Guinée : l’Association des Victimes du Camp Boiro (AVCB) commémore l’an 52 des exécutions du 25 janvier 1971 sous Sékou Touré

L’Association des Victimes du Camp Boiro (AVCB) a commémoré ce mercredi, 25 janvier 2023, le 52ème anniversaire des pendaisons et fusillades du 25 janvier 1971 sous le régime de Sékou Touré. La cérémonie, organisée au quartier Camayenne, dans la commune de Dixinn, a consisté en une lecture du saint Coran au domicile de Diallo Telly, une des victimes du régime du PDG-RDA. Les membres de l’AVCB ont dit attendre des autorités de la transition la réhabilitation judiciaire de leurs défunts parents afin de parvenir à une véritable réconciliation nationale, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

C’est par une lecture du Saint Coran que l’Association des Victimes du Camp Boiro a commémoré l’an 52 des pendaisons du 25 janvier 1971. Cette année, à cause de l’interdiction des manifestations faite par le CNRD, les membres de l’AVCB n’ont pas pu tenir comme d’habitude une marche jusqu’au pont du 8 novembre, là où les pendaisons avaient lieu.

Abdoulaye Conté, secrétaire général de l’Association des victimes du camp Boiro (AVCB)

Le Secrétaire général de l’AVCB, Abdoulaye Conté, a dit attendre des autorités de la transition une réhabilitation judiciaire de leurs défunts parents. « Nous avons demandé un certain nombre d’actions qui devraient se réaliser, principalement la réhabilitation judiciaire des victimes, qui est éminemment importante du fait que ces victimes n’ont eu aucune justice. Elles n’ont pas pu se défendre, elles ont été exécutées sans aucune justice et sans le respect de la Constitution en Guinée à l’époque. Comme ce qui est en train de se faire pour le 28 septembre 2009, nous demandons à ce que nos victimes soient réhabiliter et ça, c’est l’une des principales recommandations qui est dans le rapport que nous avons remis aux autorités. Et nous demandons aux autorités tout simplement que les recommandations contenues dans ce rapport soient appliquées, que le comité national des assises, qui s’est tenu, ne soit pas juste pour la forme mais que les actions et les recommandations soient respectées afin qu’on permette à la Guinée et aux guinéens de pouvoir se réconcilier », a-t-il déclaré.

Cette année, ils ne sont pas nombreux ceux qui ont pris part à la commémoration de l’an 52 des exécutions de 80 personnes reconnues pour complicité des agresseurs portugais du 22 novembre 1970 par un tribunal populaire suprême. Dr Ramata Taran Diallo, fille de Dr Alpha Taran Diallo, une des victimes, a tenu à être présente. Elle n’avait que 10 ans lorsque son père fut arrêté en 1971. Le Camp Boiro pour elle, ce sont des tristes souvenirs.

Dr Ramata Taran Diallo, fille de Dr Alpha Taran Diallo

« Le camp Boiro me rappelle les assassinats. C’est un triste souvenir. Moi, je n’ai pas connu mon père, je n’avais pas encore 10 ans, mais même si je ne l’avais pas perdue au camp Boiro, j’aurais condamné cela. Le 5 juillet 1985, il semble qu’on a tué des gens sous le régime de Lansana Conté, mais je n’approuve pas cela. Les assassinats lors des manifestations, je ne les approuve pas. Même ceux qui sont tués actuellement, sous le CNRD, je ne n’apprécie pas cela. Je suis médecin, mais j’aurais préféré que la Guinée soit plus démocratique qu’elle ne l’est. Mon père, je ne l’ai pas tellement connu, mais ses étudiants m’ont dit et confirmé qu’il s’est battu pour créer la Faculté de médecine en Guinée, c’est lui qui a créé la faculté de médecine. Il a fait ses études au Sénégal et à Bordeaux, en France, mais il s’est dit que les autres guinéens méritent d’être médecins. Il a disparu le 27 juillet 1971 alors qu’il allait, selon ma mère, à une réunion du parti. Figurez-vous que le PDG organisait des réunions de parti la nuit, et donc vers 19h30- 20h, il dit à ma mère qu’il va à une réunion du parti. Elle lui a dit d’attendre le dîner, il a dit non qu’il le prendrait après la réunion et il n’est jamais revenu… C’est terrible ce qui s’est passé en Guinée, je ne peux pas comprendre qu’on fasse les éloges de monsieur Sékou Touré. Pour moi, c’est notre Hitler noir, quand je le dis, les gens pensent que c’est parce que je suis concernée, ce n’est pas du tout ça. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, c’est pour cela qu’on a dissimulé des corps le 28 septembre 2009, c’est pour cela que les crimes continuent en Guinée », a-t-elle lancé.

Mamadou Tanou Bah pour Guineematin.com 

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