Procès du 28 septembre : le Colonel Claude Pivi (Coplan) malmené par Me Hamidou Barry

Colonel Claude Pivi, alias Coplan, ancien ministre de la Sécurité présidentielle sous le Capitaine Moussa Dadis Camara

Comme précédemment annoncé, le Colonel Claude Pivi alias Coplan est derrière la barre pour la 2ème journée de suite ce mercredi, 23 novembre 2022, pour répondre aux questions du tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à la Cour d’appel de Conakry. Après sa déposition et les questions du juge, Ibrahima Sory 2 Tounkara, et du parquet, l’accusé a été interrogé par les avocats de la partie civile.

Face à la pertinence des questions de maître Hamidou Barry, l’un des avocats de la partie civile, l’ancien ministre chargé de la sécurité présidentielle sous le CNDD, le Colonel Claude Pivi alias Coplan, s’est vu sérieusement malmené.

Devant les innombrables questions de l’avocat, cet ancien poids lourds de la junte du CNDD a multiplié les réponses du genre « je n’en sais rien ! Je n’en sais pas ! Non… », parfois dans un air agaçant.

En bon pédagogue, l’avocat a rappelé les droits de l’accusé et ses chefs d’inculpation, avant d’enchaîner ses questions.

Un journaliste de Guineematin.com a décrypté pour vous certains échanges entre Maître Hamidou Barry et Claude Pivi :

Me Hamidou Barry, avocat

Maître Hamidou Barry : est-ce que vous êtes d’accord avec moi que la source de ce problème est le fait que vous, en tant que militaire, bien sûr le Capitaine Moussa Dadis Camara en tête, vous avez voulu confisquer le pouvoir après 2010 ?

Colonel Claude Pivi : non !

Maître Hamidou Barry : lorsque vous avez déclaré, on a voulu gâter notre travail. C’est quel travail vous parlez ?

Colonel Claude Pivi : je n’ai pas dit ça.

Maître Hamidou Barry : à votre arrivée au camp pour informer le Président Dadis, quelles sont les personnes qui étaient avec lui ?

Colonel Claude Pivi : j’ai déjà dit cela hier

Maître Hamidou Barry : est-ce que vous maintenez qu’il y a eu des militaires qui ont tiré au stade, je ne dis pas c’est vous ?

Colonel Claude Pivi : je n’ai pas dit cela.

Maître Hamidou Barry : quand on dit que l’armée était incontrôlée et les militaires indisciplinés. Est-ce que vous pouvez le donner cinq noms de hauts gradés indisciplinés incorporés dans l’armée guinéenne ?

Colonel Claude Pivi : je n’en sais rien

Maître Hamidou Barry : est-ce que vous êtes prêts à être mis en confrontation avec le Commandant Aboubacar Diakité dit Toumba ?

Colonel Claude Pivi : bien sûr. Je suis prêt.

Maître Hamidou Barry : dites moi par le Commandant Aboubacar Diakité dit Toumba a déclaré ici que vous aviez votre centre de détention, le Colonel Moussa Tiegboro également tout comme le Colonel Issa Camara qui avait son tribunal. Qu’est ce que vous avez à nous dire sur votre centre de séquestration, détention arbitraire et illégal ?

Colonel Claude Pivi : moi j’ai dit que j’avais mon bureau à part.

Maître Hamidou Barry : est-ce que vous savez que c’est grâce au Barreau de Guinee sous l’égide de Maître Sampil que ce tribunal qui jugeait les conflits au camp a disparu?

Colonel Claude Pivi : là, je n’en sais rien.

Maître Hamidou Barry : dans votre procès verbal devant la commission rogatoire du 30 avril 2016, vous avez déclaré ceci. *C’est Dadis qui a désigné Tiegboro pour assurer le maintien d’ordre*. Qu’est ce vous répondez ?

Colonel Claude Pivi : je n’ai pas de réponse.

Maître Hamidou Barry : est-ce que lors de votre interrogatoire devant le PM, vous avez été soumis à des tortures ?

Colonel Claude Pivi : non

Maître Hamidou Barry : Là je suis vraiment satisfait. Dans votre procès verbal interrogatoire du 30 avril 2011, *J’ai vu Marcel le lendemain bien portant*. Vous le confirmez?

Colonel Claude Pivi : non ! Je ne sais rien.

Maître Hamidou Barry : aux environs de 17 heures-18 heures, le 28 septembre, des civils vous ont aperçu au petit lac, quittant vers la résidence privée du Général Sékouba Konaté ?

Colonel Claude Pivi : non

Maître Hamidou Barry : vous connaissez quand même la résidence privée du Général Sékouba Konaté, à Taouyah. Vous connaissez son domicile ?

Colonel Claude Pivi : je connais son domicile.

Maître Hamidou Barry : où était établi le siège du ministère de la défense nationale de 2009 à 2010 ?

Colonel Claude Pivi : c’est au camp Alpha Yaya Diallo là-bas.

Maître Hamidou Barry : le camp Kaliya. Qu’est ce que vous avez a dire la dessus ?

Colonel Claude Pivi : j’ai déjà répondu à cette question hier.

Maître Hamidou Barry : est ce vous savez que le Capitaine Moussa Dadis Camara, dans son procès verbal du 13 juillet 2015, *je reconnais qu’il y a eu un recrutement militaire, à la demande et sous l’autorité du ministre de la défense nationale, Sékouba Konaté*…

Colonel Claude Pivi : j’ai déjà parlé sur ça.

Maître Hamidou Barry : sur la même question, il a dit que c’est le Général Sékouba Konaté qui gérait cela et moi je n’ai jamais été à Kaliya. Qu’en pensez vous ?

Colonel Claude Pivi : j’ai dit hier que sur la situation de Kaliya, je n’ai pas été là-bas et je n’en sais rien.

Maître Hamidou Barry : est ce que c’était un complot contre votre pouvoir, votre système ? Puisque Toumba a déclaré ici que c’était un complot ourdi.

Colonel Claude Pivi : je n’en sais rien.

Maître Hamidou Barry : autre question sur Kaliya. Je voudrais vous demander, parce que le Commandant Aboubacar Diakité dit Toumba a déclaré dans son procès verbal du 23 mars 2017, le ministre de la sécurité présidentielle avait fait venir 400 hommes. Il vous cité. Il est là. Quelle réponse.

Colonel Claude Pivi : je n’en sais rien.

Maître Hamidou Barry : que savez-vous de la cellule de crise mise en place après les massacres du 28 septembre ?

Colonel Claude Pivi : je n’en sais rien.

Maître Hamidou Barry : qu’est ce que vous avez fait pour empêcher les tortures, l’esclave sexuel ?

Colonel Claude Pivi : s’il y a eu torture, moi je n’ai pas vu cela au camp.

Maître Hamidou Barry : quelle mesure aviez-vous prises pour empêcher ces tortures ?

Colonel Claude Pivi : je n’en sais rien.

Maître Hamidou Barry : un de vos coaccusés, en l’occurrence Paul Mansa, il a reconnu qu’il y a eu des tortures au camp Koundara. Qu’est ce vous en dites ?

Colonel Claude Pivi : je vous ai dit hier que je n’avais pas mis pied dans ce camp.

Maître Hamidou Barry : je voudrais vous demander, est-ce qu’il y a d’autres personnes qui sont impliquées de près ou de loin que pouvez dire au tribunal ?

Colonel Claude Pivi : je n’en sais pas.

Maître Hamidou Barry : est-ce que vous savez que le fait d’attaquer des civils désarmés par des hommes en tenue avec des armes de guerre, est grave ?

Colonel Claude Pivi : ça c’est grave.

Maître Hamidou Barry : que savez vous de ces camions chargés de cadavres et de leur destination ?

Colonel Claude Pivi : je n’ai pas vu ni entendu.

Maître Hamidou Barry : est-ce que vous acceptez les conclusions de la commission d’enquête internationale ?

Colonel Claude Pivi : quand même, je les ai vus. Ils sont venus à mon bureau.

Maître Hamidou Barry : hier, vous avez déclaré, « nous voulions conserver le pouvoir ». Est-ce en confisquant en tant que militaires ou bien c’est en se présentant à des élections ?

Colonel Claude Pivi : ce n’est pas vrai.

Maître Hamidou Barry : vous étiez fiers d’avoir fait le coup d’Etat ?

Colonel Claude Pivi : je n’ai pas de réponse.

Maître Hamidou Barry : est-ce que vous savez que Dieu qui nous a crées connait ce qui s’est passé.

Colonel Claude Pivi : moi même je prie le Dieu de rendre une justice claire et nette.

A noter que le colonel Claude Pivi est le huitième accusé à comparaître dans ce procès des crimes du 28 septembre. Il a été appelé à la barre après le colonel Moussa Tiegboro Camara, le capitaine Marcel Guilavogui, le commandant Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba, le capitaine Cécé Raphaël Haba, le colonel Abdoulaye Chérif Diaby, le colonel Ibrahima Camara dit Kalonzo et le Margis-Chef Mamadou Aliou Keïta.

À rappeler qu’ils sont accusés de meurtres, assassinats, vols, pillages, incendies volontaires, vol à main armées, coups et blessures volontaires, outrage à agents de la force publique, tortures, enlèvements et séquestrations, non assistance à personnes en dangers, violences sexuelles, attentats à la pudeur, détention de matériel de guerre de première catégorie et complicité dans ce massacre qui a fait plus de 157 morts le 28 septembre 2009, plusieurs dizaines de femmes violées et des centaines de blessés.

À suivre !

Abdallah Baldé pour Guineematin.com

Tél. : 628089845

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