Conakry : ‘’Obama’’ trimbale en justice le Colonel Mory Kourouma pour incendie et destruction de biens

Le colonel Mory Kourouma et son épouse, Aminata Camara sont traduits en justice par Abou Camara, dit Obama, chauffeur de profession. Ce dernier accuse le couple d’avoir détruit ses briques et incendié sa clôture au quartier Yattaya, dans la commune de Ratoma. Les époux Kourouma et le plaignant étaient tous présents ce mercredi, 18 janvier 2023, devant le tribunal de première instance de Dixinn. L’affaire a été essentiellement consacrée aux réquisitions et plaidoiries, a constaté le reporter que Guineematin.com avait dépêché au tribunal.

C’est depuis le 19 janvier 2022 que le tribunal a été saisi de cette procédure. Procédure au cours de laquelle les prévenus n’ont pas reconnu les faits de destruction et d’incendie volontaire mis à leur charge.

A la barre, Abou Camara, la partie civile dans cette affaire, soutient que les époux Kourouma ont brûlé sa clôture pendant une année. Il soutient également qu’ils ont détruit 50 briques, du sable et du ciment. « Pendant une année, ils ont brûlé la clôture. Régulièrement monsieur Kourouma et sa femme déposent des ordures sur le mur de ma cour. Ils ont brûlé les ordures collées au mur, et cela a endommagé complètement la clôture. Le mur est totalement dégradé à tel point qu’il faut tout reprendre », a expliqué Abou Camara, alias Obama.

Dans ses plaidoiries, maître Daniel Haba, avocat d’Obama, a réclamé la somme de 50 millions de francs guinéens à titre principal et 25 millions de francs guinéens à titre de dommages et intérêts.

Prenant la parole pour ses réquisitions, le ministère public a laissé entendre que les faits d’incendie volontaire ne tiennent pas dans cette affaire. Par contre, les faits de destruction de biens sont établis à l’égard du Colonel Mory Kourouma. « Après le transport judiciaire effectué sur les lieux, le constat a démontré qu’il y a eu des briques détruites. Le constat démontre aussi qu’il y a eu le mur de la cour qui est noirci par le feu. Le Colonel Mory Kourouma a reconnu avoir détruit 2 briques et sa femme a reconnu avoir détruit une brique. Au total 3 briques. Ils n’ont jamais reconnu avoir brûlé la cour.  Mais plutôt, ils ont brûlé des ordures éparpillées çà et là… Donc, le ministère public vous demande de les retenir dans les liens de prévention de destruction de biens et de les condamner au paiement de 10 millions de francs guinéens d’amende », a requis le procureur Mamadou Hady Diallo.

Par contre, maître Djibril Kouyaté, avocat de la défense, est revenu sur la genèse de cette procédure avant de préciser que ce sont ses clients qui sont victimes. Pour lui, en lieu et place de ses clients, c’est Abou Camara alias Obama qui devrait être à la barre. Plus loin, l’avocat soutient qu’il trouve ridicule que la partie civile demande un montant de 50 millions de francs guinéens sur la base du néant. « Ce sont deux familles qui vivaient ensemble dans le quartier. C’est ainsi que Abou Camara a cédé un domaine au Colonel Mory Kourouma. Ils ont conclu le marché à 500 millions de francs guinéens. Le colonel lui a remis 250 millions de francs dans un premier temps. Il a fait la clôture. Mais entre-temps, il a appris qu’Abou Camara est en litige avec Aboubacar Bruno Bangoura (ancien président de la fédération guinéenne de football, décédé depuis, ndlr) sur la même parcelle. Et les gens lui ont confirmé l’existence de ce litige. C’est ainsi que le Colonel a cherché à récupérer son argent en passant par le quartier, l’imam et les autres sages du quartier. Mais en vain…. Pire, il n’a pas reçu son argent. Alors un jour, il a défriché la route et a brûlé les ordures. C’est ainsi que mes clients ont été provoqués… Imaginez, Abou Camara a encore les 250 millions GNF de mes clients et il demande encore 50 millions de francs guinéens. Le feu a été mis sur le mur qu’on a nous-mêmes construit. Il nous demande encore de payer 50 millions sur la base du néant, sans aucun rapport d’expertise. Le couple a fait l’objet de provocation. Le couple a été provoqué. Ce sont les victimes qui sont à la barre. Ils sont victimes des faits de Abou Camara, alias Obama. Renvoyez-les des fins de la poursuite pour délit non constitué à leurs égard », a plaidé l’avocat.

Finalement, le tribunal a mis l’affaire en délibéré. La décision sera rendue le 15 février 2023.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 620 589 527/664 413 227

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