Dadis a-t-il ordonné le massacre du 28 septembre 2009 ? « On ne peut pas connaître l’homme…», répond Abdoulaye Cherif Diaby

Le procès du massacre du 28 septembre 2009 se poursuit ce mardi, 15 novembre 2022, au tribunal criminel de Dixinn, délocalisé dans l’enceinte de la Cour d’Appel de Conakry. En ce 19ème jour du procès, c’est le Colonel Abdoulaye Chérif Diaby, ex ministre de la santé et de l’hygiène publique sous le règne du CNDD qui est à sa deuxième comparution. L’accusé continue de répondre aux questions des avocats de ses co-accusés, notamment sur la « dissimulation des corps »  et la « maltraitance » des victimes du massacre du 28 septembre à l’hôpital Donka.

Et, c’est en réponse aux questions de Maître Almamy Samory Traoré (un des avocats du capitaine Moussa Dadis Camara) que l’officier a parlé  de sa relation avec le président du CNDD, l’atmosphère dans lequel ils ont été accueillis à Labé, avant de répondre à cette question : « est-ce que le président Dadis est-il capable de donner des armes aux militaires d’aller massacrer les citoyens ? »

Ci-dessous, Guineematin.com vous propose une partie de la phase questions-réponses entre Me Almamy Samory Traoré et l’accusé Abdoulaye Chérif Diaby :

Me Almamy Samory Traoré : À partir de quand vous avez connu le président Dadis ?

Abdoulaye Chérif Diaby : Le Président Dadis s’occupait du carburant au Camp Samory et moi j’étais à la santé. Je l’ai connu en 1990 parce qu’il est de la classe 90 après leur recrutement.

Me Almamy Samory Traoré : Qu’est que vous saviez de lui avant la prise du pouvoir ?

Abdoulaye Chérif Diaby : Une personne généreuse. Un Monsieur généreux.

Me Almamy Samory Traoré : Vous tenez ces informations là de qui ?

Abdoulaye Chérif Diaby : De mes collègues militaires.

Me Almamy Samory Traoré : Donc, vous confirmez devant ce tribunal et devant le peuple de Guinée la générosité du capitaine Dadis ?

Abdoulaye Chérif Diaby : Je confirme devant ce tribunal la générosité du Capitaine Moussa Dadis.

Me Almamy Samory Traoré : Quand vous étiez parti lui rendre compte, dans quel état vous l’aviez trouvé ?

Abdoulaye Chérif Diaby : Il était énervé, très en colère ! Il avait l’air inquiet. Il ne m’a même pas dit de m’asseoir. Il me dit : immédiatement, vous me faites le devis de tous les blessés jusqu’à leur nourritures.

Me Almamy Samory Traoré : Selon vous, pourquoi était-il en colère ?

Abdoulaye Chérif Diaby : Je crois que c’est parce qu’on l’a informé de ce qui s’est passé au stade. Il avait l’air vraiment préoccupé.

Me Almamy Samory Traoré : Avant le 28 septembre, le président Dadis s’était rendu à Labé. Étiez-vous à Labé ?

Abdoulaye Chérif Diaby : Oui, j’étais à Labé.

Me Almamy Samory Traoré : Quelle était l’ambiance à l’arrivée du président Dadis à Labé ?

Abdoulaye Chérif Diaby : L’ambiance était bonne. Il y avait une foule. C’était au stade Saïfoulaye Diallo.

Me Almamy Samory Traoré : Le président Dadis se sentait-il aimé par la population à l’époque avec toute cette foule ?

Abdoulaye Chérif Diaby : En tout cas, je l’ai vu gai Au retour, il nous disait : vous avez vu comment la population nous a accueillis à Labé ?

Me Almamy Samory Traoré : Est-ce que vous pensez que quelqu’un qui venait d’être accueilli par une foule avec l’enthousiasme qui a caractérisé cette réception-là pouvait le lendemain donner des armes, des instructions à des militaires pour aller au stade massacrer une population ?

Abdoulaye Chérif Diaby : Maître, ça m’étonnerais. Je sais qu’il est généreux. Franchement, ça m’étonnerait. Bien que l’homme, on ne peut pas connaître l’homme. Mais, ça m’étonnerait.

Propos enregistrés et décryptés par Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

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