Les prisonniers amenés à travailler dans des champs ? Ce qu’il faut éviter selon l’activiste Kaly Diallo

Mamadou Kaly Diallo, activiste des droits de l’homme et responsable du programme de Démocratie sans violence, la baïonnette intelligente (DSV-BI)

La dernière sortie du ministre de la Justice et des droits de l’homme suscite des interrogations chez certains défenseurs des droits de l’homme. Au sortir d’une visite qu’il a effectuée hier à la Maison centrale de Conakry, Alphonse Charles Wright a annoncé que les prisonniers guinéens pourraient bientôt être soumis à des travaux d’intérêt général, notamment dans des champs que le gouvernement pourrait mettre en valeur. Une annonce qui ne laisse pas indifférent Mamadou Kaly Diallo, responsable du programme Démocratie sans violence, la baïonnette intelligente (DSV-BI) et activiste des droits de l’homme.

« Nous avons suivi avec attention cette sortie du ministre de la Justice et des droits de l’homme. C’est vrai, c’est quelque chose qui se fait ailleurs, dans certains pays. Mais il faudrait qu’on ait une définition claire des stratégies qui seront mises en œuvre. Si c’est en contrepartie de pécules, de primes, si c’est d’abord en commun accord avec les détenus, si on donne un contenu à ce sens là, ça pourrait être avantageux. Encore une fois, nous ne cessons de le rappeler, on n’envoie pas une personne en prison pour le détruire. Dans les conditions normales, cette privation de liberté, elle ne concerne que celle d’aller et de revenir.

Dans les pays très avancés en matière des droits de l’homme, il y a même des centres de formation à l’intérieur des lieux de détention pour qu’au sortir de prison, les gens soient accompagnés dans le cadre de la réinsertion sociale. Ce qui pourrait les accompagner à aller dans le sens positif que de s’éloigner de la répétition des infractions. Donc, nous restons vigilant, nous attendons qu’on nous donne un contenu par rapport aux modalités de la faisabilité pour en juger davantage », a réagi ce défenseur des droits de l’homme dans un entretien accordé à Guineematin.com, ce vendredi 16 décembre 2022.

Pour éviter de tomber dans le cadre des travaux forcés, il souhaite que le ministère de la Justice et des droits de l’homme soumette sa proposition aux détenus, avant son éventuelle mise en œuvre. « Pour le moment, on est à une phase d’annonce. Mais si ce n’est pas fait en commun accord, ça pourrait s’apparenter à des travaux forcés ou à une sorte d’exploitation. J’ose espérer que tel ne sera pas le cas. C’est pour cela que je dis, nous attendons de voir le contenu et les modalités de cette annonce », a dit Mamadou Kaly Diallo.

Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

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