Décès de Me Bassirou Barry : « une grande perte pour la Guinée », disent ses confrères et sa famille

Depuis l’annonce de son décès le samedi, 28 janvier 2023, à Abidjan (Côte d’Ivoire) des suites de maladie, le domicile de l’ancien ministre de la Justice sous Lansana Conté, maître Bassirou Barry, refoule du monde pour la présentation des condoléances. De la famille judiciaire à la famille biologique, tout le monde parle d’une grande perte pour la Guinée. Me Bassirou Barry, décédé à l’âge de 95 ans, le doyen d’âge de sa famille, a continué à exercer sa profession d’avocat jusqu’à sa mort. De nombreuses personnalités, interrogées par un reporter de Guineematin.com ce lundi, 30 janvier 2023, n’ont pas tari d’éloges à l’endroit du défunt.

Me Mamadou Souaré Diop, bâtonnier de l’ordre des avocats de Guinée

Pour le Bâtonnier de l’Ordre des avocats de Guinée, Me Mamadou Souaré Diop, le défunt a été tour à tour magistrat, ministre de la Justice et avocat. « C’est une nouvelle cruelle qui m’a traversée parce que c’est une grande perte pour le Barreau de Guinée, et toute la famille judiciaire de ce pays. Je l’ai connu en tant que jeune étudiant en 1986, lorsqu’il était Garde des sceaux, et, après l’université, quand je me suis inscrit au barreau, je l’ai connu. Mais ces dernières années, il était vraiment un ami à tel point que j’étais souvent avec lui pour apprendre le métier d’avocat, écouter ses sages conseils et ses encouragements. Me Bassirou a quand même un passé quelque peu atypique et particulier. Il est ce professionnel du Droit qui a eu le privilège d’être à la fois magistrat, garde des sceaux et avocat. Un confrère me le rappelait hier. Pour l’instant, il est le seul à avoir ce privilège. Ce qui fait que c’était vraiment une icône du Droit dans ce pays ».

Plus loin, le Bâtonnier a rappelé que le défunt a fait partie des avocats constitués pour défendre les victimes du massacre du 28 septembre 2009. « Je me souviens, après les événements de 2009 du stade, il était toujours là dans un collectif d’avocats qu’on avait à l’époque, un collectif qu’il avait accepté d’intégrer, il était toujours là aux côtés des jeunes avocats que nous étions pour la défense des victimes pendant la période d’instruction de ce dossier ce malgré son âge et c’est ce qui a toujours continué. Me Bassirou était avocat dans l’âme, figurez-vous, il y a moins de trois mois, malgré son âge je l’ai rencontré dans la salle d’audience à la Cour suprême. Il était en train de compulser son dossier, il lisait ses pièces, une par une, sans même des paires de lunettes. La défense des droits humains était son créneau. Le barreau est en train de jouer sa partition pour organiser les obsèques de Me Bassirou. C’est d’abord à la famille biologique de dérouler le programme et lorsque nous aurons ce programme, nous nous mettrons en relation avec la famille biologique et nous organiserons en ce qui nous concerne un symposium à l’honneur de Me Bassirou Barry », a déclaré maitre Diop.

Me Ousmane Doukouré, avocat

Me Ousmane Doukouré, est très ami à l’ancien ministre feu Bassirou Barry. Selon lui, le défunt lui a été d’un grand appui et en garde de très bons souvenirs. « Maître Bassirou Barry est un ami pour moi. A la fin de l’année 1984, je terminais mes études de Droit en France et un ami commun du nom de docteur Oumar Farou, qui était un grand médecin nous a mis en relation. Il s’est trouvé que moi je voulais rentrer en Guinée, je lui ai fait part de mon projet du retour au pays. Il m’a encouragé. Il a fini par me trouver un stage d’avocat dans un cabinet d’affaires en Suisse. A la fin de ce stage, j’ai repris contact avec lui. Il avait déjà retourné en Guinée. C’est ainsi qu’il m’a poussé, en m’aidant, je suis revenu en Guinée et puis j’ai commencé à travailler comme avocat. Et, depuis lors nos relations ont continué au niveau familial et au niveau de l’amitié personnelle. Malgré la différence d’âge qui existait entre nous, c’est peut-être un peu lourd de le dire, mais pour moi c’est comme un ami, un copain, un frère et un parent. Il m’a aidé dans tous les compartiments de ma vie, mon mariage, toutes les choses se sont passées chez lui. Chaque fois qu’il allait voir sa famille à Dabola, il passait voir ma maman à Timbo, ils discutaient, on est étroitement liés. Même sur son lit de malade à Abidjan, on s’appelait. Deux jours avant qu’il ne décède, on s’entretenait. Je suis un peu dévasté par la douleur, sur la plate-forme des avocats je n’ai rien écris parce que je suis assez envahi par la douleur », a laissé entendre maitre Doukouré.

Baba Alimou Barry, neveu de Me Bassirou Barry

Baba Alimou Barry est le neveu de Me Bassirou. Son oncle, même très âgé, l’a défendu lors du procès dit de l’attaque du domicile d’Alpha Condé le 19 juillet 2011. Pour lui, c’est le grand pilier de la famille Barry de Dabola qui vient de tirer sa révérence. « Pour moi, Me Bassirou est une référence pour notre famille. On a perdu le baobab de notre famille, c’était le doyen d’âge de la famille. Il a eu la chance d’avoir 95 ans. Chose qui n’est pas donnée à n’importe qui dans notre famille. Me Bassirou était là pour protéger notre famille… Quand il y a un problème, il se levait comme tout homme épris de paix et de justice qui a l’amour de ses enfants. Il a été vraiment présent pour notre famille, au-delà de nos frontières. Quand il était à l’étranger, il était là aussi pour toute la Guinée, souvenez-vous lors du procès du professeur Alpha Condé, il s’est levé pour la défendre. Souvenez-vous lors du procès contre Alpha Condé à l’époque il nous a défendu et même l’affaire du 28 septembre 2009, il fait partie des pionniers pour la défense des droits de ces victimes. C’est un homme de justice qui ne fait pas du tort à quelqu’un, il défend des valeurs et des convictions… Et moi particulièrement, il a été là à chaque fois que j’avais des problèmes. Je ne peux pas dire tout ce qu’il a fait pour moi. Pour preuve, mon enfant porte son nom », a fait Baba Alimou Barry.

Maître Bassirou Barry était père de 4 enfants. Son corps sera rapatrié dans les prochains jours en Guinée où un symposium se tiendra avant son inhumation à Dabola, la terre de ses ancêtres.

Mamadou Tanou Bah pour Guineematin.com 

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