Procès du 28 septembre : « le Capitaine Dadis n’a pas peur d’affronter les débats » (Pépé Antoine Lama)

Me Pépé Antoine Lama, avocat du Capitaine Moussa Dadis Camara

Le procès du massacre du 28 septembre 2009 devant le tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à la Cour d’appel de Conakry, s’est poursuivi ce lundi 5 décembre 2022 avec la première comparution du Capitaine Moussa Dadis Camara, Président du CNDD et chef de l’Etat au moment des faits. Mais à peine appelé à la barre, l’ancien homme fort de Conakry a fait savoir qu’il n’est pas bien portant pour répondre aux questions du tribunal. Le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara a renvoyé l’affaire au lundi prochain, 12 décembre. Maître Pépé Antoine Lama, membre du collectif des avocats de la défense du Capitaine Dadis, a dit que son client « n’a pas peur d’affronter les débats », a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

« Il y a 13 ans que le Capitaine Moussa Dadis Camara attend l’ouverture de ce procès. Depuis qu’il était à Ouagadougou, il l’a toujours réclamé. Il est venu de lui à Conakry sans la moindre contrainte. C’est quelqu’un qui veut que ce procès-là ait lieu. Mais malheureusement, ces derniers temps il a eu des soucis de santé qui n’ont pas été consolidés », a dit d’entrée de jeu maître Pépé Antoine Lama.

Poursuivant, l’avocat dit que son client n’a pas peur d’affronter le tribunal. « Si aujourd’hui le tribunal décide que ce soit son tour de parole et qu’il ne se sente bien, c’est tout à fait son droit de le dire au tribunal. Ce dernier n’a pas d’autres obligations que de comprendre cela et de tirer toutes les conséquences du droit. C’est ce que le tribunal a fait. Ce n’est pas par peur d’affronter les débats. Ce n’est pas par peur de livrer sa part de vérité. Le Président Moussa Dadis Camara a été toujours pressé de prendre la parole pour livrer sa part de vérité dans ce dossier. A l’audience prochaine, il sera en très bonne forme, il va s’exprimer, il va faire face au tribunal et se défendre conséquemment », soutient maitre Lama.

S’exprimant sur l’absence d’un dossier médical comme réclamé par la défense du Commandant Aboubacar Diakité, alias Toumba, maître Pépé Antoine Lama soutient que le bulletin médical est confidentiel. « Je regrette que cette question soit objet de débat. Mais un bulletin médical est confidentiel. Le Président Moussa Dadis Camara n’a pas besoin de soumettre à son adversaire son bulletin médical. C’est une question suffisamment personnelle. On ne peut pas juger une personne qui ne se sent pas bien. Si un prévenu estime ne pas être en mesure de s’exprimer, c’est son droit le plus absolu. Ce droit doit être respecté. C’est un des éléments de l’exercice du droit de la défense. En aucune manière, en aucun moment, le Président Moussa Dadis n’a eu l’intention de fuir les débats. Il a librement quitté Ouagadougou pour venir à Conakry, personne ne l’a contraint. S’il avait peur d’affronter les débats, il n’allait pas venir. Souvenez-vous à la première audience, il avait manifesté son agacement de n’avoir pas été entendu en ce moment, il était très bien en forme. Ne voyez pas l’apparence. C’est la personne qui est malade et qui souffre qui est mieux placée pour vous dire qu’il est malade. C’est lui qui est jugé. C’est lui dont le sort est en train d’être discuté. Le tribunal l’a bien compris et il l’a apprécié à sa juste valeur. C’est une question qui ne doit pas être soumise à débat. Autant le tribunal a, de façon discrétionnaire et en toute souveraineté, décidé de l’ordre de passage des accusés, autant il est le seul et le mieux placé à apprécier de l’opportunité d’un tel renvoi. Que cela agace l’autre côté, nous sommes vraiment désolés », a répliqué l’avocat, face au doute exprimé par l’un des avocats de la défense du Commandant Toumba Diakité.

Pour cet avocat, c’est certain que son client traine une maladie qui fait qu’il ne peut pas faire face aux questions du tribunal. « Ce matin, le Président Moussa Dadis ne s’attendait pas à être appelé à la barre. Il traine cette souffrance depuis plusieurs semaines. Si on nous a fait savoir qu’il avait fait remontrer cette information auprès du tribunal pour demander de lui réserver trois semaines, il n’est pas Dieu pour pouvoir décréter sa bonne santé. Certainement, c’est ce qui se perpétue. Nous espérons qu’à l’audience prochaine, il sera rétabli et qu’il faire face à la justice pourra répondre aux inquiétudes du tribunal face aux questions qui lui seront posées », a estimé Me Pépé Antoine Lama.

Avant le capitaine Moussa Dadis Camara, huit autres prévenus avaient comparu devant le tribunal. Il s’agit du Colonel Moussa Thiégboro Camara, du Capitaine Marcel Guilavogui, du Commandant Aboubacar Sidiki Diakité, alias Toumba, du Capitaine Cécé Raphaël Haba, du Colonel Abdoulaye Chérif Diaby, du Colonel Ibrahima Camara dit Kalonzo, du Margis-Chef Mamadou Aliou Keïta et du Colonel Claude Pivi alias Coplan. Ces accusés sont jugés pour meurtres, assassinats, viols, pillages, incendies volontaires, vol à mains armées, coups et blessures. Des poursuites engagées suite aux évènements du lundi, 28 septembre 2009 et jours suivants contre des civils, sortis manifester contre une éventuelle candidature du Chef de la junte d’alors, le Capitaine Dadis. Un bilan fourni par les Nations Unies fait état de 157 morts, 108 femmes violées, des milliers de blessés et de nombreux portés disparus.

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél. : 628 08 98 45

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