Détournement présumé à l’OGP : le tribunal de Kaloum va-t-il condamner Kapi Camara et Kobélé Keita ?

Ibrahima Kapi Camara, ex Directeur général de l'OGP

Depuis plusieurs mois, Ibrahima Kapi Camara et Ibrahima Kobélé Keita, respectivement ancien Directeur général et ancien comptable de l’Office guinéen de publicité (OGP), sont jugés au tribunal de première instance de Kaloum. Les deux cadres sont poursuivis devant cette juridiction pour détournement de deniers publics, faux et usage de faux et complicité au préjudice de l’État guinéen. Mais pour le parquet, qui a fait ses réquisitions ce lundi, 30 janvier 2023, les faits ne sont pas établis contre les deux prévenus, a constaté un reporter de Guineematin.com qui était sur place.

Ibrahima Kapi Camara et Ibrahima Kobélé Keita sont reprochés par l’agent judiciaire de l’État d’avoir détourné un montant de 71 millions GNF qui aurait servi aux primes accordés à des employés de l’OGP pour le Maouloud. Pour les prévenus, leurs déboires judiciaires portent sur un prêt de 10 millions GNF accordés à une employée pour le traitement de son enfant et les honoraires d’un avocat qui s’élève à 10 millions. Les accusations de détournement de deniers publics, faux et usage de faux et complicité sont rejetées en bloc par les prévenus.

L’audience de ce jour a été consacrée à la présentation des réquisitions et plaidoiries.

En représentant l’agent judiciaire de l’État constitué en partie civile dans la présente affaire, maître Sanoussy Barry a demandé au tribunal de reconnaître ces prévenus coupables des faits de détournement qui leur sont reprochés. Après avoir démontré le caractère illégal des dépenses effectuées par ces anciens cadres de l’OGP, l’avocat a plaidé qu’en plus du remboursement du montant principal détourné, de condamner les prévenus au paiement d’un montant symbolique à titre de dommages et intérêts. Il a en outre sollicité des peines supplémentaires pour Ibrahima Kapi Camara et Ibrahima Kobélé Keita notamment, la saisine de leurs biens jusqu’au remboursement du montant incriminé.

Dans ses réquisitions, le parquet a laissé entendre qu’il n’y a pas d’infraction dans cette affaire. Le substitut du Procureur, Mohamed Bangoura, est revenu sur les différentes dépenses incriminées, point par point, devant le tribunal. Selon lui, les dépenses comme celles portant sur un prêt accordé à une employée dans le cadre du traitement de son enfant malade, ou les 10 millions GNF remis à l’avocat de l’établissement pour sa prestation, sont légales. Il estime que ces éléments ne constituent nullement une infraction à la loi pénale. Sur l’action pénale, Mohamed Bangoura a préféré laisser le tribunal se prononcer sur la condamnation.

Quant aux avocats de la défense, ils ont dit que toutes ces dépenses, notamment les avantages accordés aux travailleurs étaient prévus dans la ligne budgétaire de l’entité. C’est pourquoi, ils estiment que ces faits de détournement, de faux et usage de faux ne sont pas établis à l’égard de leurs clients. C’est pour cette raison que maître Mountagha Kobélé Keita a demandé au tribunal de condamner l’Etat guinéen au payement de 2 milliards au profit de leurs clients à titre de dommage causé à ces derniers, avant de plaider le renvoi des prévenus des fins de la poursuite pour délit non constitué à leur égard.

Très remonté contre ses successeurs, notamment les réquisitions du ministère public qui, selon lui n’a pas voulu s’assumer, Me Sanoussy Barry revient à la charge et s’insurge contre ce qu’il qualifie de « manque de professionnalisme » du magistrat Mohamed Bangoura qui aurait dû requérir la relaxe que de rester muet sur la question, selon l’avocat.

Le tribunal a mis l’affaire en délibéré. Le verdict est attendu le 13 février 2023.

Malick DIAKITE pour Guineematin.com

Tél. : 626-66-29-27

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