Mandiana : le système de santé « en ruine » dans de nombreuses communes rurales

La préfecture de Mandiana, une zone aux grandes potentialités minières, fait face de nos jours à un système de santé défaillant. Les communes rurales relevant de la préfecture connaissent une grande vétusté des infrastructures sanitaires. A cela s’ajoutent le manque d’équipements, de médicaments et de médecins et les difficultés d’accès. Tel est le constat fait sur place par Guineematin.com à travers son correspondant basé dans la préfecture de Kankan.

C’est le cas dans la commune rurale de Koundian où l’unique centre santé opérationnel n’est plus en mesure de recevoir tous les patients de la localité à cause de sa capacité restreinte. Médecin en service dans ce centre, Sékou Kantambadouno revient les difficultés auxquelles ils sont confrontés.

Sékou Kantambadounou, médecin

« Nous avons un centre de santé qui ne répond plus aux besoins de la population. Vous-même vous voyez qu’il n’y a pas assez de places pour les parents que nous recevons ici. Parfois, certaines femmes enceintes accouchent à même le sol sur une natte à cause du manque de lit. Nous avons un centre de santé amélioré en chantier depuis 2015. Mais les travaux sont à l’arrêt et nous ne savons pas pourquoi. Nous stockons les cartons de médicaments dehors parce que le magasin de stockage est très petit », a-t-il expliqué.

Nassou Doumbouya, infirmière

À Kôdiaran, le constat est tout aussi alarmant. Au-delà de l’état de vétusté de ce vieux poste de santé devenu centre de santé, l’approvisionnement en médicaments fait également défaut. « Je travaille dans centre santé depuis plus de 20 ans, mais en toute honnêteté, nous avons de sérieux problèmes d’infrastructures. Les murs et la toiture sont complètement vieux, les salles d’accouchement, on n’en parle même pas. Les médicaments que nous donnons aux malades, c’est nous qui les achetons. L’État ne nous assiste pas dans ce sens. Nous sommes maintenant une commune rurale, il faut que le gouvernement pense à la population de Kôdiaran », a dit Nassou Doumbouya, infirmière de son état.

Dans le district de Djoma Kienkoura, situé dans la sous-préfecture de Balandougouba, les matelas des salles d’accouchement du poste de santé sont en ruine. Il n’y a pas de médecin ni de matériel de travail suffisant. À cela s’ajoute le manque d’eau potable.

Amara Kéita, médecin

« Nous rencontrons beaucoup de difficultés franchement. D’abord les matelas des lits qui sont dans les salles d’accouchement sont totalement gâtés. La communauté a fait de son mieux, mais jusqu’à présent nous n’avons pas de matelas confortables. Les femmes enceintes viennent faire leurs consultations prénatales, mais au moment de l’accouchement, elles se rendent à Mandiana ou à Kankan. En plus, nous n’avons pas d’eau. Souvent, nous sommes obligés d’aller puiser de l’eau dans les concessions voisines pour nos besoins », a fait savoir Amara Kéita, médecin.

À Souloukoula, dans la sous-préfecture de Saladou, c’est une déception totale. Les femmes enceintes perdent même leurs bébés en cours de route par manque de poste de santé. Pour leur accouchement ou pour les soins prénataux, elles sont contraintes de se rendre à Saladou, à une quarantaine de kilomètres du village. C’est ce qu’a indiqué une dame, du nom de Gomkô.

Gomko Diallo, habitante

« Depuis l’indépendance, nous n’avons pas de poste de santé à Souloukoula. Quand nous tombons enceintes, c’est une préoccupation totale. Pour nos soins prénataux, il faut qu’on se déplace pour aller à Saladou ou dans d’autres sous-préfectures malgré l’état de dégradation de nos routes. Il y a des femmes qui ne suivent plus ces soins prénataux à cause de la distance. Nous avons connu des années ici où les femmes enceintes ont perdu leurs bébés en se rendant à Saladou, il en est de même pour nos enfants. Nous demandons humblement à l’Etat de faire face à Souloukoula, car nous ne méritons pas de vivre dans une telle situation sombre », a dit la bonne femme.

À quand les autorités guinéennes viendront-elles à la rescousse de ces communautés qui continuent de tirer le diable par la queue ?

De Mandiana, Souleymane Kato Camara pour Guineematin.com

Tel : 623084180

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