La justice espagnole réclame le corps d’un opposant au régime équato-guinéen

La justice espagnole a indiqué vendredi avoir réclamé le rapatriement du corps de Julio Obama Mefuman, un opposant au régime de Guinée équatoriale disposant de la nationalité espagnole et décédé dans ce pays où il était détenu depuis son enlèvement présumé fin 2019 au Soudan du Sud.

Un juge du haut tribunal madrilène de l’Audience nationale, qui a ouvert récemment une enquête sur cet enlèvement, a réclamé le rapatriement du corps de l’opposant afin de pouvoir procéder à une autopsie, a indiqué à l’AFP un porte-parole de ce tribunal, sans fournir plus de précisions.

Julio Obama Mefuman, 51 ans, est mort dans la prison de Oveng Azem, à Mongomo, dans l’est de ce petit pays d’Afrique centrale parmi les plus fermés et au régime les plus autoritaires au monde, a affirmé son Mouvement pour la Libération de la Troisième République de Guinée équatoriale (MLGE3R), dans un communiqué publié dimanche.

Mouvement en exil en Espagne, le MLGE3R, qui accuse le régime équato-guinéen d’avoir « torturé » M. Obama Mefuman ainsi que trois autres opposants arrêtés fin 2019 avec lui, n’a pas précisé la date et les circonstances de sa mort.

Le ministre équato-guinéen des Affaires étrangères, Simeón Oyono Esono Angue, a affirmé pour sa part lundi sur Twitter que l’opposant était « décédé dans un hôpital de Mongomo des suites d’une maladie ».

Ce décès est survenu deux semaines après l’annonce de l’ouverture par la justice espagnole d’une enquête pour l’enlèvement et la torture de Julio Obama Mefuman ainsi que d’un autre opposant lui aussi de nationalité espagnole, Feliciano Efa Mangue.

Cette procédure vise trois proches du président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, dont l’un de ses fils, Carmelo Ovono Obiang, chef du renseignement extérieur.

Les trois hommes, présentés comme des hauts responsables de la sécurité, sont soupçonnés d’avoir organisé fin 2019 l’enlèvement au Soudan du Sud de ces deux opposants et de deux autres, équato-guinéens, qui vivaient eux aussi en Espagne.

Selon le quotidien espagnol El Pais, qui a eu accès à des rapports de la police espagnole, ces quatre opposants auraient été rapatriés de force en Guinée équatoriale où ils auraient été soumis à des séances répétées de torture – en présence des trois hauts responsables visés par l’enquête.

Ancienne colonie espagnole, la Guinée équatoriale est dirigée depuis 1979 par Teodoro Obiang, 80 ans, qui détient le record mondial de longévité au pouvoir pour un chef d’Etat encore vivant, hors monarchies.

AFP

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