Durée de la transition : « on est en train de tourner en rond », estime Fodé Mohamed Soumah

Honorable Fodé Mohamed Soumah, président de la Génération Citoyenne (GéCi)

Après la réunion du 4 décembre 2022 à Abuja, au Nigeria, les chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont trouvé un accord de 24 mois avec le CNRD comme durée de la transition en Guinée. Alors que la CEDEAO parlait d’un démarrage immédiat et que la junte a annoncé un démarrage pour ce mois de janvier, de nombreux acteurs politiques disent ne rien comprendre. C’est le cas de Fodé Mohamed Soumah, président du parti Génération Citoyenne (GéCi), interrogé par un reporter de Guineematin.com, qui pense qu’on est en train de tourner en rond.

« Je trouve qu’il y a non seulement un imbroglio, mais d’inconnus lorsqu’on dit effet immédiat pour un évènement qui a eu lieu plus d’un an avant. On tangue. Et là, en faisant un calcul, la décision nous ramène au même niveau que la demande du CNRD. Le CNRD avait dit 39 mois, le CNT a dit 36 mois, tout ce qui s’est passé le 5 septembre, on arrive à 40 mois. Donc, c’est pour vous dire qu’il y a un flou artistique qui entoure cette situation, qui fait que beaucoup de gens estiment même que la transition n’a toujours pas commencé. Donc, c’est un sacré problème qui se trouve entre les mains de la CEDEAO, les autorités du CNRD et les autorités de la classe politique surtout. Parce qu’il ne faut pas oublier que la transition est éminemment politique. Aujourd’hui la classe politique est divisée, il y a eu des assises dont on ne connaît pas les conclusions, il y a un dialogue, je pense qu’on est en train de tourner en rond. Et il s’agit de mettre le curseur sur la transition et le retour à l’ordre constitutionnel. Donc, ce flou entraîne des questionnements, et sincèrement, en tant qu’acteur politique, je trouve que c’est désolant pour la suite de la transition », dit Fodé Mohamed Soumah.

Pour Fodé Mohamed Soumah, les autorités de la transition doivent rectifier le tir pour permettre à notre pays de bien négocier ce virage. « Aujourd’hui, où est-ce qu’on en est ? Personne ne peut apporter de réponses à cette question. Quand on voit que la CEDEAO a validé les deux ans, le CNRD a accepté les deux ans, alors qu’il y a dix points, dont un seul dépasserait les deux ans, à savoir le recensement général… C’est pourquoi la GéCi a proposé que nous puissions aller vers l’amendement de la constitution de 2010 qui est consensuelle, la révision de la liste électorale. Ceci ne nous prendrait pas du temps et pourquoi pas coupler le législatif et le local et ensuite, finir avec la présidentielle. En tout cas, il y a un programme qui n’excède pas une année, selon la vision de la GéCi. Maintenant, si nous voulons dire deux ans en tenant en compte des dix points, ça veut dire que ce n’est pas possible. C’est pourquoi je disais tout à l’heure qu’on tourne en rond, on ne pose pas les bonnes questions. Et quand on ne pose pas les bonnes questions, on n’aura pas les bonnes réponses. Et une mauvaise question entraînera toujours une mauvaise réponse. Donc, il est temps que l’on sache ce qu’on veut faire de cette transition, de notre pays, et surtout avoir une pensée solidaire avec les populations qui, au moment où je vous parle, ne savent plus où donner la tête. L’insécurité, la violence, les calculs politiques et énormément d’éléments sont en train de plomber la transition.  Donc, il est du devoir et de la responsabilité du président de la transition de rectifier le tir et d’aller à l’essentiel », a-t-il laissé entendre.

Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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