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Lenteur des procédures judiciaires : le cri de cœur du parent d’un étudiant détenu sans jugement à la maison centrale de Conakry

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En Guinée, la lenteur des procédures judiciaires est un problème grave qui affecte de nombreuses personnes dans le pays. Cette lenteur peut avoir des conséquences graves pour les personnes arrêtées, même pour des délits mineurs, y compris des personnalités connues et des acteurs politiques et sociaux. Dans certains cas, elle a même entraîné la mort de personnes incarcérées. D’autres sont désorientées par cette situation et de jeunes étudiants y perdent les repères. Un exemple de cette lenteur est le cas de l’étudiant guinéen Amadou Yaya Barry, inculpé pour attentat à la pudeur et placé en détention depuis plus de six mois, sans que son dossier n’ait connu d’évolution significative. L’oncle maternel du prévenu interpelle les magistrats en charge du dossier et plaide pour la libération de l’étudiant afin de sauver sa carrière.

Écroué à la maison centrale de Conakry depuis plus de 6 mois, Amadou Yaya Barry, étudiant au département de Géographie à l’université Général Lansana Conté de Sonfonia, ne sait plus à quel saint se vouer. Inculpé pour attentat à la pudeur et placé sous mandat de dépôt le 8 juin 2022, l’étudiant de 26 ans croupit en prison. Son dossier tarde encore à connaître une évolution, plongeant le prévenu dans le désarroi alors que les cours ont repris à l’université depuis plus d’un mois. Ses parents interpellent la justice et la partie civile pour une « clémence », a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Ce dossier du jeune étudiant Amadou Yaya Barry n’a connu qu’une seule évocation au tribunal de Dixinn dans la journée du jeudi, 15 décembre 2022, avant son renvoi à huitaine. Il n’a même pas été extrait de la maison centrale alors que le dossier était bien enrôlé.

Kabinet Camara, oncle maternel du détenu Amadou Yaya Barry

Conscient de la gravité des faits reprochés à son neveu et préoccupé par la situation, Dr Kabinet Camara, l’oncle maternel du prévenu, interpelle les magistrats en charge du dossier à faire preuve de diligence dans ledit dossier avant de revenir sur les faits qui se sont déroulés le 6 juin 2022, à Kiroti, dans la commune de Ratoma. « C’est un sujet qui me désole un peu. Parce que qui dit attentat à la pudeur, puisque c’est l’infraction mise à sa charge, étant un parent et un éducateur, c’est un sujet qui fâche. Parce qu’il faut se mettre à la place des victimes pour comprendre leur état d’âme. D’ailleurs, c’est ce que la maman de la victime m’a dit quand je l’ai eu au téléphone pour plaider. Mon neveu, Amadou Yaya Barry a reconnu les faits même devant le juge. Il explique que ce jour, c’est la fille qui est venue vers lui pendant qu’il faisait du thé avec ses amis. La fille, ne voulant pas s’asseoir avec eux dehors, a préféré aller l’attendre dans la chambre. Plus tard, le petit aussi l’a rejoint là-bas. Imaginez une femme et un homme se retrouvent en situation comme ça, il peut y avoir beaucoup de choses. Pratiquement, c’est ce qui est arrivé. C’est pourquoi je dis que ça me désole quand j’en parle », a-t-il expliqué.

Mais, compte-tenu de la situation de son neveu, Amadou Yaya Barry, Dr Kabinet Camara plaide pour la libération de l’étudiant afin de sauver sa carrière. Il estime que les 6 mois déjà passés en détention suffisent pour corriger un délinquant primaire et faciliter sa réinsertion. « L’acte s’est passé depuis le mois de juin dernier. Il a été d’abord conduit dans un commissariat puis à la maison centrale de Conakry. Depuis lors, il est en détention. Il venait juste de faire une de ses évaluations de l’année dernière à la fac. Il n’avait même pas fini les évaluations de fin d’année quand cela est arrivé. Aujourd’hui, il y a eu l’ouverture des classes dans les universités et lui il est en prison. Quand le dossier avait été programmé pour la première fois, le petit n’a pas comparu vu qu’il y avait beaucoup de prévenus ce jour. C’est pourquoi nous faisons appel à vous médias pour interpeller les autorités en charge du dossier de faire preuve de promptitude dans le traitement de cette affaire. Ou si possible de lui accorder la liberté afin qu’il puisse poursuivre ses études. Puisque le dossier est en correctionnel, 6 mois de prison déjà, je crois que ça peut être une mesure de correction suffisante. On n’est pas contre sa correction, mais pour ne pas que ça puisse impacter son cursus universitaire, c’est pourquoi nous lançons cet appel auprès de ces autorités et même auprès de la famille victime pour qu’elles puissent faire une allégeance afin qu’il puisse poursuivre ses études », a-t-il dit.

À noter que cette affaire, pendante devant le tribunal de première instance de Dixinn depuis 6 mois, n’a été évoquée pour la première fois que le 1er décembre 2022. Selon les informations obtenues auprès de son oncle, l’audience pourrait être programmée jeudi prochain, 22 décembre 2022, devant la même juridiction.

Il n’est pas besoin de rappeler que la lenteur des procédures judiciaires peut avoir des conséquences néfastes sur les prévenus et leurs proches. Il est donc important que les autorités judiciaires guinéennes et les partenaires du pays agissent rapidement pour remédier à cette situation, qui peut avoir des répercussions néfastes sur les prévenus et leurs proches. Il est essentiel que la justice soit rendue de manière équitable et rapide pour assurer la paix et la stabilité du pays. Les dirigeants doivent rassurer les Guinéens que la justice n’est pas un outil des forts (du moment) contre les faible.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tél. : 626-66-29-27

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