Conakry : le préfet de Mamou, le chef du quartier de Kaporo jugés pour rébellion, violences…

Colonel Mamadi Diallo, préfet de Mamou

L’actuel préfet de Mamou, le Colonel Mamadi Diallo ; son frère, Alex Mamadi Diallo ; le chef du quartier Kaporo, Alseny Zahoui Soumah ; son adjoint, Elhadj Naby Bangoura, et plusieurs autres sont trimbalés en justice. Ils sont poursuivis devant le tribunal de première de Dixinn pour avoir empêché l’exécution d’une décision de justice. Leur procès s’est ouvert ce jeudi, 29 décembre 2022, où ils vont répondre des faits de rébellion, violences, injures publiques, menaces de mort, destruction d’édifices privés et vol, a appris un reporter que Guineematin.com avait dépêché au tribunal.

Les parties civiles dans cette affaire sont Elhadj Baba Gallé Camara et l’huissier de justice, maître Mamadou Aliou Baldé. Dans cette affaire, on reproche au Colonel Mamadi Diallo et à ses acolytes de s’être opposés avec violence à maître Mamadou Aliou Baldé, huissier de justice. Ce dernier était venu, avec une équipe de policiers, exécuter une décision de justice au marché de Kaporo, dans la commune de Ratoma. Décision dans laquelle la justice avait ordonné la démolition des bâtiments construits par Alex Mamadi Diallo sur la propriété de Elhadj Baba Gallé Camara, a-t-on appris.

Au cours de leurs dépositions lors de l’audience précédente, aucun des prévenus n’avait reconnu les faits. Au même titre que les autres, Alex Mamadi Diallo, qui a fait sa déposition ce jeudi devant le juge audiencier, Amadou Sy, a également rejeté en bloc les faits articulés contre lui. Il a tout d’abord rappelé que c’est lui qui a construit les 10 magasins qui font l’objet de démolition par une décision de justice. Selon lui, le jour où l’huissier et son équipe sont allés sur le terrain pour exécuter la décision de justice, il n’était pas physiquement présent. « C’est moi qui ai construit sur les lieux. C’est la mairie qui m’a octroyé les lieux en 2009. Depuis 2009, j’ai commencé à faire les travaux. J’ai construit 10 magasins au marché de Kaporo. Depuis que j’ai commencé à construire jusqu’à la fin des travaux, personne n’est venu me dire que les lieux lui appartiennent. C’est mon frère qui a suivi tous les travaux, mais personne ne lui a dit d’arrêter les travaux. C’est après avoir bâti les 10 magasins que j’ai reçu, en 2015, la première convocation soi-disant que le domaine appartient à Elhadj Baba Gallé. Et après, on nous dit qu’une décision de justice a été rendue accordant la propriété des lieux à Elhadj Baba Gallé. Mais il se trouve que moi j’ai déjà fini de construire. Le juge Morlaye nous a dit que je n’ai pas le droit de toucher quelque chose là-bas et de ne pas mettre les pieds sur les lieux. C’est pourquoi, le jour où l’huissier est venu, je n’étais pas sur les lieux. Ce sont mes enfants et mon frère qui étaient venus récupérer les biens dans les magasins qui étaient fermés. Ce n’est pas aussi sur mes instructions que mon frère et mes enfants se sont rendus sur les lieux pour récupérer mes biens. Et personne ne s’est opposé à l’huissier avec force », soutient Alex Mamadi Diallo.

Des propos balayés d’un revers de main par Me Mamadou Aliou Baldé, l’une des parties civiles dans cette affaire. L’huissier de justice dit avoir été empêché de faire son travail par Alex Mamadi Diallo, qui était physiquement présent sur les lieux, tout comme son frère, le Colonel Mamadi Diallo, actuel préfet de Mamou, Commandant adjoint de la gendarmerie de la zone de Conakry à l’époque. L’huissier soutient également que le chef de quartier de Kaporo Alseny Zahoui Soumah et son adjoint, Elhadj Naby Bangoura étaient présents ce jour. « Je suis venu sur les lieux, accompagné de 10 policiers du commissariat central de Ratoma. On a commencé la démolition. Parce qu’il s’agissait de démolir les bâtiments. Aussitôt, j’ai vu Alex Mamadi Diallo ; son frère, le Colonel Mamadi Diallo ; le chef de quartier, Alseny Zahoui Soumah ; son adjoint, Naby Bangoura et plusieurs autres personnes. Le Colonel Mamadi Diallo est venu avec 4 pick-up remplis des gendarmes. Les 10 policiers qui étaient avec nous ont quitté. Alex Mamadi Diallo donnait l’ordre aux gendarmes de prendre les portes. Le chef de quartier a retiré les documents de mes mains. Il nous a intimé d’arrêter la machine. Le chef de quartier a dit que la population de Kaporo va nous brûler aujourd’hui. Ils ont incité les femmes vendeuses du marché de Kaporo à nous agresser. On a été empêché de faire notre travail. Heureusement, on a fui », a dit à la barre maître Baldé.

Le tribunal a déclaré les débats clos avant de renvoyer l’affaire au 12 janvier 2023 pour les réquisitions et plaidoiries. Tous les prévenus comparaissent libres.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

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