Dr Ibrahima Sory (ADC-BOC) alerte : « des manœuvres ont commencé au dialogue politique, il faut que ça s’arrête »

Le dialogue politique inter-guinéen a démarré depuis une semaine à Conakry avec l’absence des grandes coalitions qui ont dominé le paysage politique du pays ces dernières années. Selon nos informations, des commissions techniques ont été constituées pour travailler sur treize (13) thématiques. Mais, à l’intérieur du cadre de dialogue, des voix discordantes commencent à s’élever pour dénoncer des agissements qui seraient peu orthodoxes de la part de cadres de la Primature. L’alerte est donnée par Dr Ibrahima Sory Diallo, président du parti Alternance Démocratique pour le Changement du Bloc de l’Opposition Constructive (ADC-BOC). Il l’a dit dans la journée de ce jeudi, 1er décembre 2022, dans un entretien accordé à Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Si jusque-là, beaucoup ont apprécié le climat qui règne à l’intérieur du cadre de dialogue ouvert le 24 novembre dernier, des voix dissonantes commencent à se faire entendre. Dr Ibrahima Sory Diallo, président d’ADC-BOC, relève des manquements. Il accuse un cade de la Primature de s’être introduit dans le groupe thématique intitulé « Problématique des libertés publiques en lien avec la loi » auquel il fait partie pour donner des injonctions.

« Il y avait des spéculations qui sont venues de certaines personnalités au niveau de la Primature, venues nous dire « acceptez qu’on fasse une candidature indépendante ». Mais, je leur ai dit que c’est péjoratif. L’autre même, je l’ai mis dehors. Donc, c’est pour dire qu’il y a des choses qu’on ne pouvait pas expliquer pendant qu’on travaillait ; mais maintenant, il faut que le gouvernement soit informé si des gens, des personnes ressources, dans l’optique d’imposer des choses et des rapports qui ne reflètent pas ce qu’on a discuté, ça ne marchera pas. Parce qu’aujourd’hui, nous avons pu quand-même comprendre qu’il y’avait trop de personnes ressources autour de la table que des personnes concernées par le dialogue. C’est une façon d’aider dans les travaux. Il n’y a pas de soucis. Mais ce sur quoi nous sommes tombés d’accord, il ne faut pas dénaturer cela, parce qu’on ne l’acceptera pas », a-t-il indiqué.

Pour le moment, Dr Ibrahima Sory Diallo dit taire le nom de l’intéressé, mais il promet d’alerter le chef du mis en cause dans cette affaire, à savoir le Premier ministre Dr Bernard Goumou. « Je vais me taire, je ne vais pas nommer la personne qui a eu à faire cela. Mais, je le dirai à son chef hiérarchique. Parce que là déjà, je suis convaincu que cette personne, elle tournait dans les salles. Et si la personne a tourné dans les salles, c’est qu’elle a une mission. Cette mission ne marchera pas. Et nous sommes d’accord, si on soumet ces points au vote, ne voteront que les panélistes et les structures concernées, pas des personnes ressources qui viendront voter. Ce sont les structures qui sont là, la société civile, les partis politiques et le CNRD, c’est eux qui sont concernés par l’article 77 de la charte de la transition. Pendant que je parle, si la personne lit, elle comprendra que ce que je suis en train de dire, c’est à son encontre. Donc, c’est pour dire quoi ? Je ne veux pas nommer la personne, mais elle doit faire attention, parce-que ça ne marchera pas », a-t-il insisté.

En outre, notre interlocuteur a démenti la rumeur selon laquelle les travaux sur les thématiques sont terminés dans le dialogue politique. « Nous avons déploré de voir que quand la presse a été annoncée, on a sélectionné les gens qui allaient parler. C’est-à-dire la facilitation doit arrêter ce genre de pratiques. Nous ne sommes pas des enfants et nous n’accepterons pas qu’on vienne regrouper des pères de familles que nous sommes, des responsables de partis politiques, pour venir nous amadouer, pour qu’on vienne dire ce qu’on n’a pas dit. Ça ne marchera pas. Donc, j’ai la confiance que les facilitatrices vont corriger cela et nous avons dit que les travaux finissent après avoir été validés. Mais hier, on a entendu que les travaux sont finis…. Il faut qu’on arrête. Je pense que j’ai du respect pour ces facilitatrices. Elles n’ont qu’à faire beaucoup attention. Elles ne sont pas garantes du dialogue. Le garant du dialogue, c’est le Premier ministre. Si elles commencent à nous mettre sur des positions inconfortables, ce sont les débats qui vont commencer. Jusqu’à maintenant là, j’ai confiance à ce qu’elles sont en train de faire. Mais, annoncer la fin des travaux avant même qu’on ne se soit concerté en plénière… Donc, les travaux ne sont pas terminés… Je crois bien que ça va être corrigé », espère-t-il.

Des critiques fusent de certaines formations politiques, qualifiant ceux qui prennent part au dialogue de faire le jeu de la junte militaire qui a renversé Alpha Condé le 05 septembre 2021. Dr Ibrahima Sory Diallo dément. « Ce n’est pas parce que nous nous avons accepté de venir au tour de la table qu’on va dire que ce sont des gens acquis au CNRD. Ils se trompent ceux qui le disent. Nous, nous ne sommes pas acquis, nous sommes venus parce que nous pensons que tout se discute autour de la table. Mais, si c’est pour venir là pour nous duper, nous mettre sur des positions inconfortables pour venir décider, les amis qui n’ont pas accepté de venir, ils peuvent porter confiance en ce qu’on va faire autour de ce dialogue. En tout cas, si toute fois je ne suis pas d’accord, je le déclarerais et d’ailleurs j’ai commencé, parce-que je ne suis pas là à dire qu’un travail a été mal fait. Les travaux ont été très bien réalisés dans les groupes thématiques. Mais, des manœuvres ont commencé, il faut que ça s’arrête dès maintenant », martèle l’ancien député de la 9ème législature.

Ansou Baïlo Baldé pour Guineematin.com

Tel : 622 56 11 82

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