Affaire M’mah Sylla au tribunal de Mafanco : Dr Sébory Cissé dénonce les médecins du CHU Ignace Deen

Feue M’mahawa Sylla

Après les dépositions, le 11 janvier dernier, des Professeurs Houssein Fofana et Aboubacar Fofana (tous les deux médecins-chirurgiens à Ignace Deen où la victime avait été admise), le procès dans l’affaire M’mah Sylla s’est poursuivi hier, mercredi 25 janvier 2023, au tribunal de première instance de Mafanco. Lors de cette audience, c’est Dr Sébory Cissé qui a été appelé à la barre. Et, pour lui, il y a eu des manquements dans la prise en charge de la patiente au CHU Ignace Deen, rapporte un journaliste que Guineematin.com avait dépêché au tribunal.

Dans cette affaire, Dr Sébory Cissé, Dr Patrice Lamah, Dr Daniel Lamah et Dr Célestin Millimono sont poursuivis pour des faits de « viol, avortement, risque causé à autrui, et administration de substances nuisibles » sur M’mah Sylla, âgée de 25 ans et décédée en novembre 2021 en Tunisie après avoir subi 7 opérations dont certaines en Guinée.

Pour la présente audience, le tribunal a d’abord demandé à Dr Sébory Cissé (chirurgien qui a opéré 2 fois la victime), de faire lecture de son rapport que Me Halimatou Camara, avocate de la partie civile, a trouvé illisible. Mais, le prévenu a révélé que le code de la déontologie médicale lui interdit de le faire, tout en précisant que si le tribunal le souhaite, il pourra le lire. Finalement, il a fourni des copies lisibles et a dit détenir les preuves du viol et de l’avortement dont M’mah Sylla a été victime, mais aussi de tout ce qui s’est passé, de la réception de la victime à son évacuation au CHU Ignace Deen.

Pour revenir aux manquements dont il a fait précédemment allusion, Dr Sébory Cissé jure n’avoir jamais été contacté par les deux médecins de l’hôpital Ignace Deen, alors que selon lui la déontologie le leur oblige. « Ils n’ont pas cherché à voir le dossier médical avant de la prendre en charge. Cela prouve qu’ils sont en train de cacher quelque chose à Ignace Deen là-bas », a-t-il affirmé.

Ce médecin a d’ailleurs rappelé que le Professeur Houssein Fofana, médecin-chirurgien (qui a été entendu à titre de témoin lors de la précédente audience) a dit, lors de sa déposition qu’il manquait de moyens quand il est intervenu sur elle ; « mais, il avait reçu 5 000 000 de francs guinéens, moins tous les médicaments. Le prix a été discuté en présence d’autres médecins, alors que Houssein a dit ici qu’aucun médecin n’était présent là-bas ».

En ce qui concerne le Professeur Aboubacar Touré, également entendu comme témoin, il l’accuse de n’avoir fait aucun document pour l’évacuation de M’mah Sylla. « Comment se fait-il qu’on opère un malade dans un CHU qui y a séjourné pendant plus d’un mois sans rapport, sans aucun document ? Or, la loi dit que lorsqu’on reçoit un malade, s’il doit être évacué, de faire un rapport détaillé des antécédents du malade pour l’adresser aux confrères chez qui il doit être transféré. Ça n’a pas été fait », a-t-il relevé.

Ensuite, le procureur Kanfory Ibrahima Camara a lu le rapport établi par des médecins qui ont procédé à l’inspection de la clinique de Dr Sébory Cissé. Et dans ce rapport, selon lui, il est écrit que ladite clinique n’était pas appropriée pour l’intervention chirurgicale sur M’mah Sylla.

À cela, Dr Sébory Cissé a rétorqué : « Pourtant, il y a là-bas tout le plateau nécessaire pour faire une telle intervention. Je reçois là-bas des cas plus graves que celui-ci », s’est-il défendu.

Poursuivant, le procureur est aussi revenu sur le sacrifice (de 3 poulets) demandé par Dr Cissé à la famille de M’mah Sylla. Mais, ce dernier jure que cela est venu de la part de Dr Célestin Millimono (accusé mais en fuite). « Comme il n’était plus en bon terme avec la famille de M’mah Sylla, il est venu me voir pour parler de ça parce que la veille avait fait des délires. Mais, je lui ai dit que cela n’était pas de mon domaine, mais s’il souhaite que ce soit fait, je vais le leur dire s’ils acceptent ou pas », a-t-il expliqué.

Me Halimatou Camara, avocate de la partie civile

Après lui, Me Halimatou Camara, avocate de la partie civile, a fait remarquer que dans les dossiers fournis par Dr Sébory Cissé, il n’y a aucun diplôme qui prouve qu’il est spécialiste de la chirurgie. Par ailleurs, elle estime que Dr Sébory Cissé n’aurait pas dû remettre le rapport médical qu’il a fait pour référer M’mah Sylla (à Ignace Deen) à Dr Patrice Lamah et ses collègues.

Me Labila Michel Sonomou, avocat de de Dr Patrice Lama

Pour sa part, Me Labila Michel Sonomou, avocat de Dr Patrice Lamah, a souhaité verser au dossier de la procédure le procès verbal de Fatoumata Korka Coulibaly, mère de la défunte. Certains de ses confrères de la défense ont rejeté cette demande, sollicitant plutôt la comparution de cette dernière.

Mais, le procureur et les avocats de la partie civile ont pour leur côté expliqué que cette comparution n’apporterait rien de nouveau dans le dossier d’autant plus que celle-ci n’était pas présente aux côtés de sa défunte fille.

Mais après une longue discussion entre les parties, le tribunal a rejeté la demande concernant le procès verbal. En revanche, il a ordonné la comparution de Fatoumata Korka Coulibaly.

Le tribunal a finalement renvoyé l’affaire au 08 février 2023 pour la comparution de Mme Fatoumata Korka Coulibaly et éventuellement les réquisitions et plaidoiries.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com 

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