Affaire des conteneurs de médicaments à la CRIEF : « j’importais les médicaments parce que ce n’était pas interdit en Guinée », dit un des 18 prévenus

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« Je vendais les médicaments parce que l’Etat n’avait pas interdit aux non professionnels de vendre les médicaments. Je n’avais ni agrément, ni autorisation pour importer les médicaments, ni les vendre ; mais, cela n’avait été interdit à personne, même si on dit que c’est un exercice illégal. Et, pendant tout le temps que j’ai vendu des médicaments, personne n’est venue un jour pour se plaindre d’avoir trouvé que les médicaments sont mauvais. Mais, sur tout ça, je reconnais que je l’ai fait. Je présente mes excuses à la Cour et vous demande, monsieur le président, de me pardonner. Je vous demande également de m’aider à savoir si mes médicaments sont mauvais pour que je puisse en informer la société qui me les a vendus afin de demander qu’elle rembourse mon argent. Puisque j’ai toutes les pièces de mes commandes et les pièces des produits fournis. Si c’est mauvais, que l’usine me rembourse », a déclaré Alpha Amadou Barry.

Ils sont au total 18 prévenus qui sont poursuivis devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) dans une affaire portant sur l’exercice illégal de la profession de pharmacien, usurpation de titre et atteinte à la santé publique. Il s’agit de Mamadou Alpha DIALLO, Lamine KABA alias Loubama, Goffing SOUMAORO, Sory CISSE, Mamadou DIALLO, Souaibou KONATE, Chérif BARRY, Alpha BARRY, Mamadou Tanou BARRY, Abdoulaye DIALLO, Lancinet FOFANA, Elhadj Bakary SIDIBE, Abdoulaye DIALLO, Mamadou CHERIF, Sadou Sow, Ehadj Sanoussy DANSOKO, Ayouba Souaré, Elhadj Sayon CAMARA (tous non-détenus). Mais, sur ces 18 prévenus, seuls deux (Alpha Amadou Barry et Mamadou Alpha Diallo) ont comparu ce jeudi, 24 novembre 2022, devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Les 16 autres ont brillé par leur absence, a constaté un reporter que Guineematin.com a dépêché sur place.

Alpha Amadou Barry et Alpha Mamadou Diallo, poursuivis devant la CRIEF pour des faits d’exercice illégal de la profession de pharmacien, usurpation de titre et atteinte à la santé publique ont donc comparu de nouveau ce jeudi, 24 novembre 2022, devant le juge Francis Kova Zoumanigui, assisté de Tahirou Baldé et de Mohamed Samoura. À l’ouverture des débats, Alpha Amadou Barry, qui avait nié les charges qui pèsent sur lui a fini par les reconnaître et sollicité la clémence de la Cour. Contrairement à ce dernier, Alpha Mamadou Diallo, qui dit être marchand et vendeur de chaussures, a, lui, maintenu ses déclarations qu’il a faites lors de sa dernière comparution. Il a nié les infractions articulées contre lui.

Le mea-culpa et les excuses de M. Alpha Amadou Barry

Lors de la précédente audience, Alpha Amadou Barry, avait nié les faits qui lui sont reprochés. Mais, à la barre, ce jeudi, devant le juge Francis Kova Zoumanigui, il revient sur ses déclarations en reconnaissant les les charges qui pèsent contre lui.

« Monsieur le Président, la dernière fois, j’avais nié les accusations portées contre moi. Mais, je voudrais dire à la Cour, pour ne pas retarder, que je reconnais les faits et je demande pardon à la Cour. Je vous présente toutes mes excuses. L’autre fois, j’ai nié les faits à cause de mon état de santé et ce que les gens disent de la CRIEF. J’avais beaucoup peur de la CRIEF. Mais, je suis désormais rassuré parce que j’ai trouvé que les gens qui sont là sont comme moi. Je reconnais les faits. J’ai importé des médicaments dans 3 conteneurs qui sont arrivés au port. Ces 3 conteneurs font partie des conteneurs saisis par les autorités.

Moi, je ne suis pas allé à l’école même une seule fois. Moi, c’est l’arabe (la lecture et l’écriture du Coran) que j’ai appris. Mais, je parle français, anglais et poular. J’ai commencé à vendre les médicaments en 2012. En ce moment, je transportais les médicaments sur la tête pour aller d’un point à un autre. C’est en 2020 que j’ai commencé à importer les médicaments. Depuis que j’ai commencé à vendre les médicaments, je n’ai pas vendu en détail et aux consommateurs directs. Je vends en gros. Et, pour importer, ce sont des spécialistes qui connaissent bien les médicaments, qui savent lire et écrire, qui viennent faire des commandes à mon niveau parce qu’eux n’ont pas les moyens pour importer les médicaments. S’ils font les commandes à mon niveau, moi aussi, à mon tour, je transmets leurs commandes à la société de fabrication qui se trouve en Inde pour satisfaire les clients. Quand les médicaments arrivent dans les conteneurs au port, mon transitaire m’appelle pour me dire que les produits sont arrivés, je paie l’argent. Après, ils les débarquent et les envoient au niveau de la société au nom de laquelle j’importe les médicaments, avant de les mettre dans des camionnettes et les acheminer dans mon magasin au marché de Madina.

Je vendais les médicaments parce que l’Etat n’avait pas interdit aux non professionnels de vendre les médicaments. Je n’avais ni agrément, ni autorisation pour importer les médicaments, ni les vendre ; mais, cela n’avait été interdit à personne, même si on dit que c’est un exercice illégal. Et, pendant tout le temps que j’ai vendu des médicaments, personne n’est venue un jour pour se plaindre d’avoir trouvé que les médicaments sont mauvais. Mais, sur tout ça, je reconnais que je l’ai fait. Je présente mes excuses à la Cour et vous demande, monsieur le président, de me pardonner. Je vous demande également de m’aider à savoir si mes médicaments sont mauvais pour que je puisse en informer la société qui me les a vendus afin de demander qu’elle rembourse mon argent. Puisque j’ai toutes les pièces de mes commandes et les pièces des produits fournis. Si c’est mauvais, que l’usine me rembourse », a déclaré Alpha Amadou Barry.

Nécessité de faire comparaître l’adjudant chef Aminata Sylla, l’officier enquêteur

Contrairement à son prédécesseur, à son tour à la barre, Mamadou Alpha Diallo, a complètement rejeté les accusations articulées contre lui, expliquant avoir été arrêté par erreur, jurant n’avoir jamais vendu de médicament…

« Je ne reconnais pas les faits. Moi, je ne connais rien dans l’affaire de médicaments. Je suis vendeur de chaussures. C’est quand la chambre de commerce a fait appel à tout le monde à Madina pour aller au haut commandement pour aider les gens dont les conteneurs sont saisis par les autorités afin qu’ils récupèrent leurs conteneurs, qu’on nous a interpelés au commandement de la gendarmerie pour nous dire que nous sommes tous vendeurs de médicaments. Mais, moi, je n’ai jamais vendu de produits pharmaceutiques. Ce sont des chaussures que je vends. Donc, je ne reconnais pas les faits. C’est l’officier qui a écrit dans le procès verbal et m’a fait signer ce que je n’ai pas dit. Quand il m’interrogeait, on ne se comprenait pas », a dit Mamadou Alpha Diallo.

Finalement, la Cour a renvoyé l’affaire au 8 décembre 2022 pour la comparution de l’officier enquêteur, l’adjudant chef Aminata Sylla.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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