Caméras de surveillance, passeports, port d’armes, sapeurs-pompiers, maintien d’ordre, tenue… : les réponses de Bachir Diallo au CNT

Général à la retraite Bachir Bachir Diallo, ministre de la sécurité et de la protection civile

Conformément à la règle, le ministre de la sécurité et de la protection civile, le Général Bachir Diallo, après avoir déroulé sa communication devant le CNT, s’est efforcé à répondre aux différentes questions des membres du CNT. C’est du moins le constat de l’équipe de Guineematin.com, déployée ce jeudi 22 décembre 2022 au Palais du peuple.

D’entrée, le Général à la retraite a mis un accent sur les difficultés à traduire en acte la volonté de changement prônée par le Conseil national du rassemblement pour le développement.

« Si on ne profite pas de cette transition pour régler des problèmes essentiels, on reviendra de façon cyclique à la transition. L’ensemble des questions posées méritent d’être posées et débattues », a t-il fait savoir en substance.

Pour ce qui est de l’acquisition du passeport, le ministre reconnaît d’emblée les difficultés qui l’entourent avant d’apporter des précisions.

« Quand un Guinéen a besoin d’un document de voyage, il doit l’avoir sans être arnaqué. Qu’il soit basé ici ou à l’extérieur. C’est ce qu’on est en train de faire. Vous avez un problème, vous partez dans un commissariat, vous êtes bien accueilli et servi. Mais vous ne devez pas sortir appauvri », a-t-il expliqué. Et d’ajouter plus loin la persistance des vieilles habitudes.

« Pourquoi en Guinée, quand on veut avoir un document de voyage, c’est de la croix et la bannière ? Pourtant, le passeport, la carte d’identité, ce sont de simples documents. Pour apporter la réponse, on a créé l’office national d’identification. Je pense que très bientôt, les choses vont commencer à s’améliorer. Mais vous savez que changer, n’est pas facile. Il y a de la résistance et on doit y arriver ».

A l’étranger, l’acquisition du passeport reste une des préoccupations du département. « Pour l’acquisition des passeports à l’étranger, le problème est réglé à moitié dans certains endroits. Puisque sur place, vous pouvez vous faire enrôler. Mais la production du document, c’est en Guinée. Ce qui connaît un peu de retard ».

Plus loin, le ministre Bachir Diallo a expliqué aux membres du CNT la problématique rencontrée dans la délivrance des documents de voyage, même au niveau des passeports diplomatiques et de services.

« Les passeports diplomatiques. Avant c’est les ministères des Affaires étrangères et de la sécurité en plus de la présidence. Maintenant, c’est la présidence qui les délivre. C’est la même chose pour les passeports de service. En un temps record, il y a eu plus de 1600 passeports de services qui sont sortis. Puisque les gens partaient voir les DRH. Cela aussi est fini. Dès que tu as un passeport de service, une fois de retour au pays, il est retiré. Le prix officiel du passeport ordinaire c’est 46 dollars, partagés à moitié entre la société IRIS et l’Etat guinéen. Pour les passeports qui se font à l’extérieur, les services de l’Ambassades avaient 15 dollars pour les frais d’expédition du document en Guinée. Il était question, pour arrêter la corruption, de bonifier les agents de la DCPAF, en charge du document. Mais le Budget n’entend pas cette oreille », a-t-il fait savoir.

En ce qui concerne la présence des caméras sur certains carrefours, le ministre évoque des raisons de sécurité citoyenne.

« Des caméras installées à Conakry. Elles sont installées pour vous et pas contre vous. C’est dans le cadre du projet ‘’Save City’’ qu’on est en train de les installer. Il a été initié avec la société Huawei. On est à 120 caméras et on ira jusqu’à l’intérieur du pays pour mieux sécuriser les populations », a promis Bachir Diallo.

Les sirènes intempestives dans la circulation ont également été évoquées. « A l’arrivée du CNRD, cela a été interdit. Je précise que n’importe qui n’a pas droit à la sirène. C’est pourquoi, il faut apporter des changements au niveau de la police routière », a indiqué le ministre.

Parlant de la protection civile, le ministre a informé des avancées enregistrées dans ce secteur depuis l’arrivée du CNRD. « Le Colonel Doumbouya est en train de doter ce service de véhicules d’une valeur de plus de 40 millions de $. Vous ne devez pas acheter ce matériel sans former et recruter du personnel », a-t-il dit.

Parlant des sous effectifs de la police et de leur déploiement à travers le pays, Bachir Diallo évoque le lourd héritage. « Si vous demandez à un policier où il veut aller, il vous dira c’est à Pamela, Boundou Fourdou, Kourémalé. Au niveau des frontières et pas n’importe où. C’est là où il  y a quelque chose, c’est là-bas qu’ils vont demander d’aller dans les zones minières. Ce qui pose problème. On travaille là-dessus. Récemment, on a créé une CMIS à Kalobounyi qui va s’occuper de Boké, Kolabounyi, Kamsar, Sangarédi et Boffa. Mais on doit le faire, je suis d’accord avec vous et on va y arriver », a promis le Général.

Revenant sur le constat fait par les Conseillers concernant l’augmentation de la ligne sur les salaires, le ministre a donné d’amples informations. D’ailleurs, il en a profité pour annoncer l’acquisition d’un premier lot d’uniformes en faveur des policiers.

« Vous devez comprendre que ce n’est pas simplement les salaires qu’il s’agit ici. Il y a les uniformes et le ravitaillement qui sont pris en compte par cette ligne de dépenses.  Vous avez tout un ensemble de tenues pour la tenue. Les tenues de la police sont arrivées il y a trois jours. La tenue va avoir sa tenue de maintien d’ordre. Il y aura aussi d’autres tenues pour une valeur de 6 millions de dollars. C’est ce que par exemple, ceux qui sont à l’aéroport vont porter ».

L’état d’ébriété de certains policiers. Ce qu’il faut pour que les policiers cessent de quémander et adoptent un comportement exemplaire. « Un policier que va dans un bar et qui prend un verre pour ressortir après, ce n’est pas interdit. C’est son droit. Tous les oiseaux mangent le mil mais c’est ceux qui ont élu domicile dans le champ de mil qui ont été appelés mange-mil », a dit le ministre.

Les numéros verts de la police seront bientôt de retour et renforcés, a promis Bachir Diallo qui a aussi promis de déployer prochainement des équipes de sapeurs-pompiers bien équipées à l’intérieur du pays.

« A N’zérokéré, il y a une année, lorsqu’il y a eu l’incendie au marché. Les sapeurs-pompiers sont venus. Ils ont fait un premier largage et l’eau était finie. Mais en fait, c’était la citerne même qui était trouée. Le matériel était vétuste. C’est pourquoi le Président de la transition a décidé d’équiper ce service. L’insuffisance de stations de sapeurs-pompiers est un fait réel. Au moins, il nous faut en avoir dans chaque région du pays », a-t-il dit.

Pour la régularisation du stationnement des engins de deux roues, trois et plus, le ministre a rappelé le rôle de chaque acteur dans ce secteur. « La police communale et les administrateurs des marchés  doivent normalement s’occuper du stationnement aux abords des marchés. Et  c’est à la police de réglementer la circulation et le mauvais stationnement sur la route ».

Le Fonds social de la police s’est invité dans les débats. Et le ministre a expliqué qu’avant, lorsqu’un policier est malade, celui-ci est évacué à partir du ministère de la fonction publique. « D’où la nécessité de créer ce fonds social. Selon le mécanisme mis en place, l’intéressé paie 5% et l’Etat prend en charge l’équivalent de 25 % de son salaire. Mais jusqu’ici, c’est au département de se débrouiller pour la prise des malades », a souligné le ministre.

Par rapport aux policiers indélicats, le ministre se veut clair. « Si dans une structure de police, on vous manque du respect, n’hésitez pas à nous le remonter. La police est là au service du citoyen et non le contraire. Au niveau de la sécurisation des évènements, il suffit juste de nous écrire. On prend les dispositions », a promis le Général Bachir Diallo.

En ce qui concerne la mobilisation des recettes dans ce département, le Général Bachir Diallo se dit conscient de la modicité des montants mobilisés. « Ce département doit être acteur dans cette mobilisation. Cette année, on a pu mobiliser 200 millions. C’est très peu. On est en train d’aller à la dématérialisation des services de paiement pour apporter des corrections et améliorer le niveau des recettes ».

La présence de la drogue kush qui fait des ravages en Guinée, s’est invitée dans les débats. « La drogue qui fait le plus de dégât à travers le monde, c’est cette drogue kush. Récemment en France, l’incendie enregistré dans un immeuble a été provoqué par des dealers. La transversalité de la lutte contre la drogue implique la présence de plusieurs acteurs. Plusieurs départements sont interpellés et impliqués dans la mise en place d’un mécanisme de lutte contre la drogue kush dans notre pays. Du travail est en train de s’organiser pour lutter contre ce mal qui commence à gagner du terrain dans de nombreux pays », a indiqué le premier policier guinéen.

Les tueries enregistrées lors des manifestations ont été également évoquées par les Conseillers. Sur cette question, Bachir Diallo promet que des dispositions vont être prises. « C’est un ensemble de dispositions à prendre pour mieux gérer les manifestations. Le maintien de l’ordre, il y a du travail à faire à tous les niveaux. Au niveau de la police et des citoyens dont certains viennent dans la logique de tuer au lieu de manifester », a-t-il dit.

L’immatriculation des véhicules de police a été également dénoncée au CNT. Cela va changer, promet le ministre. « Nous avons recensé l’ensemble des véhicules de la police. Il y a quelques véhicules, une dizaine tout au plus, qui n’ont pas de plaques d’immatriculation. Nous avons exigé qu’ils mettent les numéros d’immatriculation. C’est une exigence et ce sera fait », s’est-il engagé.

Pour l’autorisation du port d’armes, Bachir Diallo a déploré que ce service soit logé dans d’autres départements. « C’est une réforme à faire puisque jusque-là, ce sont d’autres ministères qui s’en occupaient de cet aspect. De nos jours, nous sommes en train de travailler », a conclu le Général Bachir Diallo.

Depuis le Palais du peuple, Abdallah BALDE et Ansou Baïlo BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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