Rupture des contrats des Guinéens au profit des Chinois à Boffa : Chalco Guinée compagnie assignée en justice

La société minière chinoise Chalco Guinée compagnie, qui évolue dans la préfecture de Boffa, a maille à partir avec les entreprises locales et les populations riveraines. Cette société, qui rompt de façon abusive ses contrats avec les Guinéens, utilise des chinois même pour des petits boulots normalement réservés exclusivement à la main d’oeuvre locale. Victime, de cette pratique, comme plusieurs autres, Alsény Sylla a décidé de ne pas laisser tomber cet affront. Le patron de l’Agence de transport et d’échange de pièces (ATEP) multi services,  interrogé par un journaliste de Guineematin.com, ce jeudi 24 novembre 2022, a décidé de saisir la justice.

Depuis quelques jours, l’ATEP multi services a décidé de traduire en justice la compagnie minière Chalco Guinée compagnie pour rupture abusive de contrat. Le dossier est actuellement au tribunal de commerce de Conakry.

Aboubacar Sylla, le patron de l’ATEP multi services, après avoir honorablement accompli son devoir vis-à-vis de la compagnie demande à être rétabli dans ses droits.

Aboubacar Sylla, PDG de l’APEP multi services

« Je suis le Président Directeur Général de la société ATEP multi services. Une société créée en 2020. Je suis basé à Boffa. J’ai eu un contrat d’entretien des véhicules de Chalco Guinée compagnie. J’ai eu un contrat de transport des tapis avec la société mère Chinalco. A la fin de ce contrat et à cause de sa bonne exécution, j’ai été rappelé par Chalco Guinée compagnie, alors que j’étais rentré chez moi. Chalco Guinée compagnie a exigé qu’on s’installe à côté de leur base. Il fallait donc construire et équiper un garage moderne à Boffa à coup de plusieurs milliards de francs guinéens. Je l’ai fait et j’ai engagé plusieurs dizaines de travailleurs locaux. Ce, conformément au contenu local de notre loi minière. Ils m’ont dit qu’il fallait passer trois mois d’essai avant de signer le contrat. Au terme de la période, au lieu de signer le contrat avec nous, ils ont signé avec des Chinois. Mais aujourd’hui, nous disons Dieu merci et merci au Président de la transition, le Colonel Mamadi Doumbouya. Depuis son arrivée à la tête du pays, il s’investit pour que la justice soit la boussole dans toutes les activités en Guinée. Il a également fait adopter une loi sur le contenu local. Même si beaucoup de sociétés minières restent toujours réticentes pour son application. Ceci dit, des responsables de Chalco Guinée compagnie et nous, avons rencontré le ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation, Mory Condé, qui nous a donné raison. Ils ont promis de signer le contrat avec nous sans jamais songer à le faire. Il faut réellement remercier les autorités guinéennes de la transition. Avant, le gouvernement combinait avec les sociétés sur le dos des Guinéens. Ce qui n’est plus le cas maintenant. Et c’est pourquoi, je reste confiant », a souligné M.Sylla.

Après avoir investi tout son avoir à Boffa dans ce garage, recruté un personnel qualifié et formé d’autres, Aboubacar Sylla qui comptait sur la bonne foi de Chalco Guinée compagnie, ne veut plus travailler avec des gens qui ne respectent pas leur engagement.

« Ce sont des gens qui ne respectent pas leur parole. Si nous sommes en justice aujourd’hui, c’est parce qu’ils ne respectent pas nos lois, ils ne respectent pas leur parole et n’ont à faire qu’à leur tête. Malgré les engagements pris, Chalco a refusé d’exécuter le contrat signé devant les autorités, la communauté et la société, le 20 janvier dernier. Maintenant, je veux être remboursé de tout ce que j’ai investi dans ce garage et je vais quitter ces lieux. Puisque les Chinois préfèrent travailler entre eux. Même le travail des Guinéens, le travail manœuvre, ils préfèrent envoyer un manœuvre chinois faire le travail. Nous souffrons en tant qu’entrepreneurs. Et les populations de Boffa, impactées par l’exploitation minière de la bauxite vivent difficilement. C’est inacceptable. Moi, je veux qu’on me rembourse et je vais quitter », se résout de demander ce jeune entrepreneur.

Pour obtenir gain de cause, il a choisi Maître Amadou Oury Diallo comme conseil de son entreprise. Selon l’avocat, le fond du dossier porte sur l’inexécution des obligations contractuelles de la société.

Maître Amadou Oury Diallo, avocat de l’ATEP multi services

« Nous sommes là dans le cadre de la procédure mise en œuvre par la société ATEP multi services sarl  contre la société Chalco Guinée compagnie relative à la rupture abusive du contrat dont mon client a été victime de la part de Chalco. Le fond du dossier porte sur l’inexécution des obligations contractuelles de la société Chalco Guinée Compagnie. Cette société avait sollicité et obtenu de l’ATET la prestation de services, principalement, l’entretien et la maintenance des véhicules de la flotte de Chalco. Finalement Chalco Guinée Compagnie n’a pas daigné respecter les clauses du contrat et de mauvaise foi, elle a rompu unilatéralement le contrat qui la lie avec mon client », a rappelé l’avocat.

Une procédure a été enclenchée à l’encontre de Chalco Guinée compagnie pour remettre l’ATEP dans ses droits.

« Au départ, plusieurs démarches ont été initiées pour trouver une solution à l’amiable. Mais face à l’insistance et malgré l’intervention de plusieurs personnes et responsables, les Chefs quartiers, les maires, les communautés ainsi que mon client lui-même. Ils se sont beaucoup investis auprès de la société. Mais malheureusement Chalco Guinée compagnie n’est pas revenir à de meilleurs sentiments en vue d’exécuter de bonne foi le contrat qui les lie. C’est ce qui nous a obligés à entreprendre cette procédure judiciaire qui, pour nous, est la mieux indiquée afin de faire respecter les droits et rétablir la société ATEP multi services dans ses droits », a précisé le Conseil de la société ATEP multi services.

Ce jeudi 24 novembre 2022, le tribunal de commerce de Conakry a procédé à l’enrôlement du dossier avant son orientation à la 4ème section pour l’ouverture des débats le lundi prochain.

« Le dossier a été enrôlé et évoqué à cette date. Et comme c’est la première audience, elle est consacrée à la répartition des nouvelles affaires. Le Tribunal de commerce de Conakry tenu par le Président Sékou Kandé a décidé d’orienter le dossier à la 4ème Section et renvoyé l’affaire au 28 novembre pour l’ouverture des débats. A cette occasion, on profitera pour communiquer les pièces à la partie adverse qui n’a pas comparu pour toutes fins », a laissé entendre l’avocat de l’ATEP multi services.

En attendant, les yeux sont tournés sur les responsables de Chalco Guinée compagnie qui ont refusé jusqu’à date à se soumettre des obligations contenues dans le code minier guinéen, faisant du contenu local une disposition non négociable pour le développement des communautés.

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél. : 628 08 98 45

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