Mohamed Kourouma, PDG de Hamana SA : « nous réclamons 28 millions de dollars à Ecobank-Guinée »

C’est l’un des principaux facteurs à l’origine de la crise qui a secoué le secteur bancaire guinéen en juillet dernier. Le contentieux opposant Ecobank-Guinée à la société Hamana SA semble loin encore de trouver son épilogue. Dans une déclaration publiée ce mercredi, 16 novembre 2022, Mohamed Kourouma, le PDG de Hamana SA, est revenu longuement sur ce dossier. Il a fait savoir que son entreprise réclame toujours 28 millions de dollars, soit près de 120 milliards de francs guinéens à Ecobank-Guinée.

Guineematin.com vous propose ci-dessous l’intégralité de sa déclaration :

Mesdames et Messieurs

Très chers invités,

Nous nous faisons le devoir de vous présenter aujourd’hui, encore une fois la situation des créances qui existe entre Ecobank-Guinée et la société Hamana SA qui n’a que trop durée.

Le Guinéen doit être informé.

Il y a eu des jugements au niveau du tribunal de première instance de Kaloum et à la Cour d’Appel de Conakry.

Ecobank-Guinée a été condamnée par la Cour d’Appel de Conakry, en la sommant de rembourser le trop-perçu. En conséquence, nous réclamons à juste titre à Ecobank-Guinée les sommes de 103.751.371.217,28 GNF et 16.265.268,16 USD soit un montant total de 28.000.000 USD après conversion.

Quand le jugement a été rendu le 12 janvier 2021, suivant l’arrêt N 017/01/2021 au lieu de transférer le dossier à la CCJA d’Abidjan pour contester le jugement, elle est allée saisir le ministre de la justice d’alors Mr Mory DOUMBOUYA pour bloquer la grosse du jugement. Celui-ci a ramené le dossier à son ministère, cela n’existe nulle part ailleurs. Si un dossier a déjà fait l’objet de jugement, un ministre n’a pas le droit de revenir sur cette décision.

Dans un premier temps, le ministre a voulu faire signer le protocole d’accord entre les sociétés Hamana SA et Ecobank-Guinée.

Moi, Mohamed Kourouma, PDG de la société Hamana, n’étant pas convaincu de ce protocole d’accord, je leur ai dit que le mieux est de partir à la CCJA à Abidjan pour l’étape suivante. Malgré tout, Mr le ministre Mory Doumbouya nous a fait signé un protocole d’accord entre Ecobank-Guinée et la société Hamana. Cette convention nous a obligé de faire appel au service de cinq autres experts comptables afin de reprendre les comptes qui ont déjà fait objet de jugement. Ce qui fut fait.

La décision de la cour d’appel a été rendu suite aux rapprochements des comptes des premiers experts comptables. Ceux-là n’ont pas réclamés plus de 40.000 000 fg comme frais d’honoraire. Quant aux cinq experts comptables désignés après le protocole d’accord, Ils nous ont exigé au début de payer chacune (société Hamana et Ecobank-Guinée) la somme de 600.000.000 fg au lieu de 40.000.000 fg. Les cinq experts comptables ont affirmé que dans un délai d’un mois les comptes seront finis.

Après un certain temps, ils sont revenus à la charge de faire un autre paiement de 600.000.000fg chacune.

La société Hamana, elle seule a payée 1.200.000.000fg. Au lieu de faire un mois de prestation, comme convenu il leur a fallu quatorze mois avant de rendre leur résultat.

Le relevé de compte qui a été fourni par Ecobank-Guinée pour faire les comptes, a été reconnu par la société Hamana.

Ce même relevé de compte a servi d’outils pendant six (6) ans aux experts comptables, mais les cinq experts comptables quant à eux, ont présenté d’autres dossiers qu’on ne leurs a pas fourni. C’est en ce moment que la société Hamana est sortie de la convention qui existait entre elle et Ecobank-Guinée, puisque du début à la fin tout cela était fait dans le seul but de nous tromper. Entre temps est intervenu la prise de pouvoir, un nouveau Gouvernement a été mis en place, le ministre de la justice a été remercié.

C’est à la lumière de ce changement que le dossier a été débloqué, et la société Hamana a déposé la grosse pour réclamer son argent.

C’est dans ce cadre que l’huissier a déposé la grosse du jugement à Ecobank-Guinée. Il a fait la saisie de 25 voitures de la banque, ensuite, il s’est rendu à la banque centrale pour saisir son compte.

Après cet acte posé par l’huissier, la banque passe par les syndicats pour bloquer toutes les banques de la Guinée pendant une semaine.

Le dossier qui a déjà fait l’objet de jugement au tribunal de Première Instance et à la Cour d’Appel, pendant qu’on est en train de leur réclamer notre argent, la banque est revenue encore sur ce même dossier pour faire une autre assignation pour tromper les magistrats au lieu de partir à Abidjan.

Ecobank-Guinée a adressé une citation directe au PDG de la société Hamana Mr Mohamed Kourouma pour qu’il vienne à la barre afin de s’expliquer sur la grosse de jugement délivrée par la justice. Elle a aussi prétendu que la grosse du jugement n’a pas été payé à l’impôt et que l’enregistrement n’a pas été fait non plus, nous nous inscrivons en faux, car l’enregistrement a été déjà fait et que la somme de 1.328.781.286 FG a été payée l’impôt par la société Hamana.

Ecobank-Guinée a aussi fait l’assignation au tribunal de commerce dans le but de faire annuler la saisie des 25 voitures faites par l’huissier. La banque centrale quant à elle, a dit à l’huissier qu’avec le jugement de justice on ne peut saisir le compte en banque d’Ecobank-Guinée, et pour cause les responsables des différentes banques primaires sont allés convaincre le président d’alors Mr Alpha Condé en 2017 pour enlever la décision de justice des banques privées à la banque centrale.

Il s’agit de la Loi L/2017/017/AN du 08 juin 2017 abrogeant la loi L/2016/064/AN du 02/07/2014 portant statut de la Banque Centrale de la République de Guinée. Si l’Etat est condamné par une décision de justice pour un paiement, il s’acquitte, mais au contraire, quand Ecobank-Guinee est condamnée par cette même décision de justice, elle ne peut être exécutée..

Donc, Ecobank-Guinee jouit de cette situation pour faire du mal aux guinéens, bref, en possédant une décision de justice on ne peut rien faire contre Ecobank-Guinee. Suite au recours d’Ecobank-Guinée, le président du tribunal de commerce Mr Sékou Kandè a annulé la saisie des 25 voitures soit disant qu’il y a un protocole d’accord entre Ecobank-Guinée et la société Hamana.

En parlant de ce protocole d’accord, ni le ministre de la justice d’alors, ni un membre de son cabinet, n’ont apposé une quelconque signature. Ce protocole d’accord n’a jamais été homologué par la justice, ni par le notariat.

Le président du tribunal de commerce Mr Sékou kandè a annulé cette décision de la justice à cause d’un simple protocole d’accord, ce qui va sans dire que le protocole d’accord entre Ecobank-Guinée et la société Hamana est plus fort que la décision de justice.

C’est le peuple avec ses douze millions de personnes qui a voté pour l’application d’une loi. C’est ce même peuple qui nomme les membres de la justice pour surveiller cette loi, mais Ecobank- Guinée qui ne détient pas plus de 500 employés est considérée plus que cette loi-là. En Guinée, la loi est bafouée, les gens n’ont aucunement pas peur d’elle.

Aujourd’hui, moi, je suis commerçant, avant le 05 septembre 2021, le dollar s’échangeait entre 11 500 et 12 000fg.

Après le 05 septembre 202, le dollar s’est situé entre 8 000 et 8 800fg.

Par exemple, avant le 05 septembre 2021, le sac de sucre en poudre se vendait à 450 000fg.

Aujourd’hui, il se vend en gros à Madina à 345 000fg le sac. Le riz étuvé avant le 05 septembre 2021 était à 350 000fg, après 05 septembre 2021, il se vend entre 260 000 et 265 000fg le sac.

Si tout autre produit subit une augmentation, cela serait dû à son lieu de provenance ou une augmentation du fret ou la non application de la loi.

A cause de la guerre en Ukraine, la monnaie s’est dépréciée partout sauf en Guinée, puisque le CNRD a appliqué à 90 % la loi sur tout ce qui peut faire varier la monnaie.

Si le CNRD réussit à appliquer la loi à 90% sur les autres facteurs importants comme il a fait sur la monnaie, cela entrainera la résolution du problème qui assaille notre pays la Guinée.

En Guinée, les gens ne respectent pas la loi, il se trouve que c’est l’employé qui est au-dessus de la loi, alors que, c’est tout à fait le contraire.

Si la loi n’est pas respectée dans un pays, il ne saurait y avoir d’emploi.

Je vous remercie

Conakry, le 16 novembre 2022

Le Conférencier

Monsieur Mohamed KOUROUMA

Président Directeur Général

Mohamed Kourouma, président Directeur Général de la société Hamana SA
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