Karim Camara de RFI rend hommage à Diallo Souleymane : « c’est un journaliste qui a le dos large »

Karim Camara, journaliste correspond de RFI service langue anglaise en Guinée

Souleymane Diallo, fondateur du Groupe Lynx-Lance, une icône continue de recevoir des hommages de la part de ses confrères et de nombreux compatriotes. Cette icône de la lutte pour la liberté de la presse en Guinée est célébrée ce samedi 29 octobre 2022 au chapiteau By Issa du Palais du Peuple de Conakry. Ses collaborateurs ne tarissent pas d’éloges à son endroit, à l’image Karim Camara, correspondant du service Anglophone de RFI (Radio France Internationale) en Guinée.

Guineematin.com : vous avez connu l’homme Souleymane Diallo dans le temps. Qu’est-ce qu’il représente pour vous ?

Karim Camara : Thierno Souleymane Diallo représente beaucoup pour moi. Dans les années 1997, quand nous sommes venus ici avec beaucoup de journalistes. Souleymane Diallo nous a pris comme ses enfants, il nous a pris comme ses collègues, en tout cas, il nous a beaucoup aidé. Il nous a accueilli et c’est à ces temps-là Il qu’il est parti jusqu’à appeler le représentant de RSF. Celui-ci est venu ici en Guinée pour nous prendre en charge grâce à Souleymane Diallo. Moi, je n’avais jamais travaillé dans ce pays ; mais c’est grâce à lui. Il m’a dit Karim, voilà ce que tu vas faire, je vais te donner une colonne dans mon journal Le Lynx. Vous allez prendre cette partie et vous allez écrire sur la Guinée et le Liberia au temps de la Guerre. C’est ça que je faisais. À la fin du mois, il me dit je suis pigiste. Il compte les papiers et il me paye. C’est à travers ça que je mangeais. C’est grâce à Souleymane Diallo. Donc, je n’oublierai pas ça.

Il est célébré de son vivant ce samedi, 29 octobre. Comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?

Karim Camara : Cela m’a dépassé. Si j’avais les moyens aujourd’hui, j’allais faire plus que ça pour lui parce qu’il le mérite. Je répète, il le mérite encore. Souleymane, je ne dis pas que la Guinée n’aura pas un journaliste comme lui, mais il est le père des journalistes qui prend tout le monde en charge et qui aime tout le monde. Je n’ai jamais vu El Hadj Souleymane fâché. Il est toujours prêt pour accueillir et encourager un journaliste, surtout quand tu es en danger. Quand tu es en danger, il te cherche. Moi, j’étais avec Abou Bakr, Azoka, Namadjan Keïta, Ben Pepito, Prospère Doré, Alhassane Keïta et autres… on était tous là-bas. Je sais et tout le monde sait qu’est-ce qu’il faisait pour nous tous. Souleymane, il prend tout le monde sur le même pied d’égalité. C’est comme ça Souleymane travaillait. Donc pour le célébrer aujourd’hui là, ça c’est même petit parce qu’il mérite plus que ça. C’est un journaliste qui a le dos large. Il a autant souffert dans ce pays pour les journalistes. Il s’est battu et jusqu’à présent il est en train de se battre pour sauver les journalistes malgré son âge. Mais partout où un journaliste passe il passe là-bas pour vraiment savoir comment le journaliste vit. Donc, il mérite plus que ça.

Le Doyen Souleymane Diallo est une icône de la presse guinéenne. Particulièrement, en quoi il mérite cet hommage parmi tant d’autres journalistes ?

Karim Camara, journaliste correspond de RFI service langue anglaise en Guinée

Karim Camara : Il mérite cet hommage parce c’est une icône comme vous le dites. Souleymane Diallo, c’est la patience. Il ne connaît pas même pas la différence entre les journalistes. Tout le monde est égal devant Souleymane Diallo. Il vient souvent au secours des journalistes qui sont dans une situation de détresse. Souleymane Diallo préfère sacrifier sa vie pour sauver un journaliste en danger. Il est toujours prêt pour mettre un journaliste à l’école. Donc, c’est ce qui fait la différence entre Souleymane Diallo et les autres journalistes. Et il est toujours engagé pour la formation des journalistes. Il donne des conseils aux journalistes. Dans sa rédaction là où je connais, Lynx-Lance, là-bas c’est la discipline. Discipline dans l’ordre. Lui, c’est le travail qui le lie à tout le monde. Souleymane aime le travail, il aime le journalisme et il est toujours avec les journalistes. Partout où ses travailleurs sont, il est là-bas malgré son âge. Il n’attend pas à la maison pour dire vient me faire le compte rendu. Lui-même vient sur le terrain des fois. C’est ce qui fait la différence entre lui et certains journalistes aujourd’hui.

Guineematin.com : Quel est le mot de la fin ?

Karim Camara : J’aimerais dire que les journalistes guinéens doivent tout faire pour écouter le conseil de Souleymane Diallo, suivre les œuvres de Souleymane Diallo, de faire en sorte que tout ce qu’il nous a appris dans ce pays et tout ce qu’il fait pour nous, qu’on reste derrière ça pour ne pas nous faire honnir. C’est une icône qui mérite ça jusqu’à sa mort. On doit rester derrière lui. C’est notre icône aujourd’hui. Donc, nous devons copier la manière dont il travaille. Les conseils qu’il nous a donnés, qu’on reste derrière ça. On fait comme il nous a demandé. C’est ça que j’ai toujours à dire aux journalistes d’aujourd’hui. Lui, il est le journaliste d’hier et jusqu’à présent il est en train de nous former comme il le faisait hier jusqu’à ce que nous aussi nous formions nos enfants et nos petits frères qui sont dans la profession. Donc, il faut qu’on l’écoute et qu’on le suive pour pouvoir relever les défis.

Interview réalisée par Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

Tél. : +224 622079359

Facebook Comments Box