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Faire travailler les prisonniers dans des champs ? Les réserves de Mamadi Kaba de la LIDDA

Dr Mamadi Kaba, président pour la Ligue pour les Droits et la Démocratie en Afrique (LIDDA)

C’est avec beaucoup de réserves et d’interrogations que l’activiste des droits de l’homme, Dr Mamadi Kaba, a accueilli la dernière sortie du ministre de la Justice et des droits de l’homme. Alphonse Charles Wright a annoncé hier que les prisonniers guinéens pourraient bientôt être soumis à des travaux d’intérêt général, notamment dans des champs que le gouvernement pourrait mettre en valeur.

Pour le président de la Ligue pour les droits et la démocratie en Afrique (LIDDA) craint que cela ne conduise à des violations des droits de l’homme. Il l’a dit dans un entretien avec un journaliste de Guineematin.

« Les violations des droits de l’homme ne peuvent pas se situer dans le principe. C’est-à-dire, amener les gens à cultiver pour se faire un peu d’argent ou faciliter leur réinsertion, il n’y a pas de violation dans le principe. Mais la manière d’y accéder. Les prisonniers qui le font, est-ce que chacun adhère librement au principe ? C’est-à-dire, est-ce qu’on fait la proposition et les gens adhèrent librement au principe ou alors les gens sont obligés de le faire ? Cette question là il faut qu’on ait sa réponse. Comment les gens vont être amenés à le faire ? Est-ce que chaque prisonnier a la possibilité d’y aller ou pas ?

Deuxièmement, est-ce que c’est la seule activité prévue ou bien il y a des formations qui sont prévues et d’autres activités génératrices de revenu ? Parce qu’il y a des prisonniers qui ont des métiers. Il y a des prisonniers qui savent faire quelque chose. Ceux qui ne veulent pas faire l’agriculture et qui savent faire autre chose, est-ce que le ministère va les aider à faire des productions pour avoir des revenus ? Ou alors ceux qui refusent de faire l’agriculture seront simplement abandonnés à eux-mêmes ? Si on a des réponses par rapport à ces questions-là, je crois qu’on peut se prononcer dessus », a-t-il déclaré.

En attendant, l’activiste des droits de l’homme reste méfiant, même s’il juge le principe salutaire. « Aux États-Unis, j’ai visité une prison à Oklahoma City, il y a des prisonniers qui fabriquent des table-blancs là-bas. Ce sont de très bons menuisiers. L’État a créé à l’intérieur de la prison une menuiserie et tous les prisonniers qui connaissent la menuiserie travaillaient là-bas pour produire des table-bancs pour les écoles. Donc, est-ce que c’est la même dynamique qu’on est en train de faire ?

C’est-à-dire la prison, au lieu d’être un lieu de détention, que ce soit un lieu de rééducation et d’insertion ? Si c’est ça vraiment, on va applaudir de toutes nos forces. Mais ça peut être aussi une manière d’endoctriner les prisonniers à la façon chinoise. Tout cela aussi est possible », Donc, il faut que nous ayons quelques réponses par rapport à ces questions-là pour pouvoir juger la chose. Si on a des réponses à ses questions-là, on pourra se réjouir ou désapprouver l’initiative », a dit Dr Mamadi Kaba.

Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com 

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