Me Lancinet Sylla, avocat de Toumba Diakité : « Claude Pivi ne veut pas dire la vérité »

Colonel Claude PIVI, alias Coplan

Comme indiqué dans nos précédentes dépêches, le procès des massacres du 28 septembre se poursuit au tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à la Cour d’appel de Conakry. Ce 28 novembre 2022, c’est toujours l’accusé Claude Pivi, alias Coplan, qui était à la barre pour répondre, cette fois, aux questions des avocats de la défense.

A ce stade des débats, les avocats aux intérêts opposés, tout comme leurs clients, ne se font aucun cadeau. C‘est du moins ce qui ressort de la réaction de Me Lancinet Sylla aux propos de Maître Fodé Kaba Chérif, l’avocat du Claude Pivi, qui a remis en cause le contenu du Procès-verbal d’interrogatoire de son client. Me Lancinet Sylla, avocat du Commandant Aboubacar Diakité, dit Toumba, a expliqué que les éléments d’un PV en matière criminelle sont considérés comme des preuves après un débat contradictoire devant le tribunal. Il l’a dit, ce lundi 28 novembre 2022, à la presse dont un journaliste de Guineematin.com déployé sur les lieux du procès.

Maître Lancinet Sylla, avocat du commandant Toumba Diakité

« Vous avez un accusé qui est en train de tout nier. Alors que les éléments du dossier lui collent à la peau. Vous avez compris qu’il ne veut pas dire la vérité. Il a refusé même de répondre à un certain nombre de questions. Je n’ai pas d’état d’âme en ce qui le concerne personnellement », a dénoncé Me Sylla.

De la pièce présentée sous le sceau de Toumba Diakité, et brandi par la défense du Colonel Claude Pivi comme élément irréfutable de son commandement du régiment, Maître Sylla soutient que c’est un faux document.

« C’est un faux document qui n’est pas à sa première production. Il a été produit déjà lorsque Cécé Raphaél Haba comparaissait et Aboubacar Toumba Diakité ne reconnaît pas la signature qui lui est prétendument attribué. C’est un faux document puisqu’il n’est ni référencé. Vous n’avez aucun numéro de référence sur ce document. En plus, vous n’avez aucune date. C’est un document fabriqué pour servir de moyen de défense contre Toumba parce qu’il n’y a pas de preuve que c’est lui le Commandant du régiment. Et tout le combat de Dadis, de ses avocats et des acolytes de Monsieur Dadis, à savoir Tiégboro et Pivi, c’est comment faire de Toumba, le Commandant du régiment. Comme il n’y a pas de preuve dans ce dossier, il faut en fabriquer », a expliqué l’avocat.

Par rapport à l’absence du Général Sékouba Konaté, ministre de la défense sous Dadis et 2ème Vice-président du CNDD, sur le box des accusés, régulièrement cité devant le tribunal, l’avocat botte la question en touche.

« Je ne suis pas la justice. Il y a eu une décision de justice qui a été prise et au terme de laquelle Monsieur Sékouba Konaté n’a pas été renvoyé. Est-ce que moi je peux remettre cela en cause. Respectons au moins les décisions de justice. Nous sommes avocats. Un avocat a l’obligation de respecter les décisions de justice », a dit l’avocat de Toumba.

D’ailleurs pour lui, il n’y a pas débat sur le leadership du Régiment commandos. Il est dirigé, selon l’avocat par le Chef de la junte d’alors, le Capitaine Moussa Dadis Camara.

« Il n’y a aucun débat là-dessus, c’est le Capitaine Moussa Dadis Camara qui le dirigeait. Lui-même, la commission d’enquête internationale qu’il a mise en place a dit que c’est le Président Dadis en personne qui dirigeait le Régiment. Vous avez suivi l’interrogatoire du parquet au Colonel Claude Pivi, il lui a posé la question et lui a rappelé le passage où cela a été dit. En plus, vous avez la déclaration, la déposition du Général Ansoumane Kaba, le Chef d’Etat-major de l’armée à l’époque des faits qui déclare que Monsieur Dadis a eu à lui dire de vive voix que cette affaire de Commandos ne concerne que sa personne et celle du Général Konaté. Comment voudrait-il à tout prix que Monsieur Toumba soit considéré comme le Commandant de ce Régiment ? Qu’ils assument leurs responsabilités », relève le Conseil de Toumba.

En ce qui concerne le contenu des Procès-verbaux d’interrogatoire, l’avocat de l’ancien aide de camp du Capitaine Moussa Dadis Camara soutient tout le contraire de son collègue Me Fodé Kaba Chérif qui conseille le Colonel Claude Pivi, alias Coplan.

« Je vous apprends que les Procès-verbaux en droit pénal sont considérés comme des éléments de preuve et de preuves écrites. C’est pourquoi les débats ne doivent porter que sur ces éléments. Ces éléments sont discutés. La justice, une fois qu’un élément de preuve a été produit et discuté devant elle, rien n’interdit à ce que la justice se prononce suivant son intime conviction », martèle l’avocat qui ajoute que même si l’accusé n’est pas assisté par son conseil, le PV reste un élément de preuve, une fois il fait l’objet de débat contradictoire à la barre.

A noter que ce procès qui a démarré depuis le 28 septembre dernier a enregistré la déposition de 7 des 12 prévenus inscrits au rôle. Le 8ème accusé, le Colonel Claude Pivi, est derrière le barreau depuis 3 jours et l’audience se poursuit demain mardi, 29 novembre 2022.

Avant le Colonel Claude Pivi alias Coplan, le Colonel Moussa Thiégboro Camara, le Capitaine Marcel Guilavogui, le Commandant Aboubacar Sidiki Diakité, alias Touma, le Capitaine Cécé Raphaël Haba, le Colonel Abdoulaye Chérif Diaby, le Colonel Ibrahima Camara dit Kalonzo, le Margis-Chef Mamadou Aliou Keïta, ont déposé devant le tribunal.

À préciser que ces accusés sont poursuivis pour « meurtres, assassinats, viols, pillages, incendies volontaires, vol à mains armées, coups et blessures », entre autres pour les crimes commis le 29 septembre 2009 et qui ont fait plus de 157 morts, plus de cent femmes violées et des centaines d’autres personnes blessées.

À suivre !

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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