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Rejet de sa communauté, chute de Dadis : la version de Cécé Raphaël Haba sur l’affrontement de Koundara

Capitaine Cécé Raphaël Haba à la barre

Longtemps ségrégué et accusé de trahison par sa communauté envers l’ex chef de la junte du CNDD, le capitaine Cécé Raphaël Haba a donné sa version des faits sur la chute du président Moussa Dadis Camara. C’était à l’occasion de sa première journée de déposition au procès sur le massacre du 28 septembre 2009, ce lundi 7, novembre 2022, à la barre du tribunal criminel de Dixinn, délocalisé dans l’enceinte de la Cour d’Appel de Conakry. 

L’accusé- qui jure avoir passé la journée du 28 septembre 2009 dans une clinique avec sa femme qui était en état de famille- est revenu sur l’altercation entre le commandant Toumba Diakité et le président Moussa Dadis Camara, le °3 décembre 2009 au camp Koundara, rebaptisé depuis Camp Makambo. Et, sans tourner au tour du pot, Cécé Raphaël Haba s’est aligné sur les explications du commandant Aboubacar Toumba Diakité dans cette affaire, rapporte l’équipe de Guineematin.com qui est sur place.

Nous vous proposons de lire ci-dessous une partie de la déposition du capitaine Cécé Raphaël Haba qui est revenu sur la chute du President du CNDD et son rejet  par sa propre communauté.

Décryptage !

Si le président Dadis appelle, quelle que soit notre position, si je dis au commandant Toumba que le président a appelé, il va se lever pour qu’on parte. Mais, ce jour (03 décembre 2009), on n’a pas reçu un appel. C’est moi qui détiens les appareils de Toumba. Je n’ai vu aucun appel, ni à la radio. Mais, on a vu par surprise le président Dadis au camp Koundara dans une pick-up où se trouvait assis le Général Baldé, côté escroc. C’est le président qui était en train de conduire. Et, ce jour, Makambo est sorti avec trois véhicules (deux pick-up neuves et une Rave 4). Ses hommes étaient armés, encagoulés, avec des armes comme s’ils partaient en guerre. Ils sont venus. Quand le véhicule a garé, le président a sauté. Il est descendu et s’est dirigé vers Toumba, en lui disant : « Toumba, tu veux me faire honnir » ? Toumba a répondu : « Monsieur le président, on t’a dit que Toumba est en ville en train de tirer avec ses hommes ; mais, tu es venu voir Toumba assis faisant face à la mer ». Mon sixième sens me dit qu’il devrait s’interroger sur les allégations portées contre Toumba. Mais, je ne sais pas ce qu’on lui a dit. Il (Dadis) est venu avec émotion et s’est dirigé vers Toumba en criant : « tu veux me faire honnir ? Comment tu es habillé comme ça » ? Arrivée à son niveau, il (Dadis) a tapé la tête de Toumba, son béret est tombé.

Toumba s’est levé et n’a pas réagi. Il a dit : « président, je ne peux pas vous trahir, ni vous tromper. C’est Makambo qui veut vous trahir. C’est lui qui est venu ce matin arrêter deux hommes à Koundara et les envoyer à l’Etat-major. Et, leur commandant m’a appelé pour dire qu’on ne peut pas mettre les deux hommes à sa disposition ». Toumba a dit : « j’ai libéré les deux personnes et je sais que c’est une anomalie ». Makambo voulait répliquer. Le président a répliqué à Makambo. Il a dit : « si jamais tu t’infiltres dans notre dialogue, je te ferais rentrer tais-toi. Laisses entre mon fils et moi ». 

Le président a repris la parole : « Toumba, allons au bureau ». Si on partait au bureau, ce qu’on est en train de dire à la barre n’allait pas arriver. Mais, il a changé de mots : « Toumba, donnes-moi ton arme »… 

Voici l’origine du problème que j’ai subi. Je ne suis pas en prison à cause du 28 septembre. Si je ne parle pas, de Conakry jusqu’à N’Zérékoré, c’est dans l’oreille de tout le monde que Cécé a vendu et s’est rajouté sur Toumba pour gâter le pouvoir de la Forêt. Voici la ségrégation qui me suit. Ma femme est ségréguée dans le quartier. Toute ma famille s’est séparée de ma femme. Personne ne rend visite à ma femme. C’est elle seule qui s’occupe de mes enfants. (On raconte) que Toumba m’a donné 2 sacs d’argent. Donc, c’est dans l’oreille de la famille et tout le monde a abandonné ma femme. Étant courageuse, elle a entendu beaucoup de choses, vu beaucoup de choses…. Le bien fait et l’acte de bravoure de Cécé Raphaël Haba a été renversé au sens contraire. L’acte de bravoure que j’ai pu manifester au camp Koundara, les gens ont renversé au sens contraire pour me salir, pour me peindre, pour mettre des poids sur moi pour que je sois haï devant ma communauté j’ai été haï pendant 14 ans par ma communauté. Mais, comme j’ai la foi, j’ai confiance au seigneur Jesus Chris. Une maman peut rejeter, nier et jeter son enfant au bord de la mer ; mais, Dieu passe toujours par quelqu’un d’autre pour supporter cet enfant pour qu’il devienne quelqu’un.

« Toumba, donnes-moi l’arme » ! Toumba a répliqué derrière. Après, il est revenu devant. Il voulait dépasser le président ; mais, nous, c’est dans la tête que quand Toumba voit le président, il n’y a pas de problème. Mais, les dispositifs qui étaient dans l’entourage, c’était effrayant parce que Makambo est venu armé comme quelqu’un qui partait au front. Il faut qu’on se dise la vérité. 

« Toumba donnes-moi ton arme » ! Entretemps, Beugré commence à parler, le président s’est retourné et a regardé l’histoire de Beugré qui disait que c’est Marcel qui l’a informé que Toumba voulait faire un coup d’Etat. Quand le président s’est retourné, on a entendu « boum ». Toumba avait tiré sur lui. Le président est tombé. Tous les hommes qui étaient venus avec lui, chacun a fait sa sommation. D’autres ont fui dans l’eau… Quand le président est tombé, j’ai fait 4 pas, réflexe de derrière et je vois que c’est le président qui est tombé. Il y avait un certain Mansaré qui était-là en train seulement de pleurer. Entretemps, je suis venu. Je lui ai dit : « tu es là en train de pleurer ; mais, fais nous quitter le président au lieu de pleurer ». Les personnes qui sont venues avec le président, personne ne l’a assisté. Nous qu’on qualifiait d’être les éléments de Toumba, c’est nous qui sommes venus en assistance au président pour le protéger.

Quand le président est tombé, j’ai vu Makambo courir vers la pick-up, en connaissance, c’était pour dire à son chauffeur pour sortir. Il était parti pour prendre une autre arme plus lourde contre Toumba. On était déjà hors de cette cour. L’assistante de personne en danger que j’ai faite est devenue autre chose. (Ils ont dit) que c’est Cécé qui a montré le secret de Makambo à Toumba. Que quand le président est tombé, c’est Makambo qui s’est couché sur lui. J’ai dit à Dadis jusqu’à la mort je vais te sauver et te protéger. Ils ont transformé l’acte de héros que je dois recevoir et on le donne à Makambo. L’acte de bravoure que je dois recevoir on donne ça à Makambo. Que c’est Makambo qui a sauvé et qu’un certain forestier du nom de Cécé, c’est lui qui a dit la hache là, si vous ne l’enlevez pas sur lui, vous ne pouvez pas le gagner. Voici comment on m’a rejeté. Voici comment le combat a commencé entre ma communauté et moi…

À suivre !

Propos enregistré et décryptés par Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

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