Certains voulaient-ils renverser le président Dadis Camara en 2009 ? Les révélations de Toumba Diakité à la barre

Le président de la Transition, le Colonel Mamadi Doumbouya, avec Moussa Dadis Camara et Sékouba Konaté

C’est la pause au procès sur le massacre du 28 septembre au tribunal criminel de Dixinn, délocalisé dans l’enceinte de la Cour d’Appel de Conakry. Et, comme indiqué dans les précédentes dépêches de Guineematin.com, c’est toujours le commandant Aboubacar Sidiki Diakité, alias Toumba- l’un des principaux accusés dans ce dossier- qui est à la barre ce lundi, 31 octobre 2022. L’ex aide de camp du Capitaine Moussa Dadis Camara continue de faire face à la pluie de questions des différents avocats de la défense. Et, dans la phase questions-réponses avec Me Salifou Béavogui, qui tente de lui faire passer pour quelqu’un de désobéissant, Toumba Diakité a révélé qu’il y avait des gens qui voulaient renverser le pouvoir de Dadis Camara.

Guineematin.com vous propose une partie de cette phase de questions-réponses entre Me Salifou Béavogui (un des avocats de Marcel Guilavogui) et Aboubacar Sidiki Toumba Diakité, ancien aide de camp de l’ancien président de la Transition, le capitaine Moussa Dadis Camara.

Me Salifou Béavogui, avocat

Me Salifou Béavogui : Qui a nommé Beugré ? 

Aboubacar Toumba Diakité : C’est moi qui l’ai nommé. Je vous explique : Beugré, avant la prise du pouvoir comme les Marcel, ils ont beaucoup travaillé, ils relevaient du camp Camayenne. Il était question de créer un rapport de force. Il fallait associer tout le monde sous couvert du président Dadis. Donc, chacun travaille à sa manière. Il fallait contacter ceux qui étaient écoutés et les envoyer chez Dadis. Maintenant, à la prise du pouvoir, lorsqu’il était question de relever les différentes position, Beugré était là, il a beaucoup travaillé. On a pu sélectionner nos hommes qui partaient relever les anciens commandants pour les soumettre avec force. Donc, Beugré était présent pendant ces positionnements. Donc, dès qu’on les relèves, c’est toi qui occupes ici. Le camp de Tombo, c’est Marcel qui a nommé l’un des leurs. C’est comme ça qu’on a positionné nos éléments. Dès qu’on a fini, Dadis m’a demandé où sont mes hommes. Où tu les a envoyés ? Cette question m’a ramené à réfléchir. Voilà comment il est venu au pouvoir ?

Me Salifou Béavogui : vous vous pouvez sortir d’un camps militaire avec un civil non armé sans garde et rien ?

Aboubacar Toumba Diakité : Je vous ai dit que d’habitude je peux sortir si le salon a bougé avec le président. Ce jour, j’ai trouvé dans quel état se trouvait le président. Après, j’ai appris que le président est sorti comme les autres jours. C’est un exercice. J’ai dit que depuis le premier trimestre, je suis écarté. C’était formel ; mais, néanmoins, je m’efforçais à jouer mon rôle puisque c’est officiel. C’est ça la réalité. Comment le président peut-il sortir et laisser son aide de camp ?

Me Salifou Béavogui : Je voulais vous demander si les manifestations qui se tenaient au stade étaient de nature à menacer la vie du président ou de son pouvoir ?

Aboubacar Toumba Diakité : Nous, ce n’est pas les manifestants qui nous préoccupaient. Il y avaient d’autres qui voulaient renverser le pouvoir. Ce n’est pas les manifestants…

Me Salifou Béavogui : D’autres,  lesquels ?

Je dis à tout moment, la présidence que ça soit ici ou ailleurs, la présidence est toujours menacée.

Me Salifou Béavogui : Lesquels voulaient renverser le régime ?

Aboubacar Toumba Diakité : Je dis que c’est mon rôle de surveiller ça. C’est ma raison d’être là-bas.

Me Salifou Béavogui : En allant au stade, vous confirmez que c’est d’aller sauver le régime du président ?

Aboubacar Toumba Diakité : Non. Ce n’est pas dans ce contexte.

Me Salifou Béavogui : Pourquoi vous n’avez pas cherché à sécuriser les points stratégiques de la capitale et laisser le stade dans les mains de la police et de la gendarmerie ?

Aboubacar Toumba Diakité : Le président est le commandant du régiment. Moi, je ne me préoccupe pas de ces points sensibles. Moi, c’est le salon du président qui me préoccupe. Si le salon ne sort pas, Toumba ne sort pas.

Me Salifou Béavogui : Il semblerait que vous êtes  sorti sans autorisation du président de la République  pour aller au stade. Vrai ou faux ?

Aboubacar Toumba Diakité : Même les autres jours, quand il sort, je n’attends pas son autorisation.

À suivre !

Propos enregistrés et décryptés par Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

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