Mandiana : le réseau routier totalement dévasté

Le réseau routier de la préfecture de Mandiana est actuellement en piteux état. Ce qui rend difficile la circulation d’engins roulants dans cette préfecture de la région administrative de Kankan, constate le correspondant local de Guineematin.com dans cette localité.

Mandiana, l’une des préfectures de la Haute Guinée, est  riche en ressources du sol et du sous-sol. Ses populations locales pratiquent des activités minières, agro-pastorales et commerciales. Mais se déplacer dans cette zone frontalière avec la République du Mali voisin relève d’un véritable parcours du combattant. Tant le réseau routier de cette préfecture est en mauvais état.

Lancé avant les élections présidentielles de 2015, le chantier de la construction de la route Kankan-Mandiana, longue de 85 km, peine à être achevé.  A ce jour, il reste encore pas moins de 25 km à bitumer. Une distance qui représente un véritable cauchemar pour les usagers de cette route. Sur cet axe, le voyage n’est plus une partie de plaisir, car la piste est presque impraticable. Cette situation est devenue un véritable fardeau pour les citoyens car elle entrave le bon déroulement de leurs vies sociale et professionnelle.

Aboubacar Sidiki Koulibaly, DCE de Kodiaran

C’est du moins ce qu’a témoigné à notre micro Aboubacar Sidiki Koulibaly, Directeur communal de l’Education de la commune rurale de Kodiaran : «  Il est très difficile de rallier Mandiana actuellement. La route est complètement défoncée. Pour une distance de 25 kilomètres,  on peut faire deux jours. Donc, la population souffre énormément ».

Amadou Dian Diallo, usager de la route

Comme lui, Amadou Dian diallo, un jeune diplômé que nous avons interrogé décrit les difficultés rencontrées sur ce tronçon en ces termes : « Mandiana aussi est une localité comme les autres préfectures. Même si l’Etat ne fait pas n’arrange pas les pistes rurales, il doit faire face aux routes principales d’ici jusqu’au Mali et en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui si tu as un décès,  il est difficile de se déplacer à cause du mauvais état de la route ».

Hadja Saran Diakité, citoyenne

 Et c’est justement le cas auquel s’est confrontée Hadja Saran Diakité, âgée de 76 ans. « J’ai eu un  décès à Kankan. A cause de la dégradation de la route, j’ai raté l’enterrement. C’est vraiment déplorable pour notre pays », déplore-t-elle.

Mariama Foula, commerçante

« Quand nous embarquons nos marchandises,  nous pouvons rester à l’attente pendant plusieurs jours,  sans compter l’augmentation du transport des marchandises. Et cela a une conséquence énorme sur nous en matière de rentabilité », se lamente Mariame, une  commerçante qui pratique régulièrement cette route.

Outre  le tronçon Kodiaran-Mandiana, les axes Mandiana-Faralako-Morodou-Kondianakoro-Balandougouba sont également en piteux état. Les producteurs de ces différents villages éprouvent de réelles difficultés dans l’acheminement de leurs produits agricoles vers les zones de consommation.

Lancinet Konaté, agriculteur

« L’Etat doit faire face à ces routes pour nous faciliter l’écoulement de nos produits agricoles. Nous ne pouvons pas passer toute une saison aux champs et avoir des difficultés à écouler ce que nous récoltons. Le secteur de l’agriculture mérite une attention particulière de la part de nos autorités,  mais malheureusement,  elles n’en font pas leurs priorités », estime Lancinet Konaté, agriculteur.

L’amère expérience d’une nourrice

Récemment, une femme nourrice, bébé au dos, a vécu une amère expérience. Le véhicule qui la transportait s’étant embourbé, elle a eu du mal à se frayer un chemin pour trouver un endroit de repos alors qu’il était 19 heures.  Pendant ce temps, les apprentis se livrent à  une rude épreuve pour sortir  le véhicule enfoncé dans la boue.  Chauffeurs, apprentis et passagers, personne n’a voulu  s’exprimer malgré plusieurs tentatives. Le même calvaire continue pour les conducteurs de citerne. Un de leur véhicule est enfoncé dans la boue au beau milieu d’un ouvrage de franchissement. Ils cherchent des solutions pour le sortir.

Mamadou Dian Diallo, chauffeur

 » Il y a des grands trous, il y a des balancements,  la route est mauvaise et nous avons des produits dangereux. Parfois, nous sommes obligés de réparer la route pour passer. Depuis le matin, nous sommes là. On arrange la route,  et on évolue petit à petit. D’habitude on fait une journée avant d’arriver à destination. Actuellement, nous faisons 3 à 4 jours. Il y a des endroits même où nos véhicules sont enfoncés dans la boue. C’est pourquoi nous évoluons ensemble pour ne pas laisser nos amis dans les difficultés », relate Mamadou Dian Diallo, chauffeur.

Ibrahim Magassouba, apprenti

Les apprentis des gros camions pour la plupart des jeunes adolescents vivent un calvaire. Le véhicule d’Ibrahima Magassouba âgé de seulement 16 ans vient de passer 3 jours dans la boue. Malgré des sollicitations d’aide auprès des riverains, elles sont restées sans réponse. « Ça fait 3 jours que notre camion est embourbé ici. Nous étions avec un ressortissant qui avait aussi son véhicule dans la même situation. Quand il a  envoyé une machine pour tirer son véhicule, nous lui avons demandé de nous aider, mais il n’a pas accepté », s’indigne-t-il.

Ibrahima Kalil Bakayoko, citoyen

Cette route en chantier depuis 2015, qui faisait de Mandiana un véritable lieu d’affaires, a perdu sa réputation. Ibrahima Kalil Bakayoko, natif de Mandiana, revient sur la notoriété de cette route par le passé. « Quand nous étions petits, les véhicules du Mali,  de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso et du Togo venaient ici régulièrement. Mais de nos jours, cela est un lointain souvenir. Et ça a vraiment impacté Mandiana.  Nos parents souffrent ici franchement,  il faut que le gouvernement réagisse maintenant ».

Laye Tidiane Dikité, conducteur de tricycle

« Nous, nous transportons les marchandises de l’autre rive du fleuve Sankarani,  mais actuellement la route est coupée, et les véhicules ne viennent plus.  Nous sommes obligés d’aller nous débrouiller en ville pour trouver de quoi vivre », nous a confié Laye Tidiane Diakité, conducteur de tricycle.

Le ministère des travaux publics est donc interpellé sur l’état critique du réseau routier de la préfecture de Mandiana.

De Mandiana, Souleymane Kato Camara pour Guineematin.com

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