Conflit entre éleveurs et agriculteurs à Lélouma : « Nous demandons l’aide des autorités pour résoudre ce problème »

Comme annoncé précédemment, deux personnes ont été interpellées il y a quelques jours et envoyées en prison dans le cadre d’un conflit opposant éleveurs et agriculteurs à Madina Dian, un district relevant de la sous-préfecture de Balaya, dans la préfecture de Lélouma. Hothia Oury Sidibé, enseignant et agriculteur, et son jeune frère, Imrana Sidibé, sont accusés par les éleveurs de porter atteinte à l’intégrité physique de leurs animaux. Préoccupés par cette situation, les agriculteurs appellent à l’intervention des autorités pour trouver une solution à ce vieux problème avant que la situation ne dégénère.

Le 30 décembre dernier, Hothia Oury Sidibé, enseignant au collège de Sagalé, qui évolue parallèlement dans l’agriculture, a quitté son village pour se rendre à Lélouma et répondre à une convocation de la gendarmerie. Et depuis, il n’est pas rentré chez lui. Après avoir l’avoir entendu, les gendarmes l’ont mis à la disposition de la justice, avant d’être placé en détention préventive. Son jeune frère, Imrana Sidibé, a également été interpellé et conduit à la prison civile de Lélouma.

Les deux frères sont poursuivis par la coopérative des éleveurs du district de Madina Dian, dans la sous-préfecture de Balaya, qui les accuse de causer des dommages à leurs animaux. Cela après qu’un taurillon est tombé dans un puits creusé dans le champ de Hothia Oury Sidibé pour pouvoir arroser son jardin potager en saison sèche. Mamadou Ciré Diallo, membre de la coopérative des éleveurs, indique qu’ils ont porté plainte contre les deux frères pour les dommages causés à leur bétail.

Mamadou Ciré Diallo, éleveur à Lélouma

« On nous a appelés pour nous dire que notre taurillon est tombé dans un puits, situé dans le bas-fond. J’ai cherché des gens pour aller tirer l’animal et le remonter. Après cela, nous avons décidé de fermer les trous pour éviter que nos bœufs soient accidentés. Et avant cet incident, nous avons déploré des actions de maltraitance sur nos bêtes. Certaines ont été blessées au coupe-coupe, d’autres même ont été tuées. C’est pourquoi, nous avons décidé de porter plainte contre eux pour arrêter ce genre de comportements sur notre bétail. Nous, nous avons porté plainte contre eux à la gendarmerie. C’est la gendarmerie qui a saisi la justice. Les agriculteurs ne se sédentarisent pas. Ils occupent le bas-fond de façon disparate en creusant des trous un peu partout. Ce qui constitue un véritable danger pour nos animaux », a-t-il expliqué.

Mais du côté des agriculteurs, on soutient que Hothia Oury et Imrana Sidibé n’ont rien fait qui puisse les conduire en prison. Saïkou Oumar Keïta, voisin des frères incriminés, dénonce des « abus » que les éleveurs font subir aux agriculteurs depuis plusieurs années dans cette localité. Il exhorte d’ailleurs les autorités à s’impliquer pour trouver une solution aux problèmes qui opposent les deux camps.

Saïkou Oumar Kéïta

« Le problème qui se passe ici est très vieux. Le bas-fond de Téntéguélé, dans le secteur de Sinthiourou Farabanna, relève du district de Madina Dian et fait partie de la commune rurale de Balaya. Depuis longtemps, il y avait des problèmes entre les éleveurs et les agriculteurs sur l’occupation et la gestion de ce bas-fond. Finalement, les éleveurs se sont organisés en coopérative et s’occupent de leur bétail, et nous aussi, les agriculteurs, nous nous sommes organisés pour exploiter ce bas-fond.

Nous avons fait des clôtures pour faire des activités agricoles et de jardinage. En saison des pluies, nous cultivons du riz ; et en saison sèche, nous faisons des jardins potagers. Et comme il faut arroser, nous avons mis des puits. Malheureusement, si les bœufs viennent par là-bas, parfois, ils détruisent nos récoltes ou nos jardins, et parfois aussi, ils font des accidents en tombant dans les puits ouverts pour l’arrosage de nos cultures.

Pour ce cas-ci, des bœufs ont détruit le riz en phase de maturité de Hothia Oury, précipitant la récolte. Quelques jours après, un taurillon est rentré dans sa clôture et est tombé dans le puits. Lorsque Hothia l’a appris, il m’a appelé pour l’aider à le retirer du trou. Mais j’étais loin, et ses frères étaient partis regarder le ballon, il était 21 heures. Le propriétaire de l’animal a été informé le même jour, et le lendemain, ils sont venus sortir l’animal du trou.

Après, ils ont décidé de fermer son puits. Ce que Hothia n’a pas accepté. C’est tout le problème. Ils sont allés porter plainte contre lui à la gendarmerie. Finalement, depuis le vendredi 30 décembre, Hothia Oury et son frère sont détenus à la prison civile de Lélouma. Mais vraiment, nous souffrons de ces règlements de compte. Nous demandons aux autorités, au lieu de nous emprisonner, de nous aider à résoudre ce problème avec nos voisins », sollicite Saïkou Oumar Keïta.

Pour l’heure, Hothia Oury Sidibé et son frère sont détenus à la prison civile de Lélouma en attendant la tenue de leur procès. La détention de cet enseignant laisse vide au collège de Sagalé, où il est en service.

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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