« Quand on organise des événements, le public guinéen est imprévisible. Quelques soient les mesures que tu vas prendre, il y aura des gens qui peuvent faire dégénérer les choses. Nous ressentons le coup parce qu’une activité artistique peut donner plus que s’il n’y en a pas, mais si cela peut aboutir à d’autres conséquences, nous préférons l’interdiction parce qu’une vie vaut plus que des milliards…», estime Kerfalla Camara, coordinateur de la plage de Lambanyi.
Le coordinateur de la plage de Lambanyi, dit n’avoir pas été surpris par la décision de madame la gouverneure de la ville de Conakry, Générale à la retraite M’Mahawa Sylla, interdisant la tenue de concerts sur les plages de la capitale le 20 décembre dernier. Kerfalla Camara estime qu’elle n’a fait que reconduire une décision prise depuis 2014 après le drame survenu à Rogbané qui a fait une trentaine de morts. Il dit ressentir le coup de l’interdiction mais préfère qu’il en soit ainsi parce qu’une vie vaut mieux que des milliards, rapporte Guineematin.com qui l’a rencontré ce lundi, 26 décembre 2022.
« Sincèrement, la décision de Mme le gouverneur ne nous a pas surpris. Tous les gestionnaires de plage le savent, depuis le drame malheureux de Rogbané, il y avait une décision qui avait été prise dans ce sens, donc elle n’a fait que confirmer la décision », a-t-il rappelé.
Les concerts à la plage drainent beaucoup de monde, ce qui permet évidemment aux gestionnaires d’avoir plus d’argent. Cette interdiction constitue donc un manque à gagner pour eux, mais Kerfalla Camara préfère la sécurité.
« Nous nous y sommes habitués. Comme les clients viennent même en dehors des activités artistiques pour prendre de l’air, se reposer, donc tout ça les attire. C’est déjà suffisant parce que quand on organise des événements, le public guinéen est imprévisible. Quelques soient les mesures que tu vas prendre, il y aura des gens qui peuvent faire dégénérer les choses. Nous ressentons le coup parce qu’une activité artistique (à la plage) peut donner plus que s’il n’y en a pas, mais si cela peut aboutir à d’autres conséquences, nous préférons l’interdiction parce qu’une vie vaut plus que des milliards. Donc, si l’État juge qu’il n’y a pas de sécurité pour accueillir des événements d’une telle dimension, il est préférable de surseoir à cela », a-t-il estimé.
Il assure que des mesures de sécurité pérennes sont prises depuis très longtemps à la plage de Lambanyi et que si les plages sont bien aménagées, il n’y a pas de risques pour y interdir les concerts.
« Nous, en dehors des activités artistiques, si nous constatons qu’il y a trop de monde, nous fermons l’accès, notamment aux enfants. Et, à la rentrée, il y a un panneau interdisant certains produits à la plage, il y a une fouille systématique des sacs. Ce n’est pas une décision liée à la fête, mais on le fait depuis l’ouverture de la plage de Lambanyi. Donc, nous avons un règlement intérieur. Et, si l’État vient nous appuyer, ça ne fera qu’un plus. Nos mesures de sécurité sont pérennes parce que si vous le faites juste pour la fête, d’autres choses peuvent arriver. Nous nous battons à tous les niveaux pour que quelque soit le niveau de concert qu’on organise, qu’il se passe comme si c’était dans un stade. Si les plages sont bien aménagées, je ne vois pas beaucoup de risques pour interdire l’organisation des concerts dans ces lieux », a expliqué le coordinateur de la plage de Lambanyi. Kerfalla Camara dit disposer dans cette plage 130 éléments (nageurs, secouristes, guides et agents de la protection civile) pour la sécurité de leur client.
Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com