Colonel Claude Pivi : « ce pays-là était sous mon contrôle… j’ai fait la guerre du Liberia, de la Sierra Leone »

Colonel Claude Pivi, alias Coplan, ancien ministre de la Sécurité présidentielle

Comme annoncé précédemment, le procès du massacre du 28 septembre 2009 se poursuit ce mardi, 22 novembre 2022, devant le tribunal de première instance de Dixinn (délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry). Et, c’est le Colonel Claude Pivi alias ‘’Coplan’’ qui est présentement à la barre. Il est le 8ème accusé (parmi les 11) à comparaitre dans ce dossier pour répondre des faits d’« assassinat, viol, séquestration,… » qui pèsent à son encontre. Il était le ministre chargé de la sécurité présidentielle au moment de ce massacre au stade de Conakry. Et, à la barre ce mardi, il a réfuté toutes les accusations qui ont été articulées contre lui.

Dans sa déposition devant le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara, le Colonel Claude Pivi a évoqué son ‘’brillant’’ parcours militaires. Il a notamment évoqué sa participation aux forces de rétablissement et maintien de paix au Libéria et en Sierra Léone (deux pays frontaliers à la Guinée qui ont longtemps été en proie à des rebellions). Il a aussi révélé le rôle qu’il a joué dans les ‘’mutineries’’ pendant le régime du feu Général Lansana Conté et sa connaissance  des armes.

« Je ne veux pas entrer dans tous les détails, parce que tous ceux qui sont là, personne ne peut dire qu’il a fait la guerre dans la sous-région plus que moi. À très jeune âge, j’ai fait tous les trois fronts. J’ai fait la guerre du Liberia, la guerre de la Sierra Leone où les officiers guinéens nous ont laissé là-bas pour courir à pieds pour venir à Boké. Moi je suis resté là-bas, j’étais en grade sergent en Guinée-Bissau. J’ai fait les trois fronts, je connais l’arme. Je ne blague pas avec l’arme. Et même dans ce pays, tout le monde connaît. Au moment où il y a eu des révoltes militaires, les militaires ont jugé nécessaire de me placer comme leur porte-parole. Ça, c’est à cause de mon acte de bravoure que j’ai fait au Libéria. Et, on a fait face au Général Conté, le président de la République. Chacun connaît où on était. Ce pays-là était sous mon contrôle pendant quelques semaines. Mais, je n’ai pas fait du mal à quelqu’un, même un seul garde du corps. Mais, eux ils ont tiré l’arme sur moi comme ils peuvent. Mais, ce que je voulais, c’était le dossier des militaires pour donner main à main au président Conté et je l’ai donné. Je suis parti jusqu’au palais présidentiel, je lui ai donné. Il m’a demandé : comment tu es entré au palais ? J’ai dit que j’ai trop de bagages sur moi qui peuvent me permettre d’entrer ici. Voilà le papier, il faut signer et il a signé. Cela fut fait, la libération des militaires guinéens en général même le ravitaillement des militaires sont rentrés en ordre. Mais, même un coup de feu, je n’ai pas fait. Quand je suis content dans la guerre, je ne touche pas l’arme. Chacun connaît et l’armée guinéenne est témoins de qui je suis. Mais, si on se trouve devant le barreau aujourd’hui, c’est normal. On doit venir se justifier ; sinon, on a trop rendu la paix à ce pays. Il y a combien de milliers de boutiques que j’ai protégées. On se sacrifiait la nuit, de 18 heures jusqu’à 6 heures à Conakry ici pour maintenir à corps les criminels », a déclaré Claude Pivi.

Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

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