Arrêtés le 20 octobre dernier en marge de la manifestation du FNDC (Front national pour la défense de la constitution) et inculpés de faits présumés de « participation délictueuse à un attroupement ayant troublé l’ordre public », Abdoulaye Barry (pompiste), Abdourahmane Baldé (chauffeur) et Boubacar Diallo (apprenti chauffeur) ont comparu jeudi dernier, 3 novembre 2022, devant le tribunal correctionnel de Dixinn. A la barre, ces trois prévenus ont réfuté en bloc les faits qui leur sont reprochés. Et, au terme des débats, le tribunal les a renvoyés des fins de la poursuite pour délit non constitué à leur encontre, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.
Ces trois prévenus ont été interpellés à Sonfonia (un quartier de la haute banlieue de Conakry, dans la commune de Ratoma) par les forces de l’ordre. Et, le même jour, ils ont inculpés et placés sous mandat de dépôt. Mais, c’est ce jeudi qu’ils ont été présentés au tribunal pour y être jugés. Et, à tour de rôle, ils se sont relayés à la barre pour expliquer les circonstances de leurs arrestations. Des explications au cours desquelles ils ont réfuté toutes les charges articulées contre eux.
« Ce jour, je ne savais pas qu’il y avait une manifestation. A 6 heures, je suis allé au travail à la station Shell SOS sis à Sonfonia. Mais, comme il n’y avait pas de circulation, la gérante m’a dit de rentrer. C’est ainsi que je suis allé chez mon ami où je suis resté jusqu’à 15 heures. En rentrant maintenant chez moi, j’ai trouvé 4 agents postés à l’intérieur du quartier. Ils m’ont appelé ; et, quand je suis venu, ils m’ont dit que je fais partie des jeunes qui sont en train de jeter les cailloux. Je leur ai dit que je reviens du travail et ils peuvent même appeler la gérante. Ils ont appelé, la gérante de la station a confirmé. Mais, ils n’ont pas accepté de me libérer », a expliqué le pompiste Abdoulaye Barry devant le juge Amadou Sy.
De son côté, Abdourahmane Baldé, chauffeur, a dit qu’il n’a participé à une manifestation.
« Moi, je n’ai pas participé à cette manifestation. Les agents m’ont interpellé pendant que je partais chercher le manger », a-t-il dit.
Pour sa part, Boubacar Diallo, un apprenti chauffeur qui aurait été arrêté en possession d’une machette, a dit avoir été interpellé dans sa concession à Sonfonia.
« J’ai été interpellé chez moi, à domicile, devant ma maman. La machette dont il parle ne m’appartient pas. Je ne connais pas le propriétaire de cette machette. C’est dans les mains des agents que j’ai vu cette machette », s’est-il défendu.
Mais, cette ligne de défense des prévenus n’a pas convaincu le procureur Alpha Bacar Cissé. D’ailleurs, ce parquetier a laissé entendre que ces trois prévenus ont été interpellés sur la voie publique. Et, il a requis leur condamnation.
« Ils étaient tous informés de cette manifestation. Et, tous les trois ont été interpellés sur la voie publique. Ils ont semé la terreur ce jour. Ce sont les vrais auteurs des faits. C’est pourquoi le ministère public vous demande de les retenir dans les liens de la prévention de participation délictueuse à un attroupement. Pour la répression, vous les condamnerez à 6 mois d’emprisonnement chacun et un million de francs guinéens d’amende », a-t-il requis.
De son côté, Me Aïssata Konaté, l’avocat de la défense, a plaidé le renvoi des trois prévenus des fins de la poursuite pour délit non constitué.
« Les vrais manifestants sont rarement arrêtés. Les agents sont venus les prendre alors qu’ils ne manifestaient pas. Les vrais coupables sont dans les quartiers. Ceux-ci se sont retrouvés au mauvais endroit et au mauvais moment… Il n’y a aucune preuve. Je vous demande de les renvoyer des fins de la poursuite », a plaidé l’avocate.
Finalement, le tribunal a déclaré Abdoulaye Barry, Abdourahmane Baldé et Boubacar Diallo non coupables et a ordonné leur libération immédiate.
Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com
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