Durée de la Transition guinéenne : Abdoulaye Kourouma du RRD accuse la CEDEAO de vouloir « déplacer le problème »

Réunis à Abuja (au Nigéria) dimanche dernier, les chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO (communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) ont validé les 24 mois de Transition actés par la junte militaire au pouvoir en Guinée. Mais, les chefs d’Etat ouest africain ont aussi martelé que cette Transition de 24 mois démarre « immédiatement », sans qu’ils ne déterminent explicitement une date fixe. Et, cette attitude de la CEDEAO a été jugée très diplomatique par certains acteurs de la classe politique guinéenne.

Dans un entretien accordé à Guineematin.com hier, mercredi 07 décembre 2022, Abdoulaye Kourouma, le président du Rassemblement pour la Renaissance et le Développement (RRD), a accusé l’organisation sous-régionale de vouloir déplacer le problème guinéen.

« Quand tu fais le résumé du rapport de la conférence des présidents de la CEDEAO, la communication qui concerne la Guinée est très diplomatique. Ils veulent juste déplacer le problème. Honnêtement, le problème de la Guinée n’est pas réglé au niveau de la CEDEAO. Lorsque vous demandez que les 24 mois proposés par le CNRD commencent dès maintenant, sans nous dire de telle période à telle autre période quels sont les programmes à exécuter, les activités à mener, ce sont là des facteurs un peu difficiles. Cela veut dire aussi que ce qui est en train de se passer comme dialogue, les conclusions ne seront pas considérées au niveau de la conférence des présidents de la CEDEAO. Ce qui revient à dire de facto que le problème n’est pas encore réglé », a-t-il indiqué.

S’agissant de la demande de dialogue inclusif lancée par les chefs d’Etat de la CEDEAO à l’endroit de la junte militaire guinéenne, Abdoulaye Kourouma estime que cela entre dans le cadre du processus d’un retour à l’ordre constitutionnel. Mais, il a aussi prévenu qu’un dialogue sans les principaux leaders sera sûrement rejeté par la communauté internationale.

« Le cadre de dialogue inclusif, c’est pour permettre aux acteurs essentiels de parler sur les questions du fichier électoral et de l’organe en charge de l’organisation des élections. Et, tout cela doit se discuter avec les acteurs, pas avec des animateurs. C’est pourquoi on demande ici le dialogue inclusif. Le colonel Mamadi Doumbouya doit mettre à l’idée que quel que soit le temps il finira par quitter le pouvoir. Ce qui veut dire qu’il faut qu’il incarne cette sagesse qui fait de lui le père de la nation, qu’il prend les choses en mains. Ceux qui sont en train de tourner autour de lui et qui pensent qu’ils peuvent créer une nouvelle génération politique, qu’ils sachent que ça ne se décrète pas. C’est au peuple d’éliminer les leaders politiques, mais par la voie des urnes… Pour moi, rien n’est tard, il peut encore reprendre les choses en mains, sinon dans peu de temps nous allons nous retrouver à la case départ. Parce que c’est comme si rien n’a été fait jusqu’à date. Si les principaux leaders sont absents à chaque cadre de dialogue, la communauté internationale va encore demander une inclusion de tous », a expliqué le président du RRD.

Mamadou Tanou Bah pour Guineematin.com

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