Meurtre de Thierno Mamadou Diallo à Hamdallaye : Voici les réactions croisées des avocats

Comme nous vous annoncions précédemment,  le procès de l’auteur présumé du meurtre de Thierno Mamadou Diallo tué par balle le 1er juin 2022 à Hamdallaye s’est ouvert ce lundi, 30 janvier 2023, devant le tribunal criminel de Dixinn. L’adjudant-chef Moriba Camara est accusé de meurtre devant cette juridiction de première instance. Mais, dans sa déposition à la barre, il a réfuté en bloc les charges articulées contre lui. Finalement, l’audience a été renvoyée au 13 février prochain pour la suite des débats. Et, au sortir de cette audience, les avocats des parties au procès ont livré leur première impression aux médias.

Maître Kabinet Kourala Keïta, avocat de la défense

« Mon client a démontré ici que les tirs verticaux peuvent aller au minimum 800 kilomètres en haut. Et, quand ça redescend,  elle ne va même pas tuer une mouche. Comment se fait-il que les balles vont perforer le toit et les plafonds, descendre dans un bâtiment et tuer une personne ? Ça, c’est vraiment compliqué.  J’ai compris d’ailleurs que l’instruction n’a pas été assez sérieuse. Il y a un rapport délivré par la police scientifique. Cette police scientifique ne s’est même pas souciée de rapprocher le lieu où le jeune a eu la mort et l’endroit où il y a eu les différents tirs. Ça, ce n’est pas possible. Comment peut-on donner du crédit à de tels rapports ? Il aurait pu avoir de transport sur les lieux pour au moins confronter à la personne accusée, l’endroit précis où il y a eu des tirs, et l’endroit où le jeune a trouvé la mort. Je suppose que ça a été quelque chose de bâclé. Mais, avec la formation du jugement, on va avoir tout le temps pour faire le rapprochement des différentes positions. Parce que c’est très compliqué quand on est accusé de meurtre… Moriba n’a pas tué quelqu’un, les armes de Moriba n’ont pas tué quelqu’un », a déclaré Me Kabinet Kourala Keïta, avocat de l’adjudant-chef Moriba Camara.

De son côté, Me Thierno Souleymane Baldé, avocat de la partie civile, soutient que ces agents n’étaient pas déployés sur les lieux pour le maintien d’ordre public, mais plutôt pour tuer.

Maître Thierno Souleymane Baldé, avocat de la partie civile

« Il nous a dit ici publiquement qu’on leur a demandé d’aller effectuer une opération de maintien d’ordre publique avec des armes. C’est-à-dire des armes létales. Ils ne sont pas envoyés pour disperser, mais pour tuer. Vous ne pouvez pas envoyer des officiers de la police judiciaire, des gens de maintien de l’ordre public sur le terrain, ils ne disposent pas de bombes lacrymogènes, ils ne disposent pas de matraque, ils vont avec des armes PMAK et vous vous attendez à ce qu’il n’y ait pas de mort… On sait qu’au niveau de la commune de Ratoma pendant le régime d’Alpha Condé, il y a eu plus 260 jeunes qui ont été assassinés. A un moment donné, il faut que ça s’arrête. Nous nous tenons à ce que les supérieurs hiérarchiques puissent venir et s’expliquer pour quelle raison et pour quel motif ils ont envoyé des gens qui disposent des armes létales pour maintenir l’ordre public. C’est extrêmement important et ça nous concerne… Au niveau du rapport de l’autopsie, c’est un rapport objectif. L’analyse balistique, c’est objectif. Ça, c’est des faits scientifiques. Ce ne sont pas des arguments d’une partie concernée au procès. C’est des faits scientifiques et véridiques », a-t-il indiqué.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 620 589 527/664 413 227

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