Mamadou Bhoye Sylla, père de M’mah Sylla, au TPI de Mafanco : « si quelqu’un va à l’hôpital, c’est pour avoir la santé »

Mamadou Bhoye Sylla, père de feue M'mah Sylla

Comme indiqué dans nos précédentes dépêches, le procès dans l’affaire M’mah Sylla se poursuit au tribunal de première instance de Mafanco. Après l’accusé Dr Sébory Cissé, c’est le père de la défunte M’mah Sylla qui a fait sa déposition. Monsieur Mamadou Bhoye Sylla a parlé des péripéties vécues par sa fille entre la clinique du Dr Célestin Millimono (l’accusé qui est en fuite) et celle du Dr Sébory Cissé.

« Si quelqu’un va à l’hôpital, c’est pour avoir la santé, pas pour tomber malade ». C’est par ces mots que monsieur Mamadou Bhoye Sylla, père de M’mah Sylla, a commencé à livrer sa version des faits, lorsqu’il a été appelé à la barre par le tribunal criminel de Mafanco au retour de la pause de 30 minutes, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui suit ce procès.

« M’mah Sylla était malade. Elle m’a dit quand je bois de l’eau ça ne passe pas, je lui ai dit vas voir à l’hôpital si tu n’as pas une gastrite. Je lui ai donné de l’argent pour aller faire la visite. À son retour, elle m’a dit, je suis allée faire la visite et on m’a prescrit une ordonnance, j’ai payé les produits. Et, on m’a dit le lendemain matin d’aller faire les injections. Je suis sorti pour aller me débrouiller, elle aussi est sortie. Je suis revenu pendant la journée ; mais, elle n’était pas là-bas. Je suis sorti pour continuer mon travail. Quand je suis revenu le soir, je lui ai demandé si elle avait fait les injections, elle a dit non. Et elle m’a dit : « je suis allée là-bas mais jusqu’à présent je n’ai pas la santé parce que mon corps me fait mal et mon cœur me fait mal aussi (…) ». Le 25 août (2021), elle est partie chez Patrice à 7 heures, elle est restée là-bas jusqu’à 16 heures. Ma maman est venue à la maison et elle a demandé où était M’mah Sylla, je lui ai dit qu’elle était chez Patrice. Ma maman est allée là-bas ; mais, il n’y avait personne dans la cour et le numéro de M’mah Sylla ne passait pas. Patrice est venu, il lui a dit que M’mah était sur une moto mais que son état de santé était grave. Elle avait un kyste et que s’il n’était pas opéré, elle allait mourir. Maman m’a appelé pour aller la voir ; mais, elle ne pouvait pas marcher. J’ai demandé à Patrice, qu’est-ce qui était arrivé à mon enfant. Il a dit qu’elle avait un kyste et que si elle n’était pas opérée, elle allait mourir. On est partis à Sangoya, à Cosa, près du Camp Alpha Yaya. On a fait l’échographie et ils ont dit que le kyste était remonté ; donc, il fallait l’opérer. Mais, j’ai dit que je ne voulais pas parce qu’ils n’ont pas le matériel là-bas. Patrice a dit qu’il a un ami, Pierre, qui travaille à Donka, qui allait venir avec le matériel. J’ai quitté pour aller chercher l’argent ; mais, je n’ai pas trouvé suffisamment. Le 2ème jour, vers le soir, elle s’est réveillée, elle m’a appelé ; mais, elle a dit « je souffre ! Et, dans mon ventre, on dirait qu’il y a du feu ». J’ai appelé Patrice pour lui dire que quelqu’un ne peut pas opérer une personne sans s’occuper d’elle. Patrice et Célestin sont venus pour faire le pansement. Ils nous ont demandé de sortir ; mais, elle pleurait beaucoup et cela me faisait mal. Un jour, Patrice est venu avec un jeune de rien du tout, je suis allé voir Patrice pour lui demander comment ils peuvent envoyer un jeune de rien du tout pour faire des injections. Patrice a dit que le jeune ne reviendrait plus là-bas et que c’est Daniel qui viendrait pour faire le pansement. Mais, ma fille ne mangeait pas, ne buvait pas et ne dormait pas. Patrice, Daniel et Célestin sont venus chez moi pour le pansement ; mais, ce jour, j’ai dit que ça va se faire devant moi. Célestin a dit que je parlais trop, eux ils ont l’habitude de faire des travaux plus durs que ça. Ils ont montré son ventre, j’ai crié euh vous pouvez opérer ma fille avec 80 cm (taille de l’incision), j’ai dit qu’elle ne va pas rester ici. Après, elle a été emmenée chez Dr Cissé, il a dit qu’il ne pouvait pas la toucher sans la présence de ses parents. Il a dit que la façon dont l’opération a été faite, ce n’est pas comme ça qu’on le fait », a expliqué Mamadou Bhoye Sylla, avant de répondre longuement aux questions des avocats de la défense et ceux de la partie civile.

À préciser que M’mah Sylla subira deux opérations chez Dr Sébory Cissé, avant d’être référée à Ignace Deen où elle a également eu des interventions chirurgicales, avant d’être évacuée en Tunisie. Elle y a finalement rendu l’âme le 20 novembre 2021.

Les avocats de la partie civile ont demandé la comparution Dr Djalikatou Camara, Hussein et professeur Aïssatou Taran en service à l’époque des faits à Ignace Deen

Ceux de la défense ont également sollicité la comparution de Fatoumata Koulibaly, mère de M’mah Sylla, pour comprendre ce qui s’était passé à la clinique de Dr Sébory Cissé et Hadja Djamilatou Sow, grand-mère de M’mah Sylla.

Le tribunal a finalement renvoyé l’affaire au 30 novembre 2022 pour la suite des débats et la comparution des personnes citées plus haut.

De retour du tribunal de Mafanco, Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com 

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