Déguerpissement de Kaporo rails : le procès du ministre Ibrahima Kourouma de nouveau renvoyé (Raisons)

Me Alpha Yaya Dramé, avocat du collectif des victimes de déguerpissement de Kaporo Rails

Le procès de l’affaire du déguerpissement de Kaporo rails, Kipé et Dimesse, n’a pas eu lieu ce jeudi encore, a constaté Guineematin.com à travers un de ses journalistes. Il a été renvoyé pour la deuxième fois consécutive en raison de l’absence du Dr Ibrahima Kourouma, ancien ministre de la Ville et de l’aménagement du territoire, qui est le prévenu dans cette affaire.

Ouvert le 24 novembre dernier, le procès de l’ancien ministre de la Ville et de l’aménagement du territoire, Dr Ibrahima Kourouma, avait été renvoyé à ce jeudi 8 décembre, parce que le prévenu n’était pas présent au Tribunal de première instance de Dixinn. Mais aujourd’hui, à l’ouverture de l’audience, la juridiction a constaté l’absence du Dr Ibrahima Kourouma, qui est poursuivi par les victimes du déguerpissement de Kaporo rails, Kipé 2 et Dimesse, pour des faits de « rébellion, destruction d’édifices privés, bris de clôture et enlèvement de bornes, abus d’autorité et de fonction ».

Le ministère public a justifié l’absence du prévenu par le fait qu’il n’a pas eu l’autorisation de l’extraire de la Maison centrale de Conakry, où il est détenu dans le cadre d’un autre dossier géré par la CRIEF. Il a sollicité un délai de deux mois pour lui permettre d’obtenir l’autorisation d’extraire l’ancien ministre de la prison et le faire comparaître devant le tribunal correctionnel de Dixinn. Mais le juge audiencier, Amadou Sy, a rejeté cette demande et accordé deux semaines au ministère public pour mener les démarches nécessaires pour amener le prévenu à venir répondre des faits qui lui sont reprochés.

Même s’il ne s’oppose pas à cette décision, l’avocat du collectif des victimes du déguerpissement de Kaporo rails, Kipé 2 et Dimesse exprime des sentiments de frustration. Pour Maître Alpha Yaya Dramé, les arguments avancés par le parquet et les avocats de la défense pour justifier l’absence du prévenu ne sont pas convaincants.

Me Alpha Yaya Dramé, avocat du collectif des victimes de déguerpissement de Kaporo Rails

« Dans une procédure comme celle là, je ne peux pas m’opposer à une demande de renvoi, fût-elle du parquet ou de la partie adverse. Parce que le principe de tout procès, c’est le contradictoire. Donc on respecte en tant qu’avocat le principe du contradictoire. Ce que je refuse d’accepter, c’est qu’il y ait deux catégories de citoyens : les grands citoyens et les petits citoyens. La personne qui est prévenue est sous mandat de dépôt à la Maison centrale. La dernière fois, le parquet et la partie civile ont sollicité un renvoi pour leur permettre de s’organiser afin d’extraire M. Kourouma de sa cellule et permettre sa comparution.

Aujourd’hui, avec étonnement, le procureur nous apprend qu’il aurait fait des diligences, qu’il aurait même demandé l’autorisation du juge d’instruction qui a placé M. Kourouma sous mandat de dépôt. Qu’il (le juge d’instruction) lui aurait renvoyé vers le procureur spécial. Sauf que, peu importe la personne, le parquet d’ici ne dépend pas du parquet spécial de la CRIEF. Les faits pour lesquels il est placé sous mandat de dépôt ne font pas partie des faits pour lesquels il est cité ici devant le tribunal de première instance de Dixinn. Donc, le parquet n’a pas besoin d’une autorisation spéciale pour extraire quelqu’un.

Quand le tribunal demande à ce qu’une personne soit extraite, elle doit être extraite pour pouvoir répondre. C’est-à-dire que même ces personnes qui sont libres, qui ont cette liberté de mouvement, de ne comparaître, la loi a prévu des dispositions pour permettre leur recherche et les obliger à comparaître, à fortiori quelqu’un qui est sous mandat de justice. Donc, si on nous dit qu’au regard du contexte actuel, M. Kourouma ne peut pas comparaître devant le tribunal de séance, alors dans ce cas, ça veut dire qu’on a deux citoyens. C’est la seule circonstance qui fait que lui, il est ancien ministre, qui fait que lui, il est au dessus des autres. C’est ça que je refuse », a réagi l’avocat de la partie civile.

Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

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