Conakry : lancement de la campagne nationale d’offre gratuite des services de planification familiale en Guinée

C’est dans un réceptif hôtelier de la capitale guinéenne que la campagne nationale d’offre gratuite des services de planification familiale a été lancée dans la matinée de ce lundi, 31 octobre 2022. Le but étant de sensibiliser les femmes, filles mais aussi les hommes sur la planification familiale pour préserver la santé des femmes et des nouveau-nés. La cérémonie a réuni des cadres du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, de la direction nationale de la santé familiale et de la nutrition, de l’UNPA et d’autres partenaires techniques et financiers mais aussi plusieurs autres participants, constaté un reporter que Guineematin.com avait dépêché sur place. 

La planification familiale reste un enjeu majeur dans les pays pauvres. Et elle y est confrontée à plusieurs obstacles liés notamment aux pesanteurs socio-culturelles mais aussi à la disponibilité des produits contraceptifs sur l’ensemble du territoire national. Pour remédier à ces différentes difficultés, la direction nationale de la santé familiale et de la nutrition, en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) ont procédé au lancement de la campagne nationale d’offre gratuite des services de planification familiale en Guinée.

Dans son discours, Mme Olga Sankara, représentante de l’UNFPA en Guinée, a rappelé qu’au-delà d’être un pilier du développement socioculturel, la planification familiale permet d’éviter des décès maternels mais aussi des grossesses non-désirées.

Mme Olga Sankara, représentante de l’UNFPA en Guinée

« Permettre à chaque individu (femme, homme, jeune et adolescent) à chaque couple de choisir son rythme de procréation doit être perçu comme un droit fondamental reconnu à tous. Au-delà de la perspective de promotion de la santé, la planification familiale est aujourd’hui reconnue comme un véritable pilier de développement socioculturel et économique. En effet, améliorer l’accès des populations aux services de planification familiale permet non seulement d’éviter environ 32% de décès maternels et près de 10% de décès des enfants mais aussi contribue de façon significative à réduire la pauvreté et la faim, renforcer l’autonomisation des femmes et améliorer l’éducation pour nous tous, ainsi que la préservation de l’environnement. Conscient de cette situation, la Guinée a engagé des politiques en matière de population et la planification familiale, levier important à l’épanouissement de l’ensemble des couches sociales, occupe une place prépondérante dans les choix stratégiques du pays. En témoigne l’objectif de 22,5% de prévalence contraceptive moderne en 2023 exprimé dans le Plan d’Action National budgétisé de planification familiale 2019-2023. En institutionnalisant cette campagne de planification familiale, le gouvernement guinéen reconnaît que l’inaction entraînera des coups énormes des individus, des familles, des communautés et le pays en général. En investissant aujourd’hui dans la planification familiale, on investit dans un lendemain meilleur: à titre d’exemple en 2021, 410 000 filles et femmes utilisaient une méthode moderne de planification familiale. Ce qui a permis d’éviter 130 000 grossesses non-désirées, 47 000 avortements non-securisés et 560 décès maternels », a-t-elle indiqué, avant d’assurer que l’UNPA s’engage pour un budget moyen annuel de 3 000 000 d’euros dont 2 000 000 pour les produits contraceptifs.

Malgré les efforts déjà consentis, elle estime qu’il faudra en faire plus pour rendre plus efficace la planification familiale.

« Mais, ces efforts collectifs ne sont pas suffisants pour produire les résultats escomptés ; car, de nombreux défis entravent encore l’accès des femmes et des filles au service de planification familiale. Je veux parler des entraves socio-culturelles, de la disponibilité des produits au dernier kilomètre, des ruptures de stock, de la faible efficience de la chaîne logistique en général. Cela a eu pour conséquence qu’en 2021, 21% des 549 348 grossesses enregistrées étaient non intentionnelles, 10% ont été l’objet d’avortement volontaire et près d’une naissance sur 6 n’était pas planifiée », a souligné Mme Olga Sankara, qui a par ailleurs invité les auteurs à rendre gratuites les prestations de la planification familiale comme la Guinée s’y est engagée d’ici à 2024.

Cette demande est fortement appréciée par Dr Djéné Fadima Kaba, directrice nationale de la santé familiale et de la nutrition, qui crois que la Guinée doit passer par là pour avoir une bonne planification familiale.

Dr Djéné Fadima Kaba, directrice nationale de la santé familiale et de la nutrition

« Chaque année, après l’offre gratuite de la planification familiale, la prévalence augmente d’un tiers ! Il ne faut pas se limiter là, c’est pourquoi, nous saluons vraiment ce passage que je peux qualifier de plaidoyer par l’un des partenaires du ministère de la Santé, stratégique de la planification qui est l’UNPA pour amener les autorités, le gouvernement à respecter les engagements que nous avons pris tout dernièrement en 2021 dans le domaine de la planification familiale pour les 10 prochaines années, de rendre gratuite la planification familiale pour les filles et les femmes, en tout cas ceux qui désirent recourir à la planification familiale pour soit limiter les naissances, soit se reposer pour le bien-être familial. Je profite de ce micro pour dire que la capture d’un dividende démographique est un enjeu politique pour la Guinée. La Guinée s’est inscrite dans cette dynamique et cela ne peut être acquis qu’à travers une bonne planification familiale. Il y a une volonté politique affichée déjà avec l’engagement du pays à acheter 50% des besoins contraceptifs et dans les nouveaux engagements le gouvernement a décidé d’augmenter de 10% et ça a commencé cette année pour aller vers la souveraineté contraceptive. Je crois que nous avons entamé cette marche vers la souveraineté contraceptive pour permettre à chaque fille et femme- pourquoi pas les hommes- de recourir au service de planification où il veulent, quand il veulent et gratuitement », a-t-elle lancé.

De son côté, Dr Bachir Kanté, conseiller principal du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, a tenu à saluer les partenaires techniques et financiers mais également les agents de santé qui, tous ensemble, contribuent pour que la campagne se passe bien.

Dr Bachir Kanté, conseiller principal du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique

« Il est à dire que cette campagne s’inscrit dans l’alignement de la volonté politique des autorités de la transition qui ont mis dans la feuille de route du ministère de la Santé comme priorité le bien-être de la population et tout particulièrement celui des femmes et des enfants. Il est vrai aussi que cette campagne est un moyen, une occasion, de faire vraiment de la communication et surtout de la sensibilisation. Il nous a été démontré ici de façon factuelle qu’à chaque fois que ces campagnes sont organisées un nombre accru de personnes adhèrent à cette pratique, qui est la planification familiale. Il va s’en dire que cette campagne n’a pu se faire sans le soutien de nos partenaires techniques et financiers. Et, c’est le lieu ici de les saluer, de les remercier de leur soutien… », a notamment indiqué Dr Kanté.

Enfin, parmi les agents qui seront déployés sur le terrain, c’est madame Esther Marguerite Léno qui a pris la parole. Elle en a profité pour parler des innovations mises en place cette fois-ci pour sensibiliser sur l’importance de la planification familiale.

Esther Marguerite Léno, agent de sensibilisation

« Cette fois-ci, nous voulons un peu innover. Donc, on ira jusqu’au dernier village si possible d’abord donner un message. Le messager, c’est l’importance de la planification familiale, les conséquences de la non planification familiale et les avantages surtout économiques dans un couple planifié. Donc, ce sont ces approches que nous allons donner aux ménages. Et, après cela, nous allons les encourager d’aller vers les centres de santé parce que la planification est gratuite. Et l’autre stratégie, c’est d’impliquer les hommes. Nous n’irons pas que vers les femmes ! Cette fois-ci, ça ne sera pas qu’une question de femmes ; ce sera une question d’hommes et de femmes. Nous allons carrément aller vers des hommes qui pourront aussi être porteurs de ce message vers des femmes que ça ne soit pas tout le temps des femmes qui viennent dire aux hommes il faut qu’on se planifie », a-t-elle expliqué.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com 

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