Nigéria : une élection présidentielle sous l’ombre d’une insécurité galopante

Muhammadu Buhari, président de la République fédéral du Nigéria

Sauf changement de calendrier, c’est le 25 février prochain que les Nigérians choisiront celui qui va succéder au président Muhammadu Buhari à la tête de leur pays. Plus de 93 millions d’électeurs sont appelés aux urnes dans ce pays le plus peuplé d’Afrique. Mais, le Nigéria est en proie à une insécurité galopante qui fait planer son ombre sur cette élection présidentielle. Les nombreux cas de tueries et d’enlèvements de ces derniers mois laissent penser qu’un éventuel report de ce scrutin est tout à fait envisageable.

Les dix-huit (18) candidats en lice pour cette élection sont déjà en campagne pour séduire les électeurs. Mais, les violentes insurrections djihadistes dans les nord-est du pays, les tensions séparatistes du sud et la grande criminalité dans le nord-ouest et dans le centre n’augurent rien de bon pour un scrutin apaisé. Le pays vit au rythme des enlèvements et des attaques armées.

Une « mystérieuse explosion » survenue mercredi dernier à Rukubi (dans le centre du Nigéria) et qui a visé un groupe d’éleveurs a fait 40 morts. Alors que la semaine dernière, neuf autres personnes ont été tuées par des hommes armés à Benue. Également, début janvier, des ravisseurs non identifiés ont attaqué une sous-gare de la Nigerian Railway Corporation (NRC) dans la ville d’Igueben (dans le sud-ouest du pays) et enlevé plus de 30 passagers et membres du personnel.

Cette insécurité n’est pas nouvelle au Nigéria, elle y a toujours existé. Et, les années de pouvoir du président Muhammadu Buhari, ancien général de l’armée, n’ont pas permis de faire grand-chose pour atténuer ce phénomène. Certains observateurs parlent même d’une « épidémie d’insécurité » dans ce pays.

Cette triste réalité a d’ailleurs poussé l’institution en charge de l’organisation des élections au Nigéria à évoquer récemment l’idée d’un possible report de la présidentielle de février prochain.

« Si on ne parvient pas à surveiller et faire baisser l’insécurité, cela pourrait déboucher sur l’annulation et/ou le report des élections dans assez de circonscriptions pour empêcher la proclamation des résultats », a déclaré Abdullahi Abdu Zuru, l’un des responsables de l’Inec, lors d’une rencontre à Abuja.

 

En plus des problèmes d’insécurité, le Nigéria fait actuellement face à d’énormes défis économiques et alimentaires. 17 millions de personnes sont actuellement en situation d’insécurité alimentaire dans le pays. Et, selon les Nations Unies, cette situation pourrait s’empirer d’ici le mois d’août prochain. « 25 millions de personnes dont 6 millions d’enfants de moins de 5 ans sont exposées à un risque élevé d’insécurité alimentaire au Nigéria en 2023 », a récemment alerté l’ONU.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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