Abus des Officiers de Police Judiciaire : la CONAREG remet un document de plaidoyer au parquet de N’Zérékoré

En marge de la journée régionale de plaidoyer de la société civile de N’Zérékoré, la Coalition Nationale pour l’appui à la réconciliation en Guinée (CONAREG) a remis au parquet du tribunal de première instance de N’Zérékoré ce lundi, 28 novembre 2022, un document de plaidoyer sur le respect des procédures d’interpellation des citoyens dans les affaires civiles au niveau de la préfecture. La démarche vise à attirer l’attention des autorités judiciaires sur les abus de certains officiers de police judiciaires dans les opérations d’interpellation des citoyens à N’zérékoré, a appris le correspondant de Guineematin.com dans la capitale de la région forestière.

Selon Joël Gbamou, le Coordinateur régional de la CONAREG, ce plaidoyer a pour but de prévenir les conflits et d’initier des actions de collaboration entre les citoyens et les services de sécurité à N’zérékoré.

« Cette activité de plaidoyer a pour thème : le respect des procédures d’interpellation des citoyens dans les affaires civiles. Cette activité a pour initiative de prévenir les conflits, mais aussi d’initier les actions de collaboration entre les citoyens et les forces de sécurité, à savoir : la gendarmerie et la police. Parce que la commune urbaine de N’Zérékoré est une zone très conflictuelle ; et, la moindre des choses, ça explose à des conflits et des gens sont en train de se réserver par rapport à un comportement des auxiliaires de la justice dans le quartier (…), ça les amènent à des conflits, ça les amènent à des soulèvements populaire. Donc, nous voulons prendre des précautions pour notre commune et pour qu’il y ait la paix et la cohésion sociale entre tous les services et surtout entre les services de sécurité et les citoyens », a expliqué Joël Gbamou.

En remettant le document de plaidoyer au substitut du procureur de la république près le tribunal de première instance de N’zérékoré, Mme Alamako Diallo, activiste de la société civile à N’Zérékoré, a  signalé quelques abus de certains officiers de police judiciaire sur l’interpellation des citoyens dans les affaires civiles.

Mme Alamako Diallo, activiste de la société civile à N’Zérékoré

« Monsieur le procureur, ces pratiques qui continuent d’entretenir la méfiance entre les forces de sécurité et les citoyens compromettent dangereusement vos immenses efforts de promotion de l’Etat de droit dont on rêve de construire ; et, par conséquent, menacent la quiétude sociale. C’est pourquoi, en votre qualité du garant de l’ordre public, nous sollicitons ce qui suit : faire respecter les procédures d’interpellation des citoyens dans les affaires civiles ; faire respecter les attributions/compétences des différentes unités relevant de votre ressort judiciaire en vue de réduire les violations des droits civiques des citoyens ; mettre en place un mécanisme d’information des citoyens sur leurs droits.

Monsieur le procureur, nous savons bien que  depuis votre prise de fonction, vous avez entrepris des actions allant dans le sens de la protection des droits de l’homme, telles que : les visites inopinées que vous effectuez au niveau des services de police judiciaire », a dit Alamako Diallo.

En réponse, le substitut du procureur de la République près le tribunal de première instance de N’Zérékoré, André Fomba Tenkiano, a salué cette initiative de la CONAREG. Ce magistrat a ensuite promis de veiller sur les recommandations de cette organisation de la société civile.

André Fomba Tenkiano, substitut du procureur de la République près le tribunal de première instance de N’Zérékoré

« Nous saluons d’abord cette initiative et cette démarche qui a consisté à vous adresser au directeur d’enquête… Les interpellations se font à la base, mais c’est sur la direction du procureur. Ensuite, je veux parler du document qui est à saluer dont le contenu est solide pour parler de ce pourquoi vous êtes venus nous voir. Dans l’ensemble, c’est une réalité. C’est clair ce que vous avez dit et selon vos propres moyens et c’est selon vos propres remarques certainement. Nous avons toujours collaboré ; et, depuis que nous sommes arrivés en janvier 2022, à l’époque c’était le procureur Sidiki, je crois que nous avons tendu cette main de franche collaboration à toutes les structures, à toutes les organisations. Et, sauf erreur de ma part, je crois que c’est cette dynamique qui continue à nous servir pour beaucoup de structures. Les interpellations, c’est vrai. Mais, il y a parfois des manquements depuis la prise de fonction et même tout le mois passé quand le procureur Soumah a pris fonction on a eu à organiser une journée d’entretien avec les OPJ pour leur expliquer comment ces procédures doivent être suivies, notamment en matière de convocation, interpellation et en matière même d’élaboration des PV (procès-verbaux). C’est un combat qui ne se fait pas en une seule journée ou une heure, c’est progressivement… Les rappels à l’ordre se font à longueur de journée ; et là, nous pouvons vous garantir que ce combat sera continuel et sera suivi. Nous ne lâcherons pas, nous allons rappeler à l’ordre tous ces officiers de police judiciaire qui ne vont pas travailler conformément aux dispositions du code de procédure pénale. De l’autre côté, il est à faire constater aussi que les citoyens qui ne sont pas du corps ne sauront : c’est une affaire civile, c’est une affaire qui n’est pas civile. Lorsqu’un service de police ou de gendarmerie émet une convocation, la moindre des choses c’est de répondre. Mais, malheureusement, il y a des citoyens qui se cachent derrière l’autorité peut-être dans un coin, du chef de quartier, du sage, de tel parent pour dire je ne réponds pas, c’est une affaire civile. Et c’est en cela que nous vous interpellons. Il faut les sensibiliser à ce niveau. Quand ils sont convoqués, qu’ils répondent », a indiqué André Fomba Tenkiano.

De N’Zérékoré, Foromo Gbouo Lamah pour Guineematin.com

Tél: +224 620166816/6668908877

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