Jugé depuis quelques semaines, Aboubacar Yalany Bangoura, Directeur général du Fonds de garantie des prêts aux entreprises (FGPE), a comparu hier, lundi 9 janvier 2023, au tribunal correctionnel de Kaloum. Le responsable de cette institution financière placée sous la tutelle de la primature est poursuivi pour agression sexuelle et harcèlement sexuel et moral au préjudice de madame Aïssatou Bah, cadre de la même direction, a sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Madame Aïssatou Bah accuse son directeur de l’avoir plaquée au mur, à l’intérieur de son bureau, avant de l’agresser sexuellement avec des propos qui portent atteinte à son honneur. À la barre, Aboubacar Yalany Bangoura a réfuté toutes ces accusations mises à sa charge. Il justifie la colère de sa subordonnée par le fait qu’il l’a rétrogradée pour manque de ponctualité au travail.
« La dernière fois qu’elle est venue dans mon bureau, elle a été filmée par la caméra de surveillance qui se trouve juste à l’entrée de mon bureau. Et ce jour, elle n’était pas venue sur mon invitation. À sa sortie du bureau, elle était toute joyeuse, elle jouait et souriait avec les gens. Comment se fait-il que quelqu’un qui s’est fait agresser puisse avoir une telle attitude dans les minutes suivantes ? Ce n’est pas possible. Ce n’est que 3 ou 4 jours plus tard qu’elle a dit aux gens que moi je l’ai agressée sexuellement. Et cela est intervenu après sa rétrogradation pour incompétence et irrégularité à son poste de travail. Quand elle est allée se plaindre à la Primature et au niveau du Conseil d’administration du FGPE, ces deux entités ont mis en place chacune une commission d’enquête pour en savoir plus. Au lieu de mener les enquêtes avant de décider quoi que ce soit, ils ont préféré me suspendre avant de m’écouter ; ce qui n’est pas normal. Aujourd’hui, je suis rétabli dans ma fonction de directeur général en attendant leur rapport final. Il y a trois mois de cela qu’aucune preuve n’est encore apportée contre moi. Quand elle dit que j’ai fermé le bureau à clé, ce n’est pas vrai. Vous pouvez demander à quiconque là-bas, si j’ai une fois fermé mon bureau à clé quand j’ai de la visite. Je ne l’ai jamais fait avec qui que ce soit », a expliqué monsieur Bangoura.
Pour sa part, la plaignante, Aïssatou Bah a réitéré à la barre avoir été victime de harcèlement sexuel et moral de la part d’Aboubacar Yalany Bangoura dès les premières heures de son recrutement. « Dès que je suis venue là-bas, il a commencé à me faire des avances. Il est même passé par quelqu’un qui est venu me dire un jour que M. Yalany demande des informations personnelles sur ma personne. Ce jour, quand je suis entrée dans son bureau, je me suis faite agresser et harceler sexuellement par lui. C’est après quoi je suis allée le dénoncer à la Primature et au niveau du Conseil d’administration du FGPE qui ont mis en place des commissions d’enquête et procédé à sa suspension », a-t-elle laissé entendre.
Appelés à témoigner ce lundi à la barre, Saran Camara, Directrice des ressources humaines du Fonds de garantie des prêts aux entreprises (FGPE) ; et Mamadou Yéro Barry, Conseiller juridique du directeur général, se sont accordés sur le fait qu’ils n’ont pas de preuves sur les accusations portées contre le DG, Aboubacar Yalany Bangoura. Par contre, ils disent n’avoir pas compris la manière par laquelle dame Aïssatou Bah a été rétrogradée tout comme la diminution de son salaire par le DG.
Pour éclairer davantage la lanterne du tribunal sur cette affaire, le ministère public et les avocats de la partie civile ont sollicité la comparution du président du Conseil d’administration du FGPE. La démarche vise à savoir sur quoi le CA s’est fondé pour suspendre le prévenu de ses fonctions.
Une sollicitation rejetée par le juge Mamoudou DIAKITE. Le tribunal a renvoyé le dossier au 23 janvier 2023 pour les réquisitions et plaidoiries.
Malick DIAKITE pour Guineematin.com
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