Urbanisation durable : le Comité de pilotage du programme SANITA tenu à Conakry

La deuxième session du Comité de pilotage du programme SANITA a eu lieu ce vendredi, 2 décembre 2022, à Conakry. La rencontre a été organisée par le ministère du Plan et de la coopération internationale, à travers la direction générale du bureau d’appui à la coopération, avec l’appui de l’Union européenne. L’objectif était de définir les orientations stratégiques des projets SANITA Villes Propres et SANITA Villes Durables, mis en œuvre respectivement par Enabel et ONU-HABITAT sur financement de l’UE. Les travaux ont mobilisé notamment le ministère de l’Urbanisme, de l’habitat et de l’aménagement du territoire, le ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation et des représentants de l’Union européenne en Guinée, a constaté un journaliste de Guineematin.com qui était sur place.

Depuis plusieurs années, l’Union européenne appuie la Guinée dans le cadre de l’assainissement, mais également au niveau de l’urbanisation durable, en vue d’améliorer les conditions de vie des populations, notamment à Conakry et à Kindia. C’est dans ce cadre que s’inscrit le programme SANITA, qui a commencé en 2018, et dont le principal objectif est de contribuer au développement économique et social, mais aussi à l’amélioration de la gestion et de la qualité de vie des villes. Un programme qui est aujourd’hui dans une phase décisive de son exécution, a fait savoir Mme Jolita Pons, ambassadrice de l’Union européenne en Guinée, au cours de la deuxième session du Comité de pilotage du Programme SANITA.

Mme Jolita Pons, ambassadrice de l’Union européenne en Guinée

« Nous entrons aujourd’hui dans la phase décisive du programme SANITA : le projet SANITA Villes Propres 1, mis en œuvre par Enabel, devrait se conclure à la mi-2024. Le projet SANITA Villes Durables, mis en œuvre par ONU Habitat, se termine pour sa part dans six mois. Mais il reste encore beaucoup à faire pour ces deux projets. SANITA Villes Propres a dû être prolongé afin d’atteindre ses objectifs. La construction des infrastructures d’assainissement prévues, c’est-à-dire des zones de transit et de tri des déchets, des drainages et des voiries, a notamment été ralentie en raison de difficultés foncières. La mise à disposition des terrains afin d’y construire ces infrastructures est essentielle pour bénéficier d’un réseau complet de collecte des déchets sur l’ensemble du territoire de la capitale. Un peu plus tôt dans l’année, SANITA Villes Propres a été élargi avec le projet SANITA Villes Propres 2, également mis en œuvre par Enabel, et qui inclut les communes du Grand Conakry », a-t-elle rappelé.

 

Pour une meilleure gestion des ordures, Mme Jolita Pons annonce des nouveaux financements pour la construction, notamment d’un centre d’enfouissement en Guinée. « Avec nos partenaires de l’AFD, nous prévoyons de construire un Centre d’enfouissement technique (CET) à Baritodé pour un investissement total de 70 millions d’euros. L’Union européenne devrait s’y engager à hauteur de 20 millions d’euros. Ce nouveau centre d’enfouissement devrait permettre de fermer définitivement la décharge de la Minière, qui, saturée depuis trop longtemps, pose de très sérieux problèmes sanitaires et environnementaux », a indiqué la représentante de l’Union européenne en Guinée, ajoutant que l’UE va également poursuivre ses efforts dans le secteur de l’assainissement.

Mme Jolita Pons, ambassadrice de l’Union européenne en Guinée

« L’Union européenne se tient prête à poursuivre ses efforts dans le domaine fondamental de l’assainissement, mais je souhaite aussi rappeler aujourd’hui la nécessité impérative de durabilité de nos efforts conjoints. Sans cette garantie de pérennité, notre engagement n’aura que peu de sens », a souligné Mme Jolita Pons, tout en rappelant « les défis les plus importants » auxquels le projet SANITA est aujourd’hui confronté et qui, selon elle, compromettent la réussite du programme ainsi que la stratégie gouvernementale de gestion des déchets.

« Je l’ai déjà mentionnée, la sécurisation foncière est essentielle pour fournir l’infrastructure nécessaire. Cette question n’est pas encore complètement réglée. Il est crucial que notre partenaire principal, l’ANASP, dispose de capacités stables et de ressources financières et humaines suffisantes pour mener à bien sa mission. Nous devons mettre en œuvre le financement durable du secteur selon le principe du « pollueur-payeur » et éviter la mise en place de plusieurs systèmes de collecte simultanée. La réalisation du Centre d’enfouissement technique (CET) de Baritodé nécessite vraisemblablement une nouvelle impulsion du MATD et du Ministère de l’Urbanisme ».

Présidant cette session, Rosa Pola Pricemou, ministre du Plan et de la coopération internationale, a souligné que la rencontre permet d’informer et sensibiliser les membres du Comité de pilotage sur leur rôles et responsabilités dans la mise en œuvre des deux programmes, de faire approuver les orientations générales et les lignes d’actions des programmes par le Comité de pilotage, d’informer les membres du Comité sur le niveau actuel de mise en œuvre des activités prévues dans le Programme SANITA. Elle a ensuite annoncé que l’assainissement des villes figure parmi les priorités du gouvernement guinéen.

Rose Pola Pricemou, ministre du Plan et de la coopération

« Dans le contexte actuel, Post COVID-19, les problématiques liées à l’hygiène et l’assainissement sont d’une importance majeure dans la relance socio- économique des pays comme le nôtre. Sauf que pour la prévention des risques de maladies infectieuses, l’assainissement urbain est un secteur moins développé (…). La question de l’assainissement dans ce pays depuis quelques années, en particulier dans les communautés urbaines qui comptent sur notre sens de responsabilité pour trouver des solutions urgentes, est une véritable préoccupation. Étant au cœur des problèmes de développement aujourd’hui, il (l’assainissement) est considéré par le gouvernement de transition comme une priorité absolue », a fait savoir Rose Pola Pricemou.

Mory Condé, ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation

De son côté, le ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation, Mory Condé, a indiqué que cette rencontre va permettre aussi de voir ce qui a réussi et les difficultés rencontrés dans la mise en œuvre du programme SANITA. « Nous sommes là pour mettre sur la table les facteurs de réussite dans la mise en œuvre, mais également voir les goulots d’étranglement et ce que nous, en tant qu’autorités au niveau ministériel, pouvons apporter pour la poursuite de ce programme au bénéfice des citoyens de nos différentes collectivités. Aujourd’hui il se passe de commentaires que dans la plupart de nos communes, Enabel est en train d’appuyer nos collectivités dans des zones de tri, parce qui parle d’assainissement et de gestion déchets, doit parler obligatoirement d’un endroit où ces déchets-là doivent être acheminés, être triés ensuite envoyer dans des dépotoirs ou dans un centre d’enfouissement ».

Ibrahima Sory Bangoura, ministre de l’Urbanisme, de l’habitat et de l’aménagement du territoire

Parlant justement de la réussite de ce programme, le ministre de l’Urbanisme, de l’habitat et de l’aménagement du territoire, a salué « le partenariat fécond » entre son département et ses partenaires techniques et financiers. « Le partenariat fécond entre SANITA et le Ministère de l’Urbanisme, de l’habitat et de l’aménagement du territoire touche à de nombreux domaines devant permettre à notre département et toutes les parties prenantes, dans un esprit collégial et inclusif, de mieux aborder la planification urbaine stratégique, le renforcement des capacités techniques, la gouvernance urbaine, et le dialogue et la coordination au niveau central, local et avec les communautés.

Le Projet SANITA Villes Durables, exécuté main dans la main avec notre département, est le creuset par exemple du développement participatif du nouveau Schéma directeur d’urbanisme du Grand Conakry et de la Politique urbaine nationale dont l’atelier national pour son élaboration vient de se tenir à Conakry tout récemment. Le Projet a été aussi l’occasion d’évaluer la mise en œuvre du Schéma national de l’aménagement du territoire de 1991 et de poser sur la table des orientations pour un nouveau schéma reflétant l’importance des enjeux nationaux et mondiaux qui ont émergé depuis les années 1990, comme le changement climatique, la décentralisation et la démocratisation, et un partage des richesses plus équilibré.

Nous avançons ensemble car ces processus de planification stratégique, nous les voulons intersectoriels et inclusifs, pour une mise en œuvre avec l’appropriation et l’implication de toutes les parties prenantes. Il sera essentiel cependant d’appuyer la consolidation de ces acquis initiaux en termes d’aménagement et de gestion des territoires et de transfert de compétences aux institutions nationales et locales, pour une mise à l’échelle et une mise en œuvre effective », a relevé le ministre Ibrahima Sory Bangoura.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com 

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