Comment concilier foyer et travail : des femmes de Conakry disent tout à Guineematin.com

Asmaou Diallo, journaliste

Dans la société guinéenne actuelle, de plus en plus de femmes s’efforcent à travailler, alors qu’elles ont des foyers à gérer. Mais, concilier son boulot et ses charges d’épouse dévouée est souvent une tâche difficile. On n’a presque pas de repos ; et, très souvent, l’un (du travail ou du foyer) à tendance à prendre le dessus sur l’autre. Ceci entraîne, dans certains ménages, des conflits entre les couples. Et, certains de ces couples y vont jusqu’au divorce.

Alors, comment concilier son travail et son foyer ? Certaines femmes rencontrées à Conakry ont accepté de répondre à cette question. Et, elles fondent leurs arguments sur du vécu, sur leurs propres expériences.

Après 25 ans de mariage, Mariam Seck est aujourd’hui mère de quatre enfants. Et, durant toutes ces années de vie commune, elle a réussi à exercer son commerce et à gérer son foyer. Mais, elle a dû faire quelques sacrifices pour y arriver.

Mariam Seck, commerçante

« C’est après mon premier geste que j’ai commencé à faire le commerce. Aujourd’hui, Alhamdoulillah ! J’avais au départ ma boutique loin de ma maison, j’ai tout fait pour la ramener dans mon quartier. Je me lève tous les jours à 6 heures, je fais ma prière. Ensuite, je prépare le riz, entre-temps je prépare mes enfants pour l’école. Je fais plusieurs sauces pour la semaine que je mets dans le frigo. Pour la boutique, j’ouvre à 7 heures30’ et j’y reste jusqu’à 22 heures avant de fermer », a-t-elle expliqué.

Mais, pour Mariam Seck, il n’y a aucune ambiguïté pour elle sur le choix à faire si les choses venaient à se compliquer.

« Là où je suis aujourd’hui, si mon mari me demande d’abandonner mon travail, je vais le faire et m’occuper de mes enfants. Parce que quand il m’épousait, je n’avais rien. C’est grâce à lui si j’ai ce peu que j’ai aujourd’hui », a-t-elle indiqué.

Journaliste reporter d’images (JRI), Asmaou Diallo travaille pour un média de la place. Très souvent, elle n’a aucune maîtrise sur son temps de travail. Des sujets peuvent lui tomber dessus à tout moment de la journée ; et, cela chamboule quotidiennement sa planification pour rentrer faire le ménage. Heureusement, son mari –qui en connaît quelque chose dans ses déboires, parce qu’il était communicant- ne lui en tient pas rigueur. Et, elle lui en est reconnaissante.

Asmaou Diallo, journaliste

« Je suis tombée sur un homme qui fait de la communication et qui comprend un peu le travail du journaliste. Il a eu aussi à travailler avec des journalistes. Donc, moi je suis reporter, ce qui est différent des présentatrices qui peuvent se faire un programme, de l’heure à laquelle elle peut aller et revenir, contrairement à un reporter qui est très actif. Tu peux te faire un programme de rentrer à la maison vers 15 heures pour cuisiner, et ton boss te dit : vas sur le terrain. Et, ça se trouve que c’est un élément qui te prend jusqu’à 19 heures ou 20 heures. Quand tu rentres trouver un homme qui n’a pas mangé, c’est obligatoire qu’il s’énerve… Donc, mon mari ne détestait pas manger les sauces qui sont dans le frigo. Et, la stratégie que j’avais, c’est de faire plusieurs sauces et négocier avec mon rédacteur en chef pour rentrer plutôt pour faire le riz… Quand j’ai eu mon premier garçon, il fallait que l’enfant ait une mère. Parce qu’il n’avait pas un père. Et, quand je dis qu’il n’avait pas de père, ce que mon mari voyage beaucoup, c’est quelqu’un qui peut faire 3 à 4 mois en mission. Donc, je ne peux pas être quelqu’un qui n’est pas à la maison. J’ai eu une pré-éclampsie. Ça a dû être une année très difficile, au point que j’ai voulu abandonner. Je ne savais pas comment faire pour garder mon bébé, mon mari n’est pas là, et avec les bonnes d’aujourd’hui, il n’y a pas de confiance. Alors, j’ai fait un an sans travailler. Un jour, mon mari m’a dit : mais qu’est-ce que tu fais ? Je t’ai trouvé active, si tu dis que tu vas lâcher comme ça, tu vas le regretter. Il m’a dit : je préfère que tu sortes chercher du boulot. Il a été une pièce maîtresse dans ma vie et il continue à me pousser », se réjouit Asmaou Diallo.

Mariée depuis 22 ans et enseignante de profession, Fanta Camara est aujourd’hui mère de 5 enfants. Elle parvient encore à concilier son travail et ses obligations d’épouse et de mère. Ses journées commencent à 4 heures ; et, elle n’a quasiment pas de repos.

Fanta Camara, enseignante

« Quand je suis du soir, je me lève tôt à 4 heures du matin, je fais tous mes travaux, je cuisine avant d’aller à mon école. Quand je suis du matin, je fais les travaux à 5 heures, je vais à l’école. A 12 heures, je vais au marché, je retourne à l’école. De là-bas, je rentre pour préparer. Le soir, je lave les enfants, je les fais réviser. Je m’occupe de mon mari, je repasse ses habits les dimanches », a-t-elle expliqué.

Djenabou Diallo pour Guineematin.com

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