Procès du 28 septembre : « il y a eu des morts par bousculades, par armes létales et par armes blanches », dit Abdoulaye Chérif Diaby

Accusé de meurtres, de non assistance à personnes en dangers, attentats à la pudeur…  Le Colonel Abdoulaye Chérif Diaby, ex ministre de la santé et de l’hygiène publique a été audionné par le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara pendant le procès du massacre du 28 Septembre qui est à son 18ème jour ce lundi, 14 novembre 2022.

Après sa déposition, l’ancien ministre de la santé à quelques questions du juge audientier, Ibrahima Sory 2 Tounkara, sur la gestion des blessés et des corps après les adieux crimes du 28 septembre.

Le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara :  Quel était votre fonction ?

Abdoulaye Chérif Diaby : J’étais ministre de la santé et de l’hygiène publique.

Le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara : À ce titre, en  cas de survenance d’un tel événement, quel doit être votre rôle ?

Abdoulaye Chérif Diaby : Mon rôle dans des circonstances pareilles, c’est d’essayer de faire l’état des lieux et prendre en charge entièrement tous les blessés. Leur suivi, leur traitement jusqu’à la guérison.

Le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara : Est-ce que vous avez vu des blessés ce jour ?

Abdoulaye Chérif Diaby : Ce jour, j’ai vu beaucoup de blessés à Donka.

Le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara : Qu’est-ce que vous avez fait pour eux ?

Abdoulaye Chérif Diaby : Tout d’abord, j’ai ordonné à ce qu’on les prenne en charge entièrement sur le plan médication. Donc, tout ce qu’on a fait dans nos différentes pharmacies et à la pharmacie centrale de Guinée, on a fait sortir tous nos kits pour leur prise en charge. Ensuite, j’ai fait débloquer ce montant d’un milliard 422 millions pour acheter ce qu’on n’a pas sur place pour leur prise en charge.

Le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara : Est-ce que vous avez vu les corps ?

Abdoulaye Chérif Diaby : Après ça, j’ai vu certains corps. Je me rappelle, j’étais même avec la RTG et France 24. Ils doivent avoir ces images dans leurs archives, évidemment.

Le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara : Est-ce que vous avez pu compter ses corps ?

Abdoulaye Chérif Diaby : Monsieur le Président, à l’époque, j’étais ministre de la santé, je n’ai pas compté les corps ; mais, je les ai fait compter puisqu’il y a une administration au niveau de la morgue. Ils étaient au nombre de 57 corps au niveau de deux morgues : Ignace Deen et de Donka.

Le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara : Quel a été le sort réservé à ces corps ?

Abdoulaye Chérif Diaby : Ces corps furent rendu à leurs familles à la mosquée Fayçal.

Le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara : Est-ce qu’en tant que Ministre vous avez pu demander une autopsie pour savoir effectivement la cause de ces morts si ça relevait de vos compétences ?

Abdoulaye Chérif Diaby : Ça relevait de mes compétences. Mais, Monsieur le Président, actuellement en Guinée, c’est un peu difficile. Généralement, c’est les familles qui font une requête pour demander l’autopsie compte tenu du droit de la religion.

Le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara : Vous venez de dire que ça relevait de votre compétence. Est-ce que vous avez demandé pour connaître au moins la cause de ces morts ?

Abdoulaye Chérif Diaby : Généralement, la cause de ces morts, les médecins légistes le savent. Si c’est dû à une blessure par arme, ils le savent. Si aussi c’est par bousculades, ils le savent. Mais, franchement, je n’ai pas demandé à faire d’autopsie de ces corps.

Le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara : Qui était chargé de la gestion de ces corps ?

Abdoulaye Chérif Diaby : La gestion de ces corps était confié au médecin légiste le Pr Hassane Bah.

Le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara : Vous pouvez nous dire exactement la cause de ces morts ?

Abdoulaye Chérif Diaby : Je ne vais pas vous le dire parce que cela relève de la compétence des médecins légistes et chacun a sa spécialité.

Le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara : Ce jour, est-ce que vous avez vu des blessés qui étaient là et personne ne s’en occupait ?

Abdoulaye Chérif Diaby : Dans ce tohu-bohu, je n’ai pas perdu beaucoup de temps à Donka. Il y avait beaucoup de blessés ; mais, je ne pouvais pas savoir s’ils étaient accompagnés de leurs parents. Puisqu’il me fallait retourner rapidement au bureau pour essayer de chercher les moyens pour la prise en charge de ces blessés.

Le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara : Est-ce qu’il y a une archive qui peut nous dire quelque chose sur la restitution de ces 57 corps que vous avez vu ?

Abdoulaye Chérif Diaby : Le gouvernement à l’époque avait constitué un comité de restitution des corps qui était dirigé par le ministre des affaires religieuses de l’époque, Koutoubou  Sanoh.

Le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara : Mais, est-ce que ces corps avaient été effectivement restitués ? Parce que vous étiez là.

Abdoulaye Chérif Diaby : Non, je n’étais pas là-bas. Parce que je ne suis pas membre de ce comité de restitution. C’est Moustapha Koutoubou Sanoh qui avait la gestion de ça. Je crois que la RTG a ces images archivées parce que ça s’est passé solennellement devant beaucoup de monde à Donka, à la mosquée Fayçal.

Le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara : Vous vous avez vu ces corps, est-ce que vous pouvez dire les cause de la mort ?

Abdoulaye Chérif Diaby : J’ai vu les corps ; mais, je n’ai pas vu les corps nus. Cela dépend de la compétence des médecins légistes. C’est eux qui peuvent nous dire. Moi, on me rend compte du nombre des blessés, nombre des morts. Quant aux différentes causes, cela relève de la compétence des médecins légistes. Le rapport que le médecin légiste m’a fait parvenir, il y a eu des gens morts par bousculades, par des armes létales et des armes blanches.

À suivre !

Propos enregistrés et décryptés par Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

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