Transition : « les 24 mois du chronogramme n’ont pas encore commencé », dit Dr Édouard Zotomou Kphogomou

La Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’est accordée avec la junte du CNRD, en décembre 2022, que la transition guinéenne allait s’étaler sur 24 mois, avec un démarrage immédiat. Le Colonel Mamadi Doumbouya, dans une adresse à la nation, avait annoncé le démarrage de ce calendrier courant janvier 2023. Alors que rien de concret n’est fait sur le terrain jusque-là, des voix commencent à se faire entendre, à l’image de Dr Edouard Zotomou Kpoghomou. Interrogé à ce sujet hier, lundi 9 janvier 2023, par un reporter de Guineematin.com, le président de l’UDRP, membre de l’ANAD, ne cache pas ses regrets.

« A l’heure actuelle, je pense que le CNRD est juste dans les calculs pour pouvoir réellement réintroduire le concept des 36 mois. Disons la vérité, la transition a commencé avec l’irruption du CNRD sur la scène politique. C’est en ce moment que l’Etat de non droit et la situation d’Etat exceptionnel a commencé, le 5 septembre 2021 », estime d’entrée Dr Zotomou Kpoghomou.

Selon ce membre de l’Alliance nationale pour l’alternance démocratique (ANAD), il y a un manque de volonté politique de la junte du CNRD qui veut passer plus de temps qu’il n’en faut à la tête de la Guinée. « Si au départ, il y a eu pas mal de tractations pour qu’on connaisse un calendrier et un chronogramme, les efforts n’avaient pas abouti à quelque chose de consistant. Nous avons le sentiment d’avoir été trahi dans les objectifs, et là nous ne l’imputons pas seulement au CNRD, on l’impute aussi à la CEDEAO, parce que quand vous dites 24 mois et vous dites que ça commence dans l’immédiat. Je ne dis pas forcément que toute la responsabilité retombe sur la CEDEAO, il faut dire d’abord que le CNRD lui-même s’était déjà engagé dans cette voie, il n’y certainement pas de volonté politique pour amorcer le démarrage effectif de la transition. Il y a un terrain vide et justement le CNRD en a profité pour suggérer même et faire une interprétation d’un communiqué qui est sorti de la conférence des chefs d’Etat de la CEDEAO, ce n’était pas au CNRD de le faire, c’était à la CEDEAO de sortir ce communiqué et de l’assortir de délai et de date précise. Comme ça, tout le monde sait quand ça commence… Du 5 septembre 2021 à aujourd’hui au 9 janvier 2023, nous sommes à 16 mois et 9 jours. Si pendant 16 mois et 9 jours on a rien fait de concret sauf peut-être mettre en place la CRIEF et le CNT. A part ça, qu’est-ce qu’on a bien fait de concret ? Absolument rien parce que nous sommes en train de patiner. Dans ces conditions-là, on a encore un long chemin à faire. La CEDEAO a suggéré 24 mois et nous sommes au regret de constater que les 24 mois n’ont encore pas commencé réellement, et c’est ce qui fait qu’il y a des inquiétudes même au niveau de certains partenaires techniques et financiers », a réagi le président de l’UDRP.

Par ailleurs, ce membre de l’ANAD parle d’une confusion énorme créée par le CNRD qui fait dans le dilatoire. « Il y a une confusion énorme parce qu’avec l’allure que nous voyons justement, il y aura des rallonges intempestives. On n’a pas voulu entendre le fait que pour les 10 points qui sont dans le chronogramme qui a été proposé par le CNRD, on n’a pas voulu comprendre et il y a des points là-dedans dont on n’a pas besoin dans la gestion d’une transition. Le recensement général n’a absolument rien à voir avec la gestion de la transition. Peut-être le recensement à titre d’état civil, d’accord ; sinon, tout le reste peut être verrouillé dans l’espace de 15 à 18 mois. Mais puisqu’on est dans la logique de pouvoir chercher à gagner du temps, tous les efforts sont dans ce sens », accuse Dr Édouard Zotomou Kphogomou.

Mamadou Tanou Bah pour Guineematin.com 

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