Accueil A LA UNE Gouvernance : pourquoi certains fonctionnaires retraités tiennent tête au CNRD ?

Gouvernance : pourquoi certains fonctionnaires retraités tiennent tête au CNRD ?

Colonel Mamadi Doumbouya, président du CNRD, président de la Transition

Cette question a tout son pesant d’or. Depuis l’arrivée du Comité national pour le rassemblement et le développement (CNRD) aux affaires, le Colonel Mamadi Doumbouya à sa tête, plusieurs chantiers de l’Etat sont ouverts, notamment la lutte contre la corruption dont l’assainissement du fichier de la fonction publique, corrompu et truffé de fictifs.

Mais les vieilles habitudes ayant la vie dure, cette pratique érigée en système de gouvernance résiste à cette volonté du CNRD, au point d’amener le Président de la transition, le Colonel Mamadi Doumbouya, à hausser le ton lors du Conseil des ministres du jeudi 20 janvier 2023, comme l’a souligné le compte-rendu de la rencontre.

Colonel Mamadi Doumbouya, président du CNRD, président de la Transition

« Par ailleurs, le Chef de l’État a indiqué que tous ces changements ne sont pas forcément du goût de certains qui ne souhaiteraient pas voir la Transition réussir. « Malheureusement, ces personnes sont parmi nous, avec nous et parfois à côté de nous, elles peuvent être des collaborateurs, des amis, la famille ou de simples connaissances », a-t-il déploré ».

« A cet effet, le Président de la Transition a invité les membres du Gouvernement à la vigilance et à ne pas céder aux sentiments, à la région, à la religion, à l’ethnie ou quelques autres motifs que ce soient », ajoute le compte-rendu du Conseil des ministres.

Cela est d’autant vrai que, par exemple, certains fonctionnaires admis à faire valoir leur droit à la retraite, refusent de quitter leurs fonctions et tiennent tête aux autorités établies. C’est le cas du Directeur de l’Institut national de la santé publique (INSP), Dr Robert Camara. Figurant au n° 760 de la liste, à la page  24/70, né en 1957, disposant le Matricule 190537 E, Hiérarchie A2 avec 33 ans de service, ce haut cadre parmi les 2 308 envoyés à la retraite le 9 décembre 2022 par Julien Yombouno, ministre du Travail et de la Fonction publique, reste toujours en fonction. Il occupe ses bureaux à l’INSP, aux côtés du pont 8 novembre, dans la commune de Kaloum. Et plus curieux, le département de la santé est accusé d’être son principal soutien contre toutes les instructions du gouvernement.

L’on se rappelle de cette circulaire signée du ministre du travail et de la fonction publique, Julien Yombouno, le 30 décembre 2022, demandant aux autorités et chefs de services de bien vouloir inviter les agents qui sont mis à la retraite, cette année et avant, de cesser toute activité de service et de libérer leurs bureaux au 31 décembre 2022.

Poursuivant, Julien Yombouno a rappelé que pour la continuité du service, les autorités et chefs de services sont invités à procéder au remplacement de ces agents admis à faire valoir leur droit à la retraite ou de proposer des intérimaires au plus tard le 06 janvier 2023.

Cette instruction de ce ministre de la République ne passe pas pour l’heure au département de la santé. Dr Robert Camara, bénéficiant de la complicité de certains gros bonnets, décidés à torpiller l’élan du CNRD, garde royalement sa fonction et ses bureaux à l’Institut national de la santé publique.

Dr Robert Camara, Directeur de l’INSP retraité

Joint au téléphone par Guineematin.com, l’intéressé a confirmé être effectivement mis à la retraite, mais il dit avoir reçu des instructions de rester encore à son poste. « Lorsque le Pr Abdoulaye Touré a eu des soucis, j’étais son adjoint. En tant que DGA, je n’avais pas la possibilité d’apposer les signatures et faire les mandatements. Maintenant, l’arrêté sort et il se trouve que le service n’a pas de Directeur général et n’a pas de Directeur général adjoint… Le ministre m’a dit qu’en attendant la sortie du décret, d’accepter d’endosser la responsabilité », a-t-il indiqué.

Mais, il précise tout de même que cette demande du ministre est restée verbale et n’a jamais été accompagnée d’une note écrite. « Je n’ai pas posé cette question au ministre. Mais compte tenu de la spécificité du service, on m’a dit de rester. Et ce n’est pas mon souhait de rester puisque j’ai d’autres choses à faire », a ajouté Dr Camara.

Dans un passé encore récent, des cas de refus similaires étaient signalés au département des mines et de la géologie. A l’époque, les Directeurs préfectoraux des mines de Dinguiraye, Dubréka et Coyah entre autres, se cachaient derrière la couverture de l’actuel chef de Cabinet de la Primature. Malgré la volonté du Colonel Mamadi Doumbouya de changer le système corrompu qui caractérise l’administration guinéenne, plusieurs cadres du département des mines et de la géologie étaient restés en fonction avec les bénédictions de Lamine Sy Savané, alors Secrétaire général du même département, au moment des faits.

Et c’est à juste raison que le Colonel Mamadi Doumbouya exprime ses inquiétudes face à la présence dans ses rangs des personnes qui ne veulent pas de la réussite de la transition. À en croire certains fonctionnaires, ce cas de Dr Robert Camara n’est pas isolé. « Dans l’administration centrale et même dans les institutions républicaines, l’atmosphère est loin de répondre aux critères de bonne gouvernance prônés par le Colonel Mamadi Doumbouya. Malgré les séances de prestation sur les livres sacrés, beaucoup de cadres peinent à adhérer à l’esprit du CNRD », a confié un haut perché.

 Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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