Moussa Dadis Camara ne veut de confrontation entre lui et Toumba Diakité au sujet des armes de guerre qui auraient servi à commettre le massacre du 28 septembre de Conakry. Dans sa déposition devant le Tribunal criminel de Dixinn, Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba avait affirmé que les militaires qui sont allés prendre ces armes au camp Alpha Yaya Diallo lui avaient fait savoir qu’ils agissaient sous les ordres du capitaine Moussa Dadis Camara.
Mais l’ancien président de la transition a démenti cette version, assurant ne rien savoir de la sortie de ces armes. C’est pourquoi, lors de l’audience de ce mercredi, 11 janvier 2023, Me Lancient Sylla, l’un des avocats de Toumba Diakité, lui a demandé s’il était prêt à une confrontation avec son ancien aide de camp et coaccusé dans cette affaire. Moussa Dadis Camara a répondu clairement qu’il n’est pas prêt à se soumettre à une confrontation avec Toumba Diakité.
Guineematin.com vous propose ci-dessous l’échange entre lui et l’avocat de Toumba :
Me Lancinet Sylla : Pourquoi avez-vous ordonné à des jeunes militaires de se rendre à l’armurerie du camp Alpha Yaya Diallo à l’effet de prendre des armes et de les embarquer à bord d’un camion ?
Moussa Dadis Camara : Votre client (Toumba) a été clair devant cet auguste tribunal. Il a dit qu’il a vu un camion militaire rempli d’armes. Votre client n’a pas dit que le président l’avait autorisé d’aller faire ça.
Me Lancinet Sylla : Lorsque vos éléments que vous avez envoyés pour aller embarquer des armes à bord d’un camion sont arrivés sur les lieux et que le Général Sékouba Konaté en a été informé, il a dépêché le colonel Joe sur les lieux. Lorsque le colonel Joe s’est rendu sur les lieux pour savoir ce qui se passait, vos éléments sont revenus et se sont expliqués devant le commandant Toumba en lui disant que c’est sous vos instructions qu’ils sont venus chercher ces armes. N’est-ce pas dans la soirée, vous avez appelé le commandant Toumba pour lui parler à propos de ces armes que vos éléments ont prises ?
Moussa Dadis Camara : Ce sont des allégations. Votre client a été très clair ici. Je ne sais pas comment vous allez défendre votre client. Il a dit clairement qu’il a vu un camion militaire avec des armes. Après, il a fait appel à Joe. C’est ce qui s’est passé. Le problème c’est quoi ? Cherchez des preuves. C’est ce qui vous manque.
Me Lancinet Sylla : Il y a des preuves qui vous collent à la peau que nous sommes en train d’exposer et qui vous font mal. Vous allez souffrir de mes questions. Et dans ces conditions, êtes-vous prêt à être confronté à M. Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba et au colonel Joe, qui ont été les témoins oculaires de l’embarquement de ces armes dont les crépitements ont été entendus au stade selon la plupart des procès-verbaux des témoins et des victimes ?
Moussa Dadis Camara : Vous parlez de confrontation, mais votre client ne vous a pas dit que je lui ai donné des instruments. Je n’ai pas besoin de faire des confrontations avec votre client pour des allégations. Je ne suis pas prêt à faire une confrontation avec une personne qui fait des allégations. Et je n’ai rien à voir avec Joe. Je ne suis pas prêt à faire une confrontation avec le colonel Joe, parce que je ne le connais pas. C’est la preuve que vos clients se sont mêlés dans l’affaire des armes.
Me Lancinet Sylla : Est-ce que vous vous rappelez des civils qui ont été vus au domicile de Gono Sangaré, qui étaient armés de flèches ?
Moussa Dadis Camara : Non.
Me Lancinet Sylla : Saviez vous que M. Aboubacar Sidiki Diakité, votre commandant de salon, qui était le seul à vous accompagner ce jour-là a vu ces civils ?
Moussa Dadis Camara : Ce que vous dites, ça ne regarde que vous.
Me Lancinet Sylla : Saviez-vous que ces civils-là ont été vus au stade en pleine action ?
Moussa Dadis Camara : Ça n’engage que vous.
Me Lancinet Sylla : Pourquoi voulez-vous couvrir M. Marcel Guilavogui et le colonel Tiégboro ?
Moussa Dadis Camara : Je ne suis pas un homme qui a l’esprit de couvrir qui que ce soit. Pour preuve, chacun de nous a fait un procès-verbal qui en fait foi. Nulle part dans le procès-verbal du colonel Tiégboro, il est dit que je l’ai envoyé au stade, nulle part dans mon PV, nulle part dans le PV M. Marcel… Alors, si vous avez des jugements envers eux, j’estime que vous pouvez le faire, parce vous en avez la latitude. Quant à moi, je n’ai pas besoin de couvrir quelqu’un parce que moi, je suis devant un tribunal criminel.
Propos recueillis et décryptés par Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com
