Types de drépanocytose, manifestation, transmission, prévention… Dr Mamadi Dramé dit tout (Interview)

Dr Mamadi Dramé, Directeur du Centre Médical SOS Drépano Guinée

La drépanocytose est une maladie qui affecte de nombreux compatriotes et même dans toute l’Afrique subsaharienne. Le retard dans le diagnostic de la maladie peut souvent constituer un souci majeur pour ceux qui souffrent de la maladie. Pour parler de cette pathologie, un reporter de Guineematin.com a donné la parole au Dr Mamadi Dramé, Directeur Général du Centre Médical SOS Drépano-Guinée, sis à Nongo, dans la commune de Ratoma. Le médecin est revenu sur les types de drépanocytose, le mode de transmission, la prévention entre-autres.

Guineematin.com : qu’est-ce que la drépanocytose ?

Dr Mamadi Dramé : la drépanocytose est une maladie du globule rouge du sang, particulièrement l’hémoglobine du globule rouge. L’hémoglobine, c’est la protéine qui est contenue dans le globule rouge qui fixe et qui transporte l’oxygène dans le sang. La drépanocytose est due à cette malformation de l’hémoglobine du globule rouge. Cela a pour conséquence, un défaut de fixation et de transport de l’oxygène dans le sang, partout dans le corps. Donc, c’est une maladie génétique, parce qu’il y a une anomalie au niveau de l’hémoglobine. La drépanocytose est une maladie héréditaire. C’est-à-dire, elle se transmet de parent à enfants. C’est une maladie aussi limitée géographiquement dans le monde, particulièrement en Afrique subsaharienne, mais aussi dans d’autres régions du monde avec une forte incidence.

Guineematin.com : quel est le mode de transmission de la drépanocytose ?

Dr Mamadi Dramé : dans ce mode de transmission, il y a deux types de drépanocytose. Il y a les drépanocytaires hétérozygotes de type AS ou AC, qui ont hérité d’un seul gène malade S. Ils sont appelés hétérozygotes ou porteurs sains. Ils portent le gène mais de faible quantité et ils ne sont pas malades. Sans l’examen particulier qu’on appelle l’électrophorèse, on ne peut pas détecter la maladie chez eux. Le deuxième groupe, ce sont les malades homozygotes ou double hétérozygote. C’est-à-dire, ceux qui ont reçu une anomalie du gène de la drépanocytose du père et une anomalie de gène chez la mère. C’est ce qu’on appelle drépanocytose homozygote ou drépanocytose de type majeur.

Guineematin.com : comment se manifeste cette maladie ?

Dr Mamadi Dramé : l’ordre vient du fait qu’il y a un défaut du transport d’oxygène et d’apport d’oxygène dans les tissus partout dans tout le corps. Ça se manifeste donc par ce déficit d’apport d’oxygène qui va entraîner la douleur. La manifestation caractéristique de la drépanocytose est la douleur, surtout au niveau des membres, du tronc, de l’abdomen, de tout le corps. Parce que l’élément essentiel du fonctionnement des cellules est l’oxygène. Cet oxygène est apporté par les douleurs du globule rouge, s’il y a un déficit d’oxygène, surtout l’hémoglobine doit apporter l’oxygène.

Guineematin.com : quelles sont les complications de la drépanocytose ?

Dr Mamadi Dramé : quand il n’y a pas suffisamment d’oxygène, le bébé ou le malade pleure de douleur, il est fatigué. L’une des anomalies de cette maladie, c’est le manque de sang. Cela arrive lorsque les globules rouges drépanocytaires ont une durée de vie plus courte que les globules rouges normaux. Cela dépend du fait que les globules rouges drépanocytaires prennent une forme en faucille, en banane… facile à se casser, à se détruire ainsi leur durée de vie. Au lieu de 120 jours comme les globules rouges, à peine 30 jours. Donc, cela entraîne une anémie, parce que ces globules rouges se détruisent à un rythme plus rapide que les autres. Si cette anémie se répète, cela va entraîner des conséquences au niveau de tous les organes. Parce que le sang qui transporte l’oxygène manque de façon chronique les organes, comme le cœur, le poumon, les reins, les os… Quand il manque de façon permanente de l’oxygène, ça va entraîner des conséquences au niveau du cœur, c’est la crise cardiaque. Au niveau des poumons, c’est l’insuffisance pulmonaire. Si c’est les reins, c’est l’insuffisance rénale. Au niveau des os, c’est la destruction de la tête…

Guineematin.com : comment diagnostiquer cette maladie ?

Dr Mamadi Dramé : le diagnostic, cliniquement, se fait chez certains enfants à partir du 4ème mois de la vie. Le diagnostic de confirmation se fait dans le laboratoire grâce à une technique qu’on appelle électrophorèse. Cela demande une machine qui coûte chère. Cet appareil va voir cette partie du sang élevé chez le malade qui est l’anomalie de la drépanocytose. Et il peut détecter et faire la part entre les différentes proportions des globules rouges normaux et anormaux. Ce qui fait qu’on peut aussi faire la part entre le drépanocytaire saint du type AS ou AC et un drépanocytaire malade de type SS ou SC pour les formes les plus fréquentes. Il y a un test qui se fait couramment dans les structures sanitaires qui ne disposent pas d’électrophorèse, ce qu’on appelle le TV, qui a un défaut d’avoir des faux positifs et négatifs. C’est une technique qui attire.

Guineematin.com : comment prévenir la drépanocytose ?

Dr Mamadi Dramé : c’est très simple de prévenir la drépanocytose. C’est la maladie qui se prévient le facilement possible et qui a un impact positif sur la famille et la population. Pour mieux prévenir, il faut inciter les jeunes à faire le diagnostic depuis le collège. Cela leur permettra de savoir réellement s’ils sont porteurs ou pas de la drépanocytose. Sur le plan physique, il n’y a aucune différence entre le porteur et celui qui n’est pas le porteur de cette maladie. Ils peuvent avoir le même taux d’hémoglobine alors qu’il n’y a aucune manifestation. La meilleure façon de prévenir, c’est de faire l’examen (l’électrophorèse) avant de se marier pour votre statut et celui de votre conjoint (e).

Entretien réalisé par Kaïn Naboun TRAORÉ pour Guineematin.com

Tel : 00224 621 14 48 91

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