’étais menacé, la garde présidentielle, à cause du reportage que j’avais fait, les tirs qu’on entendait, ça a dû déranger. Ils se sont dit, c’est un témoin gênant, il faut le neutraliser, et évidemment pendant un mois, j’étais dans la clandestinité avant que la BBC ne décide de me faire partir à Dakar ; et il se trouvait par coïncidence, que le service français de la BBC devait être délocalisé à Dakar. Donc, je suis allé, j’ai couvert l’actualité guinéenne de Dakar pendant 4 à 5 mois avant que le bureau ne commence à fonctionner et que je parte travailler au sein de l’équipe.

Et si on vous demandait aujourd’hui de venir témoigner, par ce que vous étiez au stade, vous aviez vu des choses, vous seriez prêt à le faire ?

J’étais au stade, j’ai vu des choses. Bon, chacun peut dire sa part de vérité en ce qui concerne cet événement, parce que personne ne peut vous dire exactement avec précision tout ce qui s’est passé au stade ce jour-là. Étant donné que lorsque ça tire, vous êtes des civils vous ne cherchez plus qu’à vous sauver. Mais, pour le moment, je ne suis pas cité, je suis concerné par ce procès comme tous les guinéens. Pour l’instant, le tribunal n’a pas besoin de moi.

Vous avez connu des moments difficiles comme tant de journalistes, comme par exemple les événements du 28 septembre. La presse guinéenne a décidé de célébrer un homme qui a décidé plus dans sa détermination à aider plus dans l’ancrage d’une presse libre dans ce pays, il s’agit d’Elhadj Souleymane Diallo, d’abord vous, qu’est-ce que vous retenez de lui ?

Il faut dire que le doyen Souleymane Diallo, c’est une référence dans le combat pour la liberté de la presse en Guinée, il a fait la prison deux fois. La première fois, c’était à cause d’un article qu’il a publié, qui était très caustique, Miss Guinée CEDEAO, la Guinée n’en veut pas en 1995. ça lui a valu la prison pendant quelques jours. Après ça, en 1996, à la suite de la mutinerie des 2 et 3 février 1996, Le Lynx avait publié un article bien documenté sur l’augmentation des soldes des militaires, il y avait des disproportions et ça a dû déranger au sommet de la hiérarchie militaire. Des militaires sont allés, je crois, trouver le général Lansana Conté pour lui dire, si vous ne régler pas ces disparités, évidemment ça ne va pas bien finir entre nous. Et ça n’a pas été bien apprécié ; ça a conduit le doyen Souleymane Diallo à la maison centrale de Coronthie pendant deux à trois semaines. Donc, dans le combat, c’est une référence, c’est ce que nous voulons célébrer par ce que c’est un homme courageux, qui n’a pas peur de ses opinions, de publier des articles qui sont bien documentés. Donc, nous pensons aujourd’hui, ce n’est pas seulement moi, c’est nous tous ici présent, journalistes guinéens, qu’il faut inverser la tendance puisque nous avons dans ce pays une vieille tradition, une bien mauvaise de célébrer les gens à titre post mortem, c’est ce qu’il faut changer, il ne faut pas attendre que les gens s’en aillent, que les pionniers, les gens qui ont mouillé le maillot pour une cause bien précise dans un domaine précis, pour venir se lamenter, faire des discours et dire que c’était le meilleur. On remarque que tous ceux qui sont morts en Guinée, c’étaient des meilleurs, mais ils n’ont jamais été célébrés de leur vivant, c’est ce qu’il faut inverser, c’est pour ça qu’il faut rendre hommage à Sanou Kerfalla Cissé à lui-même, puisque c’est lui qui a eu en premier l’initiative de célébrer Diallo Souleymane.

Concrètement, qu’est ce qui est prévu pour cette cérémonie, et comment se prépare cette soirée d’hommage qui aura lieu le 29 octobre ?

Amadou Diallo, ancien de la BBC

Au chapiteau, chez notre compatriote Issa, c’est le moment de le remercier puisqu’il offre des facilités pour l’organisation de cet événement, il faut vraiment le féliciter. Alors, il y aura ce jour-là des témoignages, des déplacements des personnes du monde médiatique, certains personnages se sont annoncés, espérons qu’ils auront les facilités pour être à Conakry, il y aura aussi un documentaire qu’on est en train de produire, tout ce qui est lié à l’œuvre et à la vie de Souleymane Diallo qui va être projeté et puis il aura aussi une distinction qui va lui être décernée probablement, nous espérons en tout cas trouver un moyen, une enveloppe financière pour venir tendre au doyen pour lui dire, merci au nom de toute la presse guinéenne, merci pour votre combat, nous allons tous suivre et perpétuer ce combat pour la liberté de la presse puisque c’est une lutte permanente, constante par ce que ce n’est pas donné une fois pour toutes.

Sur les préparatifs, comment ça se passe ? Est-ce que toutes les commissions ont été mises en place et travaillent d’arrache pieds pour arriver à cette soirée ? Avez-vous sollicité et obtenu le soutien de l’Etat par rapport à l’organisation de cet événement ?

C’est une bonne question, il y a des commissions qui travaillent, je pense qu’elles sont au nombre de quatre : la commission finance, de communication, d’organisation, la commission logistique et la commission de production de documentaire. Oui, l’Etat va être invité parce que Souleymane Diallo a commencé à travailler au journal de Horoya avant de s’exiler en Côte d’Ivoire. Donc, il n’est pas simplement une personnalité médiatique, mais c’est une personnalité qui transcende les médias, disons toutes les générations. Et donc, oui l’Etat est invité, nous sommes en train d’aller vers des personnes de l’Etat pour leur en parler, tout le monde est d’accord qu’il faut célébrer Diallo Souleymane, qu’il faut lui rendre hommage, le féliciter pour tout ce qu’il a fait.

Est-ce qu’après Souleymane Diallo, il y aura d’autres pionniers qui ont exercé le journalisme à l’ère des journaux libres qui seront célébrés ?

Cette année, on célèbre Diallo Souleymane ; peut-être que l’année prochaine, il y aura un prix Diallo Souleymane pour la liberté d’expression et ce prix va récompenser toute personnalité qui va s’employer dans la défense de la liberté d’expression en Guinée. Ça peut-être un journaliste, un avocat, un magistrat, et même un homme politique, toute personne qui sera distinguée en tout cas dans ce domaine pourrait recevoir le prix Diallo Souleymane.

Propos enregistrés et décryptés par Djaziratou sow pour Guineematin.com

Tél. : 663 869 944

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