Poursuites contre 187 anciens cadres de l’État : Boubacar Diallo du PPD y voit « un règlement de compte »

Elhadj Boubacar Diallo, président PPD

Le président du PPD (Parti pour la paix et le développement) met en doute la sincérité des autorités guinéennes dans leur lutte contre la corruption et les détournements des deniers publics. Boubacar Diallo trouve que la démarche adoptée est biaisée et qu’elle s’apparente à un règlement de compte.

La lutte contre l’enrichissement illicite, c’est l’un des grands axes de la transition en Guinée. Depuis l’arrivée de la junte militaire du CNRD au pouvoir,  le 5 septembre 2021, plusieurs dignitaires du régime Alpha Condé ont été arrêtés et incarcérés pour des soupçons de corruption et de détournements de deniers publics. Et de nombreux anciens commis de l’État sont dans le collimateur de la justice guinéenne. Dans un communiqué publié mercredi soir, 9 novembre 2022, le procureur général près la Cour d’appel de Conakry a instruit le parquet de Kaloum d’engager des démarches visant l’interdiction de sortie du territoire guinéen des 187 personnes visées par ces poursuites judiciaires.

Si cette démarche des autorités de la transition est appréciée par certains citoyens guinéens, elle suscite des interrogations et des doutes chez d’autres. C’est le cas notamment de Boubacar Diallo, le président du Parti pour la paix et le développement (PPD). Dans un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com, ce jeudi 10 novembre 2022, ce leader politique a émis des réserves par rapport à la sincérité des militaires au pouvoir.

Elhadj Boubacar Diallo, président PPD

« Les poursuites pour détournements de deniers publics sont normales. Parce que nous pensons qu’un pays qui veut se développer doit lutter contre la corruption et les détournements des deniers publics. Nous ne sommes pas dans un royaume où c’est une famille qui fait ce qu’elle veut. Ce sont les deniers publics de l’Etat, c’est-à-dire que c’est pour tout le pays. On ne peut accepter que certains cadres détournent ces deniers publics pour en faire des richesses privées.

Mais il faudrait aussi laisser la chance aux personnes poursuivies de prouver le contraire des motifs des poursuites. On ne peut pas simplement interpeller les gens, les mettre en prison sans qu’ils ne passent devant la justice, c’est ça le problème », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il n’y a pas assez de transparence dans ce que font les autorités guinéennes. « C’est comme si c’était un règlement de compte, c’est là où le bât blesse », déplore l’ancien député à l’Assemblée nationale, qui dénonce aussi une justice à deux vitesses.

« Pendant qu’on est en train de poursuivre certains pour un présumé enrichissement illicite, d’autres membres de la Transition sont en train de se sucrer. Ce n’est pas moi qui l’ai dit, l’ancien premier ministre Sidya Touré l’a dit. Il a dit que parmi eux, il y en a qui sont en train d’acheter beaucoup de biens matériels à l’étranger. Donc, nous avons l’impression que c’est une justice à double vitesse. Mais il faut qu’ils comprennent que cette justice ne peut évoluer dans ce sens et que tôt ou tard, ils pourront être poursuivis par les régimes qui viendront », a dit Boubacar Diallo.

Mamadou Tanou Bah pour Guineematin.com 

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