Tougué : acheter la carte du FNDT pour devenir président d’une délégation spéciale, d’un district ou secteur

En tournée d’implantation de son mouvement de soutien à la junte militaire au pouvoir en Guinée dans la préfecture de Tougué, le jeune Saliou Baïlo Doumbouya est accusé de demander aux citoyens des collectivités locales d’acheter la carte de soutien au Front National pour la Défense de la Transition (FNDT) de Bogola Haba contre le poste de président de délégation spéciale, de chef de district ou de chef de secteur, a appris un correspondant de Guineematin.com en Moyenne Guinée.

Il était jusque-là proche de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG). Mais, depuis quelques jours, le jeune Saliou Baïlo Doumbouya sillonne les collectivités décentralisées de Tougué, dans le cadre d’une mission d’implantation des antennes du Front National pour la Défense de la Transition (FNDT) avec un slogan très évocateur.

Saliou Baïlo Doumbouya

« Nous allons tuer l’ethnie, nous allons tuer la politique ici. Il faut vraiment que la transition réussisse » a-t-il entamé notre conversation d’hier, dimanche 22 janvier 2022, aux environs de 21 heures 25.

Quoi de plus normal que de se battre pour implanter un mouvement de soutien à la transition ? Absolument rien ! Sauf que la méthode utilisée par Saliou Baïlo Doumbouya dans la préfecture de Tougué mérite l’attention de tous les esprits épris de liberté, de justice et de démocratie.

« Il nous a dit que quand il sera installé comme président de la délégation spéciale de Kollet, ceux qui auront acheté la carte seront nommés président de district ou chef de secteur », a expliqué à Guineematin.com un citoyen qui déclare avoir pris part à une rencontre organisée par Saliou Baïlo Doumbouya dans un des districts relevant de sa commune rurale.

Plusieurs témoins contactés dans deux collectivités rurales de Tougué ont confirmé à Guineematin.com les propos attribués à ce jeune Saliou Baïlo Doumbouya, selon lesquels pour être chef de district, il faut acheter la carte de 500 mille francs. Pour être membre du conseil de district, il faut la carte de 100 000 francs guinéens. Pour celui du chef de secteur, c’est la carte de 50 000 francs guinéens.

Dans une autre commune rurale de Tougué, nous apprenons que pour être président d’une délégation spéciale, il faut acheter la carte de 10 000 000 de francs guinéens.

« Il nous a expliqué ici que si nous donnons les dix millions de francs guinéens (10 000 000 GNF), six millions vont rester ici pour la coordination sous-préfectorale du FNDT, deux millions pour la coordination préfectorale et deux millions pour la coordination nationale », a ajouté un élu local qui dit avoir été démarché par l’envoyé spécial de Bogola Haba dans la préfecture de Tougué.

Une rencontre similaire a été organisée dans la commune urbaine de Tougué où certains participants ont vite compris la supercherie du conférencier.

« Les participants ont douté quand il a dit qu’il faut acheter ces cartes. Nous étions venus des 9 sous-préfectures. Il y avait aussi les délégués de la commune urbaine. Mais, nous avons vite compris que ce qu’il raconte ne repose sur rien de sérieux. S’il est réellement en mission de l’Etat, il doit avoir ses frais de mission. Il n’a pas besoin de nous soutirer de l’argent. Il nous a parlé des cartes d’un million, de cinq millions et de dix millions. S’il convoque une autre réunion, personne d’entre nous qui avons participé à cette réunion ne va répondre », ajouté un universitaire qui cherche le poste de président de la délégation spéciale d’une commune rurale de Tougué.

Interrogé sur ces graves accusations, le jeune Saliou Baïlo Doumbouya a nié les fait qui lui sont reprochés.

« Ce sont des allégations mensongères. Seulement, nous avons des cartes dont les prix varient entre 10 000 et 10 000 000 de francs guinéens. Nous avons confectionné ces cartes pour éviter de soutirer de l’argent à l’Etat. Nous refusons de nous faire parrainer par les ministres ou les hauts commis de l’Etat. Je distribue les cartes contre les décharges, après l’installation des antennes. C’est pour le fonctionnement des antennes », s’est-il défendu.

Cependant, quand nous avons voulu aller en détail pour enfoncer le clou, la communication s’est coupée brusquement. Après, son numéro est resté injoignable. Il n’a pas rappelé non plus. Et, toutes nos tentatives ultérieures sont restées sans succès…

En attendant d’avoir d’amples informations avec lui, retenons qu’il se promène actuellement à Tougué à bord d’une voiture de couleur noire sans immatriculation. Il est accompagné dans ses déplacement par deux body gars, apparemment pour impressionner.

Idrissa Sampiring Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 622 269 551 & 657 269 551 & 664 46 71 71

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