Boulliwel (Mamou) : immersion dans le difficile quotidien des populations de Gadha Bendeyli

Samba Camara, chef du secteur Ghadha Bendeyli

Les villages du secteur Gadha Bendeyli, relevant du district Bhawo Fello, à 21 km du chef-lieu de la sous-préfecture de Boulliwel, sont coincés entre des montagnes, des vallées et des collines. La localité, très peuplée, est arrosée principalement par la rivière Bendeyli qui prend sa source dans la préfecture de Dalaba pour se jeter sur le fleuve Konkouré vers Linsan (Kindia). Ses habitants vivent toutefois dans une extrême pauvreté. Les indices de cette pauvreté sont l’enclavement, l’absence d’infrastructures scolaires et sanitaires, d’ouvrages de franchissement, le manque d’eau potable, entre-autres. Tel est le constat fait sur place par un reporter de Guineematin.com qui vient d’y séjourner.

 Le secteur Gadha Bendeyli est composé de plusieurs villages et hameaux. La localité est très enclavée à cause de son emplacement géographique. Il manque également d’infrastructures socio-économiques de base.

Un calvaire pour les populations qui ne savent plus à quel saint se vouer. C’est ce qu’a indiqué le chef du secteur de Gadha Bendeyli, Samba Camara. « Nous vivons entre des montagnes, des vallées et des collines. Nous n’avons aucune infrastructure de base. Nous avons plusieurs difficultés. Nous n’avons pas de routes et de ponts. Pendant la saison des pluies, la grande rivière de Bendeyli qui nous sépare de Bholol et de Bhawo Fello centre, il n’y a pas de passage. Un citoyen de Gadha Bendeyli ne peut pas aller de l’autre rive et vice versa. Quelques besoins fondamentaux tels que le sel, le savon, la nourriture sont difficiles à gagner du fait que nous sommes enclavés. Il y a aussi d’autres rivières notamment Bamiwol et Kelliwol qui traversent notre secteur. Lorsque nous avons constaté les vagues d’eau qui descendent avec force sur la rivière de Bendeyli, nous avons mis un petit pont en amont pour le passage des quelques motos et des piétons, uniquement pour la saison sèche. A Missidé Madina, nous avons fait un pont à M’bamou et à Danda, le pont communément appelé Dépo sans oublier Djegounko où il y a un autre pont. Mais ce sont des ponts sommaires, faits à la main, en bois. Nous avons sérieusement besoin de routes et de ponts, mais compte tenu de la pauvreté, on n’a pas pu. Nous sollicitons une aide pour nous désenclaver », plaide-t-il.

Par ailleurs, Samba Camara a salué l’appui des fils ressortissants qui sont à Kindia et en Guinée Bissau qui ont construit trois mosquées sans oublier l’école primaire de la localité qui est en chantier. « Les fils ressortissants de Gadha Bendeyli à Kindia, de Guinée Bissau et ailleurs nous ont fait trois mosquées pour la prière. Il y a une école de trois classes en cours de construction. Mais en ce qui concerne la route et les ponts, c’est seulement l’État et le gouvernement qui peuvent nous aider. Alors, nous demandons aux autorités de la transition de nous aider », a martelé Samba Camara.

Alpha Issiaga Camara, sage de Danda

En outre, d’autres difficultés non des moindres constituent un fardeau pour ces populations rurales. Ce sont les conflits domaniaux. Alpha Issiagha Camara, citoyen de Danda, dit en avoir été victime. « Nos aïeux et nos grands-pères ont vécu plus de1 00 ans ici. Contre toute attente, des gens venus d’ailleurs, à 35 km d’ici, ont décidé de venir nous chasser d’ici. Ils envoient des gardes, des convocations de la gendarmerie à la justice en passant par la police et l’habitat. Et finalement, la justice a tranché, nous avons eu raison. On a les papiers. Mais ils continuent de nous fatiguer parce qu’on est pauvre. Ils veulent nous faire déguerpir des terres de Loppethalé à Dounkihoun Bakou, et Rawna N’dyan. Tout récemment, notre concitoyen Djibril a reçu une convocation de la police pour un conflit domanial qui a duré plus de 5 ans. Ensuite, quand le début des travaux des champs s’approche, les mêmes personnes viennent nous réclamer l’argent pour obtenir un domaine à cultiver. Nous voulons que cette pratique cesse ou diminue. Nous sollicitons une aide auprès des médiateurs et aux autorités pour sortir de l’impasse », sollicite le Sage Alpha Issiagha Camara.

Mme Mariama Bhoye Diallo, ménagère domiciliée à Moudouba

Par ailleurs, le manque d’eau potable constitue une réelle préoccupation pour la population de Gadha Bendeyli, comme l’explique Mme Mariama Bhoye Diallo, ménagère domiciliée à Moudouba. « Pendant la saison des pluies, on a un peu d’eau. Mais dès que la saison sèche s’annonce, la rivière se découpe et tarie. On constate des eaux souillées contenant des algues. Nous buvons une eau sale provenant de Dalaba où l’on jette des ordures de toute sorte. La plupart de nos villages n’ont pas de forages, notamment Moudouba, Mabhé, Kannya, Bholol, Dounel, Missidé Madina, Danda et Thiangui ainsi que Yarkoun et Bambehoye. Pendant la saison sèche, tout le monde boit l’eau de cette rivière. C’est ici que les enfants se lavent, les bétails boivent ici aussi. Il y a une seule source à côté qui tarie. Là également, les animaux viennent boire. Nous habitons entre des montagnes. Ensuite, nous les femmes, nous n’avons pas de marchés pour écouler nos marchandises agricoles. Nous les transportons à l’aide des taxis motos à perte à cause de l’enclavement », a laissé entendre Mariama Bhoye Diallo.

De retour de Bhawo Fello, Boulliwel, Amadou Baïlo Batouala Diallo pour Guineematin.com

Tél : 628516796

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